My soul to take : Critique et test Bluray 3D




Réalisé juste avant le quatrième opus de Scream et sorti en toute discrétion dans les salles françaises au cœur de l'été 2012, Le «My Soul To Take» de Wes Craven aura attendu un peu plus de deux ans avant de trouver galette à son pied. C'est finalement chose faite grâce aux bonnes œuvres de TF1 Vidéo qui en proposera des éditions DVD et BLURAY 3D (compatible 2D) le 29 octobre prochain. Ecranbis.com s'est coincé une galette dans le mange disque et vous parle du pays la bouche pleine...


"Phénix ou dur à cuire ? Craven donne à penser, dire et écrire aux plumes cinéphiles depuis l'aube des seventies." 

Roi mille fois annoncé déchu ? Cinéaste assassiné pour être mieux porté au pinacle par une critique ne sachant visiblement jamais trop par quel bout prendre le bonhomme et une œuvre plus complexe qu'elle ne le laisse paraître ? Phénix ou dur à cuire ? Craven donne à penser, dire et écrire aux plumes cinéphiles depuis l'aube des seventies. A la décharge des pisse froid et mal divertis, le cinéma de Wes est connu pour offrir entre deux œuvres matricielles, ou refondatrices, quelques joyeux instants d'égarement, vaines circonvolutions ayant le don d'exciter les prédicateurs en tout genre: «ça y est ! Il a touché le fond et maintenant il creuse». A y regarder de plus près et à condition d'avoir bonne vue, la carrière du maître Craven ne connaît pas d’inavouables ratés. Même lorsque celui-ci explore l'imaginaire dans le cadre fatalement plus exiguë de la télévision US.


Tourné en 2008 pour une sortie en 2009 sur le territoire américain, My soul to Take a vu d'abord son exploitation retardée en raison d'une opportuniste conversion 3D. Le succès d'Avatar et le renouveau du relief incite le tout Hollywood à embrasser l'argumentaire technologique et commercial. Les procédés de post conversion de l'époque tâtonnent encore et le relief de My soul to take est à rapprocher de celui des autres tentatives de l'époque (Piranha 3D pour citer un exemple). Autrement dit, la qualité tri dimensionnelle délivrée se limitant à offrir une profondeur pas forcement désagréable mais définitivement artificielle, ne saute pas forcement aux yeux. Le film atterrira enfin dans les salles obscures de l'oncle Sam à l'automne 2010. Et la suite est du genre cuisant... Notre jet horrifique commence par manger une claque au box office, accompagnée de la palme du plus mauvais démarrage pour un spectacle 3D. Cet échec commercial prédestinera sans surprise le film à l'exploitation DTV ou à la sortie à la sauvette comme ce fut le cas en France, où My Soul To take nous parviendra même après la sortie de Scream 4, le film suivant de Craven. C'est dire !


"Le script semble d'abord s'enquiller dans les rues étroites du Teen Movie horrifique et offrir une quasi synthèse de ses sous thématiques: l'adolescence douloureuse, sombre, rendue étrangement supportable par l'appel de jours potentiellement meilleurs. Ce curieux passage de la vie durant lequel le temps passe dans le bon sens."

Abel Plenkov, schizophrène carabiné assassine sa femme et son psychiatre, avant de disparaître dans un accident de la route. Seize ans plus tard, 7 gamins tous nés le jour de ce massacre se retrouvent près d'un lac pour y fêter leur anniversaire et la mort du monstre. La fête doit traditionnellement être conclue par la destruction d'une poupée incarnant la bête humaine, mais cette cérémonie adolescente censée prévenir le retour de Plenkov est cette année troublée par l'intervention de la police locale. Le rituel n'ayant pu être accompli, le mal refait surface et entend bien récolter les âmes... Le script semble d'abord s'enquiller dans les rues étroites du Teen Movie horrifique et offrir une quasi synthèse de ses sous thématiques: l'adolescence douloureuse, sombre, rendue étrangement supportable par l'appel de jours potentiellement meilleurs. Ce curieux passage de la vie durant lequel le temps passe dans le bon sens. L'amitié sans limite, le lycée en laboratoire sociétal, la machination fatalement diabolique.


"L'adolescence dans le cinéma de Craven apparaît définitivement anxiogène mais surtout désespérée puisque conduisant quelque soit la route ou la trajectoire choisie par la mort de l'enfance."

Mais My soul to take apparaît aussi comme un prolongement de la pensée Cravienne. Un long processus débuté au milieu des années 80 par l'entrée cauchermardesque d'un certain Freddy Krugger dans la culture pop. Nightmare on Elm Street révolutionne le slasher en attirant son sanglant propos hors du «Fais pas ci, fais pas ça» et des mécanismes punitifs attenants. «Ne prend pas juste garde à tes faits et gestes, méfie-toi de tes propres pensées et fantasmes» semble avertir les Griffes de la nuit. Méfie-toi aussi de tes congénères répondra Scream en pointant du doigt une menace plus intérieure et dévoilant par la même occasion la face sombre d'une jeunesse dorée. My soul to take termine pour ainsi dire la sale besogne en offrant une vision psychiatrique du mal. Et si le danger venait de nous même comme de cette avant vie qui ne nous appartient pas mais dont nous sommes les fruits. L'adolescence dans le cinéma de Craven apparaît définitivement anxiogène mais surtout désespérée puisque conduisant quelque soit la route ou la trajectoire choisie par la mort de l'enfance.



Alors bien sûr, analysé d'un point de vue surfacique et vulgaire, My Soul To Take n'offre guère qu'une énième ballade psychotique sur fond de Teen Angst carabiné. Il est pourtant tout autre chose, le coup de marteau final donné au clou d'un discours élaboré au fil d’œuvres successives...Et pourrait, lorsque viendra la temps de la ré-évaluation, se révéler bien plus subtil qu'un Scream 4 ou d'autre péloches sur lesquelles il est aujourd'hui bon ton de s'extasier... Bref, un film nécessaire à l’œuvre de Craven... au sens philosophique du terme.A découvrir !


Le disque :

Bonne nouvelle des étoiles, TF1 Vidéo propose de visionner «My Soul to take » dans un Bluray 3D compatible 2D vendu à prix planché.(19€99). Le master HD 16/9 présente la chose dans son scope d'origine (2.35), l'accompagnant de pistes  DTS HD master audio 5.1 française et anglaise (Sous titres disponibles) ainsi que d'une piste 3D AUDIO. (Voir notre interview du concepteur). Dans le coffre à bonus, un making of, des interviews, des scènes coupées, un début et une fin alternative  ainsi qu'un commentaire audio du réalisateur. Du tout bon !