Le grand défi : critique et test DVD



Dans leur ration vidéastique d'Avril, les p'tits gars d'Artus films inaugurent une toute nouvelle collection sobrement titrée «Peplum» et consacrée au genre éponyme. Pour ce jet introductif, l'éditeur a exhumé une bobinette réputée introuvable: «Le Grand Défi» (Ercole, Sansone, Maciste, Ursus : Gli Invincibili) de Giorgio Capitani . Ecranbis s'est penché sur cette galette d'exception le temps d'un visionnage épique et  en tenue d'époque... On a fait plein de photos mais étrangement on préfère ne pas vous les montrer ! N'insistez pas, c'est très gênant !

Poupée gonflante abandonnée sur la plage de Palavas...



"Il n'est pas rare de lire que la capacité d'Alan Steel à mimer le court circuit  à longueur de bobine joua un rôle dans l’effondrement du péplum. Mais sa prestation douloureuse se trouve ici miraculeusement en phase avec le drolatique et le récréatif du propos. "

Hercule arrivant à la croisée des chemins, se voit averti par son divin de père: Hercule mon fils, à gauche t'attend la sagesse, à droite l'aventure et sache qu' au centre il n'y a pas de route. Fallait-il y voir une métaphore politique ou une mise à l'épreuve ? Une chose est sûre, le demi dieu ne résistant pas à l'idée de bourrer quelques urnes, prit la droite et la direction d'une contrée où toutes les femmes sont belles, cette Ukraine mythologique et antique que fut le royaume de Lydie. A peine eut-il le temps de défaire son absence de valises, notre monsieur muscle se retrouve à sauver la princesse Omphale d'un filet farceur et d'une tasse fatale. Le fils de Zeus frappé, coquin de sort, d'un coup de foudre raccompagne sa belle prise au palais royal et s'empresse de la demander en mariage. (Car oui messieurs, la Femme est un être si profondément complexe, qu'il faut en demander la main pour lui prendre les fesses).

En exclusivité pour Ecranbis, Hercule en train de tirer un coup !
Manque de chance, la petiote née une cuillère en argent dans la bouche et de l'air plein la tête s'est déjà amourachée d'un certain Inor, fils de Lycos, chef des guerriers des montagnes et éternel ennemi du royaume de Néméa, reine de Lydie. Afin de repousser les avances d'Hercule, l'entourage d'Omphale met au point un curieux stratagème et fait dire à un oracle (profession toujours en cours sous la l'appellation plus moderne de «consultant » ) que le fils de Zeus pourra épouser la couillonne sous la seule et unique condition qu'il puisse vaincre l'homme le plus fort que la terre n'eût jamais enfanté, Samson.

"Vu plus de cinquante années après sa réalisation, le savoureux effort de Giorgio Capitani  a surtout la qualité d'escalader la montagne Péplum par sa face parodique. "

Du milieu des années 40 au milieu des années 60, un peu moins de 200 bobinettes estampillées péplum furent tournées chez nos voisins transalpins, transformant le courant en genre éminemment populaire et en lui donnant aux mêmes titres que l'horreur gothique ou le film de capes et d’épées, la qualité de visage du cinéma d'exploitation européen. De la même manière que l’Italie livrera une vision toute personnelle de l'Ouest américain avec l'Italo-Western, les artisans de la grande Botte s’approprieront une mythologie et une antiquité fantasmée, l'entraînant sur les terres de l'opéra musclé, parfois jusqu'aux frontières de l'héroic fantasy. En 1964, lorsque «Ercole, Sansone, Maciste, Ursus : Gli Invincibili» s'offre aux salles obscures, les spectateursz voient passer ses derniers wagons d'un genre. Dit autrement, Ben Hur ne tardera pas à arrêter son char. Et ce déclin, si ce n'est cette dégénérescence, coïncidera pratiquement à l'émergence d'un nouveau courant : celui du western italien.

Véronique Sanson et Dalida  !
"Le visionnage est donc fortement recommandé à tout cinéphile de bonne famille, au moins pour caresser des mirettes la plastique d' Elisa Monthés  promise à une jolie carrière en territoire bis" 

 Vu plus de cinquante années après sa réalisation, le savoureux effort de Giorgio Capitani (Chacun pour soi) a surtout la qualité d'escalader la montagne Péplum par sa face parodique, de par son canevas qui emprunte indiscutablement au théâtre de boulevard. Mais également de par sa galerie de personnages décérébrés et sa brochette de gros bras d'inspiration mythologie (Hercule) biblique (Samson) ou tout simplement cinématographique (Maciste et dans une certaine mesure Ursus). Dans ce concours de pectoraux, de bêtise et d'immaturité,  la première place du podium  sera  arrachée par le personnage d'Hercule auquel un certain Alan Steel prête cuisses épilées.  L'ancien trapéziste, Sergio Ciani de son véritable nom, connu après avoir joué les doublures de Steve Reeves , une carrière de tête d'affiche. Il n'est pas rare de lire que sa capacité à mimer « le court circuit » à longueur de bobine joua un rôle dans l’effondrement du péplum. Mais sa prestation douloureuse se trouve ici miraculeusement en phase avec le drolatique et le récréatif du propos.

Alan Steel, le cauchemar de Cristina Cordula !
 Irrésistiblement couillon par le fond (qui se trouve précisément n'être que très peu profond), mais soigné par la forme, «Le grand défi» n'a pas de grand défaut et  assure son heure et demie de divertissement sans jamais défaillir. Le visionnage est donc fortement recommandé à tout cinéphile de bonne famille, au moins pour caresser des mirettes la plastique d' Elisa Monthés (Omphale  promise a une jolie carrière en territoire bis , sur les terres poussiéreuses du western ( Texas Addio, Gringo joue sur le rouge ) ou face à la caméra érectile de Jess Franco ( Sumuru, la cité sans hommes , 99 femmes/L'amour dans les prisons des femmes ).


Le disque :

Artus films livre le Grand défi dans un beau digipack dont les volets intérieurs reprennent des affiches d'époque. Bien qu'annoncé au format scope 2.35 sur la jaquette, le master, au demeurant pimpant, affiche un ratio image 1.85. Le film est présenté dans sa version originale italienne sous titrée mais également avec un doublage français. Il faudra préciser qu'en ce qui concerne cette dernière piste sonore, l'éditeur a du composer avec le matériel existant. Ce mixage français présente quelques altérations minimes en début de film et que quelques scènes absentes des montages français sont présentées en italien sous titré. Dans la cave aux bonus, nous avons droit à des films annonce, un diaporama d'affiches et de photos mais surtout une présentation du film par le sympathique Michel Eloy. A commander sur le site d'Artus pour le prix d'une paire de Méduses au grau du roi ! Faites tourner le petit commerce ! Merde !

y'a du muscle au menu !