Les portes de l'enfer : Critique et test Bluray


Les métalleux transis ont décidément quelques accointances avec le petit monde l'horreur. Il suffit de jeter un coup d'œil dans l'arrière boutique des fanzines cinoches et site web frenchy les plus respectables et respectés pour se rendre à la douce évidence, dans le thorax de tout bon cinéphile déviant, palpite un petit cœur de rockeur. Un indéfectible lien qui se vérifie également dans les dédales de l'usine à rêves. Après les expérimentations pelliculaires de Rob Zombie, Lordi, c'est au tour de Slash, guitariste prodige ayant eu l'honneur de chapeauter l'un des groupes de chevelus les plus populaires des 90's (Les Guns'N'Roses), de se lancer dans production de cauchemars sur grand écran. Nothing Left to Fear, le premier rejeton de la toute jeune société «Slasher Films» fut mis en chantier au cœur de la Louisiane en mai 2012 et nous parvient dans le catalogue d'une jeune éditeur français (Marco Polo Production) sur le tard et sous un nouveau titre « Les portes de l'enfer : La légende de Stull » . Ecranbis s'est coincé un Bluray dans la platine... 


"La ville de Stull serait  réputée outre Atlantique pour son cimetière, haut lieu du tourisme satanique et mondain..."

Dès l' «opening scene» , le ton est donné. Une famille modèle s'enfonçant dans les profondeurs de l'Amérique, jusque dans les entrailles du Kansas. Au bout de la route et du périple, Stull, une petite ville perdue dans les champs de céréales. En prime une population toute heureuse d'accueillir son nouveau pasteur, sa femme et leur progéniture. L'aînée, Rebecca (Rebekah Brandes) pourtant très occupée à faire de l’œil à un sosie de Nicolas Bedos (Ethan Peck), ne tarde pas à racler le vernis de cette idyllique peinture rurale. Et ce qu'elle y découvre aura de quoi lui dresser les poils sur les pattes. Les charmants habitants de Stull cachent aux yeux du monde et de la civilisation, depuis des centaines d'années, le plus infernal de secrets.



"Après les expérimentations pelliculaires de Rob Zombie... c'est au tour de Slash (Guns'N'Roses), de se lancer dans production de cauchemars sur grand écran."

En s'accrochant des deux mains à la tragique destinée de Rebecca et sa famille, «Les portes de l'enfer : La légende de Stull» s'amuse d'une des figures récurrentes et récurées du cauchemar made in USA. L' éternelle confrontation de deux Amériques, celle des villes, ouverte, civilisée et moderne, celle des champs, fatalement plus traditionnelle, rustre et disposée à la collection de cadavres dans ses placards. Un choc civilisationnel trouvant un écho providentiel sur le ring de l'interaction sociale. L'individu face à au groupe, la proie face à la meute. Classique me direz-vous ?  Depuis le 2000 Maniacs de Herschell Gordon Lewis au milieu des années 60, le cinéma d'horreur américain se clipse sur ce canevas gentiment conflictuel. Un courant nourri d'une main par les légendes urbaines. En l’occurrence ici, celle de la ville de Stull, réputée outre Atlantique pour son cimetière, haut lieux du tourisme satanique et mondain


"Anthony Leonardi III livre une série B sans grande prétention mais loin d'être désagréable."

Mais aussi par l'opposition tantôt idéologique tantôt générationnelle... mais toujours souterraine d'une certaine idée du traditionalisme et d'une vision fantasmée du progressisme. Dualité très actuelle... il suffit pour s'en convaincre de constater l'étonnante vivacité des Tea party, des mouvements conservateurs et la vivacité de la thématique dans cinéma ricain... Voilà pour le côté pile. Côté face, Anthony Leonardi III qui fait ses débuts derrière la caméra après avoir participé en qualité de storyboarder à quelques productions fameuses, telles que Pirates des Caraïbes - Jusqu'au bout du monde , Rango ou encore Game of Thrones, livre une série B sans prétention mais loin d'être désagréable. Même si la touche DTV (malheureusement amplifiée par un recadrage sauvage) et un argumentaire CGI gentiment outdated retiennent ce spectacle par le maillot de bain, Nothing Left to Fear ne boit pas la tasse et s'autorise même à étirer son propos sur plus 100 minutes sans convoquer l'ennui. 



Rayon distribution,
on a eu le bonne idée d'inviter Anne Heche (Volcano , 6 jours 7 nuits, Psycho) , Ethan Peck (L'apprenti sorcier) mais surtout de jouer la carte du contre emploi en confiant le rôle d'une angélique fille de pasteur à Rebekah Brandes. Une blonde à la beauté toxique apte à transpercer l'écran et les slips, que le cinéaste caresse d'une caméra obsédée. (Dis donc mon tintin, nous ferait pas un peu des sentiments ? ). Dans la lignée de «Souviens toi» ( pour la forme) et « Population 436 » pour le fond, ce « Nothing Left to Fear » imparfait mais pas naze vaut donc sa deuxième partie de soirée... Ne serait ce que pour l’oppressante et sombre ambiance distillée par ses dernières 20 minutes. 


Le disque :

Marco Polo nous ouvre ces «Portes de l'enfer» dans un master Haute définition dans les clous mais malheureusement recadré en 1.78 . On est donc loin du scope 2,35 initial ( le Bluray américain respectait d'ailleurs ce ratio d'origine). Un détail pour le vidéophile lambda, un crève cœur pour le cinéphile d'autant plus que le cinéaste a semble-t-il pris soin d'exploiter au mieux le format large, mais passons. Rayon cages à miel, de la version originale (sous titrée) et un doublage français honorable.

Simon Tour