Le félin n'a pas que de la moustache et la clope au bec, il a aussi du nez. Sa collection "femmes à poigne et à pognes" ronronne aux fenêtres d'un cinéma en voie de "bobohisation". Qui l’eut cru après une errance de plusieurs décennies dans les limbes du septième art, le Bis profitant d'un courant maniériste et citationnel (Tarantino et les autres) devient branchouille, parfois même objet culturel si ce n'est culte tout court. On ne vous cachera pas que côté cinéphile déviant, cette vague de nouveaux spectateurs hilares maniant les appellations nanar et série Z avec la subtilité de Paul Le Poulpe a de quoi agacer sérieusement. "ça fait mal au cul" me grommelait dernièrement un confrère web-éditeur mal embouché, évoquant l’intérêt aussi soudain qu'opportuniste de certains médias pour le cinéma que nous chérissons depuis des lustres. Intérêt plus sarcastique que cinéphilique... Fallait-il le préciser. Si cela permet à ces pépites de trouver galette à leur pied et à quelques courageux éditeurs de poursuivre leur effort archéologique, nous aurions sans doute tort de ne pas nous en féliciter.
"Ce titre c'est de la dynamite !" |
Surtout que notre "TNT Jackson" du jour donne en effet matière à sourire. Échanges de dialogues fumeux et de mandales fumantes, doublures cascades approximatives, mannequins voltigeur et faux raccords culottés... Le tout emballé dans une mixture pelliculaire devant autant à la fameuse blaxploitation qu'au film d'art martial popularisé en début de décennie par un p'tit mec appelé Bruce Lee, le délicieux parfum d'un féminisme "coup de poing" en prime.
On y suit les aventures de Diana Jackson (Jeannie Bell), dites "TNT" partie écumer Hong Kong à la recherche d'un soit disant ami qui s'avèrera être son frère. Une enquête des plus minimalistes la conduira à mettre un pied puis un second dans l'enfer de la pègre et surtout à tomber dans les bras de l'assassin : un afro américain nommé "Charlie" (Stan Shaw). Inutile de vous faire un dessin, le script que le générique nous affirme avoir été pondu à quatre mains par Dick Miller et Ken Metcalfe est sans doute très étranger à la renommée de l’œuvrette. Même s'il connaîtra 7 ans plus tard une seconde vie en servant de trame à un remake décoloré: "Attaque à mains nues" (Firecracker) également édité par "Le chat qui fume" dans la même collection et dont nous vous invitons vivement à lire à la chronique dans nos colonnes numériques, mieux, à acheter le disque.
La fameuse prise du nez qui coule... |
"...notre TNT Jackson du jour donne en effet matière à sourire. Échanges de dialogues fumeux et de mandales fumantes, doublures cascade approximatives, mannequins voltigeur et faux raccords culottés..."
Non ou plutôt oui... enfin on s'est compris. l’improbable et l'indiscutable popularité de ce Dynamite Jackson tient sans doute beaucoup plus à son titre détonant, son affiche bandante, sa générosité de chaque instant, son humour cogneur (avec quelques salves de répliques cultes et tordantes, sa fameuse scène des lampes qui sera reprise ou plutôt citée par Quentin Tarantino dans son "Jackie Brown") et son cast de rêve. A ma gauche, l'affriolante "starlette-playmate-poulette" Jeannie Bell (Jeanne Cloche en français), son hypnotique gestuelle de combat (Quelque part entre un Kung Fu en roue libre, la chatte faisant ses griffes et l'élaboration de la pâte à pizza) . A ma droite le beau Stan Shaw, son hairstyle afro et ses paluches format raquette de tennis. Le reste est finalement à l'image du cinéma du Philippin Cirio H. Santiago, une sorte de bande dessinée filmée, excessive en tout point, profondément naïve dans son propos et son exécution mais toujours joyeuse dans sa gratuité. Une quasi synthèse du cinéma d'exploitation de l'époque.
Combat de pulls sur le parking de Kiabi un jour de solde... |
"... une mixture pelliculaire devant autant à la fameuse blaxploitation qu'au film d'art martial popularisé en début de décennie par Bruce Lee, le délicieux parfum d'un féminisme coup de poing en prime. "
Bref cette petite production Corman époque New World, bien qu'ignorée (de mémoire) dans son autobiographie ("How I made a hundred movies in Hollywood and never lost a dime") vaut sans discutions possible un coup de frein à main sur la route de l'imaginaire. Les amateurs de visionnages amusés et les collectionneurs de vielles casseroles ne s'y tromperont donc pas, TNT Jackson est l'une des galettes à glisser dans son caddie en ce début d'année.
On vous laisse deviner la suite... |
Un oeil sur le disque (C'est toujours mieux qu'un doigt dans le cul) :
Les deux premiers titres de la collection "action girls" nous étaient parvenus dans les boîtiers Amaray classiques mais depuis quelques mois, Le chat qui fume est passé au digipack. Sans grande surprise TNT Jackson bénéficie donc de cet emballage . On apprécie ou on apprécie pas, question de goût, mais on soulignera, une fois de plus, le grand soin porté par l'éditeur aux packaging. Visuels artificiellement vieillis, humour et fausses citations. Le film nous est présenté dans un master 16/9 d'excellente tenue (la copie est très propre) accompagné de la piste originale anglaise (Sous titrée en français) et d'une piste reprenant le doublage français d'époque. Cette dernière piste est assez étouffée. (Encore une fois, il faut souligner que les éditeurs composent à le matériel existant pour chaque film et il n'existe parfois pas grande chose). On vous recommande donc de vous frotter à la piste V.O.S.T. Sur le tatami à bonus : Des bandes annonces, deux sympathoches présentations vidéo consacrées au film et à Jeannie Bell (par le non moins sympatoche Foxy Bronx) et une doublement charmante surprise au lancement du film. Le tout au prix explosif de 11€99. A commander par ici parce qu'ailleurs c'est plus cher ! : http://lechatquifumedvd.com/les-nouveautes/48-dynamite-jackson.html?search_query=dynamite+jackson&results=2