Dans les flots de bobines horrifiques échouées sur les toiles de Gérardmer, l'éditeur Entertainment One (fièrement distribué par nos amis de Wild Side Vidéo) a repêché «Out of the Dark», jet horrifique Americano-Hispano-Colombien signé par le barcelonais Lluís Quílez. La chose hantera les linéaires de vos vidéostores favoris à partir du 3 juin 2015, en DVD, en Bluray mais également en V.O.D. Pour vous faire patienter, l'Ecranbis.com vous livre ses impressions post visionnage
En 1992, dans les environs de Santa Clara (Colombie) et en plein orage (pourquoi faire les choses à moitié), un certain Dr Contreras perd la vie en chutant du balcon de sa villa. Vingt années plus tard, Sarah Harriman, fille d'un industriel américain s'installe, fille et mari sous le bras dans cette même bâtisse. Évidemment personne n'aura pensé à prévenir les tourtereaux du funeste accident. Une attendue multiplication d’événements troublants va donc s'en charger. Et Sarah, tout affairée à la reprise en main du patrimoine industriel de son papa gâteau, va à son tour tomber de haut...
"le propos... d' Out of the Dark échange rapidement sa bicoque hantée contre une croyance locale pour finir par changer à nouveau de braquet... en trempant sa plume dans le pot du drame écologique, aux extraits de culpabilité colonialiste."
Le frénétique cumul de clichés offerts par la séquence pré-générique fait attendre le pire. Le cinéma horrifique, même coiffé par le renouveau du fantastique espagnol, celui que la presse spécialisée ne cesse de nous vendre depuis 15 ans, aurait-il fait le tour de ses bicoques, bâtisses et autres nids à fantômes ? Côté spectateur, la coupe de sangria est en tous les cas pleine, mieux, elle déborde de tous les côtés. Par chance ou comme on le dit chez nos voisins hispaniques par «La fuerza del destino», le propos polymorphe d' «Out of the Dark» échange rapidement sa bicoque hantée contre une croyance locale (A l'arrivée des conquistadores, des enfants amérindiens ont été enlevés puis brûlés vifs pour revenir sous la forme de spectres démoniaques) pour finir par changer à nouveau de braquet et de discours en trempant sa plume dans le pot du drame écologique, aux extraits de culpabilité colonialiste.
"ce thriller horrifique et fantastique, maîtrisé à défaut d' être original trouvera même à coup sûr bon accueil chez les aficionados du Cine de terror actuel "
Cette construction narrative dont on pressent qu'elle a été pensée pour tromper astucieusement le spectateur, ne témoignerait-elle pas plutôt des propres hésitations des frères Pastor et de Javier Gullon, tout trois crédités en qualité de scénaristes ? De son côté Lluís Quílez, la tête dans la guidon, comprendre très occupé à soigner sa copie (et on concédera effectivement la copie est fort belle) dépose à nos pieds une œuvrette finalement assez symptomatique du cinéma horrifique hispanique moderne, un cinéma furieusement formel , plastique, accroché à ses grigris esthétiques comme à une forme de poésie maniériste mais parfois miséreux sur le fond. "De l'Orangina sans pulpe!" me crie le rédacteur en chef... Et il y a en effet un peu de ça. Pourtant, et voilà peut être l'élément le plus troublant (pour ne pas écrire le plus « fantastique ») d' "Out Of The Dark", il n’ennuie jamais, mieux réussit ses enchaînements de figures, ponctuant ses arabesques incertaines de «Boo effect» diaboliques et efficaces. (Si l'on veut bien faire abstraction d'un moralisme conclusif pesant)
Si le drame du film est de ne laisser aucun goût en bouche, il serait honteux et malhonnête de vouloir coûte que coûte noircir le tableau. Sauvé des eaux par son casting américain (Julia Stiles, Scott Speeddman et Stephen Rea), ce thriller horrifique et fantastique, maîtrisé à défaut d' être original, trouvera même à coup sur bon accueil chez les aficionados du «Cine de terror» actuel. Pour les autres, Out the Dark mérite après tout l'attention au même titre que les cargaisons de DTV déchargé sur les quais de nos cinéphilies déviantes. Mais allez y sans vous mouiller la nuque, l'eau est tiède.
Un œil sur le disque :
Pas de mauvaises surprises du côté de cette galette DVD au master 16/9 qualitativement haut de gamme et respectueux du format scope (2.40) souhaité par le réalisateur. Pour le plaisir des esgourdes des mixages Dolby Digital 5.1 en langue anglaise originale (le film a été tourné en anglais) et en langue française (doublage honorable). On notera la présence de sous titres français et la présence d'un Making of ( 13 minutes) dans la section bonus. 15€99 en DVD / 19€99 en Bluray (Prix public indicatif)