A l'aube de l'année 2015, Éléphant film mettait dans le mille en annonçant l'imminente disponibilité d'Howard The Duck en Bluray et DVD. Une nouvelle qui ne tardera pas à se répandre dans toute la ciné-sphère française et pour cause... Sortie pour Noël 1986 dans les salles de l'hexagone puis exploitée en vidéo-cassette (chez CIC Vidéo), cette perle «ovnique» était complètement sortie de nos écrans radars. Une infortune que nous partagions pour une fois avec la totalité des cinéphiles de la planète puisque il a fallu attendre la fin des années 2000 pour que les premières éditions DVD du film soient disponibles au Brésil, en Allemagne puis en Angleterre (dans une version cut expurgée de toute allusion kinky) et enfin aux États Unis. Comme souvent cette invisibilité temporaire cristallisa quelques fantasmes, on accusera même Georges Lucas d’œuvrer activement à l'oubli de ce qui fut souvent présenté comme une catastrophe industrielle... Howard The Duck, nanar ou film incompris, Ecranbis.com dégaine une chronique qui risque de clouer quelques becs !
"Howard the Duck porte dans son propre code génétique les raisons de sa faillite. Dès l'écriture, Huyck et Katz sont partis à la recherche d'un “entre deux” qu'ils ne trouveront jamais."
Lea Thomson incorrigible: après l'inceste dans "Retour vers le futur", elle s'essaye à la zoophilie dans Howard The Duck ! |
Pour bien appréhender le cas «Howard The Duck», il nous faut remonter aux jeunes années de Lucas. C'est sur les bancs de l'université de Californie du Sud que le jeune étudiant du département «Cinematic arts» se lie d'amitié un certain Willard Huyck et avec sa petite amie (appelée à devenir sa compagne) Gloria Katz. Le jeune couple va prendre part à l'écriture du second long métrage de Lucas, souvent considéré comme le premier teen movie formellement identifié de l'histoire du cinéma: American Graffiti. On sait également qu'ils seront invités à participer de manière beaucoup plus officieuse au scénario de “La Guerre Des Étoiles”. Difficile d'y voir très clair sur l'apport du tandem Huyck/Katz. Si certaines sources évoquent une simple relecture du script, d'autres leur attribuent carrément une partie des dialogues, sans qu'ils ne soient par ailleurs crédités.
On les retrouvera en
1984 en qualité de scénaristes au générique des deuxièmes
aventures cinématographiques d'Indiana Jones (Indiana
Jones et Le Temple Maudit ). En plus de
graviter autour des productions de Lucas, le couple va réaliser et produire une poignée de films dont: Messiah Of Evil en 1976, métrage plein de qualités qui a
été édité en France il y a quelques années par Artus films. On
pourrait également citer un Eddie Murphy à la réputation
douloureuse : “Une défense Canon” (1984). Certes, Huyck est un cinéaste relativement inexpérimenté, ayant essentiellement œuvré dans l'horreur et de la comédie, mais c'est en plus d'être un proche de Lucas, un scénariste dont le nom est déjà associé à
quelques grands succès Hollywoodiens.
"Le casting embarque la mignonnette Lea Thomson. L'I.L.M. et Phil Tippet seront chargés des tours de magies visuels. Tout semble à priori prédestiner Howard au carton plein dans une période marquée par les productions de Spielberg et de Lucas."
Le personnage d'Howard
le canard est lui apparu chez Marvel sous la plume de Steve
Gerber et les coups de crayons de Val
Mayerik en 1973. Il n'est alors qu'un personnage
secondaire mais ne tardera pas à "habiter" sa propre série de bande dessinée (1976). On sait
que la production d'American Graffiti terminée, Lucas s’intéresse
déjà au personnage qu'il présente à Huyck et Katz. L'idée d'une
adaptation ne resurgira pourtant qu'une décennie plus tard. L'idée d'un
film d'animation est alors abandonnée au profit d'un tournage live pour des raisons d'agenda et sous la
pression d'Universal. Le budget le placera dans la catégorie "poids lourd", avoisinant les 37 millions de dollars
américains, pratiquement le coût du “Retour du Jedi”. Le casting embarque la mignonnette Lea Thomson ,
qui vient de se faire remarquer avec l'immense succès populaire de "Retour vers le futur". La fiche technique fait rêver : Richard H.
Kline (Star Trek le film, King Kong, Soleil Vert ) à la
photographie, L'Industrial Light And Magic et Phil Tippet seront chargés des tours de passe passe
visuels. Tout semble à priori prédestiner, pour ne pas écrire programmer, Howard au carton plein
dans une période marquée par les productions de Spielberg et de
Lucas.
A priori seulement car Howard débarque sur les écrans
américains en 1986 dans un contexte très particulier. Si la première
moitié de la décennie a été marquée par la réussite insolente des
productions Lucas Films (Stars Wars, Indianas Jones) et Amblin
(Gremlins, The Goonies, Back to future), l'imaginaire
Spielbergo-Lucasien semble avoir fait son temps. Au dernier trimestre
1985, Spielberg trébuche une première fois sur Amazing Stories (Histoires
Fantastiques), série produite dans le plus grand secret et à grands
frais pour NBC. Dans les semaines, mois, années qui suivent, si l'on
fait exception de Fievel, les productions Amblin ne font plus salles
combles. Battery Not Includes, Innerspace sont des demi succès tandis
que Young Sherlock Holmes (Le Secret de la Pyramide en France) est, en
dépit de ses évidentes qualités artistiques, un échec commercial cuisant pour
Amblin qui espérait mettre en chantier une suite. Au cœur des 80's, l'heure
est aux Top Gun, Platoon, au cinéma de Hugues (La folle journée de
Ferry Bueller), Lucas et son canard sont attendus au virage par la critique.
"On ressort donc de ces 110 minutes certain de ne pas avoir vu un grand film
mais avec la banane... Un petite pointe de nostalgie serrant la
gorge. Car le film annonce, qu'on le veuille ou non, la fin d'une parenthèse enchantée et d'un certain cinéma Hollywoodien"
Howard the Duck porte dans son propre code génétique les raisons de sa faillite. Dès l'écriture, Huyck et Katz sont partis à la recherche d'un “entre deux” qu'ils ne trouveront jamais. Le propos du film se dédouble sans cesse, caressant tantôt le jeune public dans le sens des plumes, tantôt un public plus adulte avec un humour parfois osé (Ce qui est particulièrement notable dans la version originale ou le personnage d'Howard bénéficie d'une voix et de répliques plus matures que dans le doublage français). Pire, ces deux visions, ces deux discours finissent par se faire concurrence, donnant l'impression que le script a été le fruit d'un tiraillement incessant ou d'une bataille d'intention.
"Le casting embarque la mignonnette Lea Thomson. L'I.L.M. et Phil Tippet seront chargés des tours de magies visuels. Tout semble à priori prédestiner Howard au carton plein dans une période marquée par les productions de Spielberg et de Lucas."
Jeffrey Jones, un acteur brillant ! |
Devant un tel monstre, mieux vaut faire le canard ! |
Howard, le film a qui plumé George Lucas ! |
Howard the Duck porte dans son propre code génétique les raisons de sa faillite. Dès l'écriture, Huyck et Katz sont partis à la recherche d'un “entre deux” qu'ils ne trouveront jamais. Le propos du film se dédouble sans cesse, caressant tantôt le jeune public dans le sens des plumes, tantôt un public plus adulte avec un humour parfois osé (Ce qui est particulièrement notable dans la version originale ou le personnage d'Howard bénéficie d'une voix et de répliques plus matures que dans le doublage français). Pire, ces deux visions, ces deux discours finissent par se faire concurrence, donnant l'impression que le script a été le fruit d'un tiraillement incessant ou d'une bataille d'intention.
L'autre élément
douloureux de l’œuvrette est à attribuer à son canard de héros. La créature
bardée d'animatronique et incarnée par un acteur de petite taille
aura donné du fil à retordre à l'I.L.M. En dépit d'efforts
et de moyens financiers importants ( On murmure que l'addition aurait
dépassé les deux millions de dollars pour la seule conception
d'Howard), les apparitions de notre canard parlant ne parviennent
jamais à créer l'illusion. Étrangement quelques décennies après son exploitation en
salle, ce sont bien ces défauts qui
font de Howard the Duck, un film formidablement attachant, quelque part entre la parodie
involontaire, l’œuvre hautement déviante et le blockbuster
rutilant. Une sorte d'amalgame ne prenant jamais, chaque ingrédient
se réfugiant en tremblant sur les bords du bol... Une curiosité friquée se permettant
quelques loufoqueries fameuses (la fameuse scène
entraînant la belle Lea Thomson aux portes de la zoophilie), voire
une horreur très graphique ( La scène de l'allume cigare qui fut
d'ailleurs elle aussi supprimée par la censure anglaise.)
ça va canarder ! |
"Ses défauts font de Howard The Duck un film formidablement attachant, quelque part entre la parodie involontaire, l’œuvre hautement déviante et le blockbuster rutilant."
Pour le reste, Howard trempe dans le jus de l'époque. Son festival d'effets visuels flashy rappelle tour à tour “My Science project”, “Weird Science” et se clôture par une sublime créature animée image par image par Phil Tippett. On ressort donc de ces 110 minutes certain de ne pas avoir vu un grand film mais avec la banane...Un petite pointe de nostalgie serrant la gorge. Car le film annonce qu'on le veuille ou non, la fin d'une parenthèse enchantée et d'un certain cinéma Hollywoodien. Ce même cinéma qui servit pour bien des cinéphiles (dont votre serviteur) de porte d'entrée dans le genre.
Un œil sur le disque :
Elephant films a vu grand et nous livre "Howard The Duck" dans un très beau combo Bluray + DVD coiffé d'un sur-étuis cartonné. Côté master, le disque haute définition offre un transfert 1080p et Flat 1.85 des plus emballant accompagné de mixages anglais (sous titré) et français DTS HD Master Audio Stéréo. Rayon Bonus, pas de fausse note ni de canard :
-Une présentation du film par Xavier Fournier (Rédacteur en chef de Comic Box)
-Un making Of
- Une série de documentaires:
Howard son histoire
Les cascades
Les effets spéciaux
La musique