Sentant sans doute (sûrement même) la parenthèse enchantée et argentée du support physique sur le point de se refermer, l'ours artusien serait-il, en douce, sur le point de changer son fusil d'épaule ? Une chose est sûre, l'éditeur indépendant français qui fête ses 10 ans, a considérablement baissé le rythme de ses sorties DVD. C'est fini les galettes en rafales, les pluies de digipack. Bonjour le livre... Seul vaisseau capable de traverser la crise numérique d'une main et de l'autre sauver le rapport délicieusement fétichiste que nous entretenons au fait cinématographique ? J'ironise mais le bouquin de Sébastien Gayraud tombe à un instant doublement charnière pour les amateurs de vieilles choses et de belles fesses. Il y a le déclin annoncé de nos galette adorées, l'absence d'une offre VOD adaptée à nos dévorantes passions... Il y a aussi cette vague de nostalgisme qui caresse les plages de la culture pop, l'impression que la réhabilitation nécessaire de tout un pan du cinéma populaire pourrait devenir excessive voire malhonnête.
"Un
parcours démentiel, une profusion d’œuvres rendant tout espoir
d’exhaustivité vain, une carrière indéchiffrable commencée sur
le sable de l'italo western et terminée sur le matelas souillé de
la pornographie."
Confessons-nous ! Le cinéma dit
«Bis», spécifiquement européen pour ne pas écrire spécifiquement
italien, a connu ces dernières années un «hype» sans précédent,
mais non sans quelques dommages collatéraux, dont l'usage immodéré
de l'étiquette «Culte» en est quelque sorte la partie émergée.
Ainsi les élans sarcastique mais néanmoins cinéphiles des Mystery
Science Theater 3000 ou Nanarland pour rester en France, sont
désormais montrés d'un doigt accusateur. L'heure est elle à la sentence béate ?
Comprendre, à ce moment précis où tout finit par se valoir, les
uns par leurs indiscutables qualités artistiques, les autres par leurs
obscurités relatives. Si je prend soin de m’attarder à ce point
sur ce fait, c'est que je m'interroge aussi sur la façon dont ces
colonnes numériques participent, certes modestement, à cet élan.
Mais passons...
"Cet ouvrage, comme toute tentative d’exploration de l'autre cinéma prêtera à coup sûr son flanc à la plus passionnelle des critiques, aux empoignades épistolaires numériques et aux commentaires assassins. Le prix de l'expression d'un point de vue... Pourrais-je écrire."
"Cet ouvrage, comme toute tentative d’exploration de l'autre cinéma prêtera à coup sûr son flanc à la plus passionnelle des critiques, aux empoignades épistolaires numériques et aux commentaires assassins. Le prix de l'expression d'un point de vue... Pourrais-je écrire."
Après deux premiers essais transformés ( un bouquin de David Didelot sur la collection Gore, un autre sur le western rital par Alain Petit), Artus se lance dans une prometteuse collection d'ouvrages sobrement titrée «Cinéma Bis». Collection dont le premier tome est consacré à Aristide Massaccesi, plus connu des lecteurs de l'Ecranbis.com sous le nom de «Joe D'Amato».
«Joe D'Amato, le réalisateur fantôme» s'exclame Sébastien Gayraud, «mais à la filmographie bien réelle» serions-nous tentés de lui répondre. Un parcours démentiel, une profusion d’œuvres rendant tout espoir d’exhaustivité vain, une carrière indéchiffrable commencée sur le sable de l'italo western et terminée sur le matelas souillé de la pornographie. Et puis bien sûr, une réalité … D'une cinéphilie à l'autre, la place occupée par Aristide Massaccesi ne peut, pour de simples raisons de grille analytique, être la même. Faussaire et tâcheron pour les uns, cinéaste et pourquoi pas auteur (Oui assumons ! Assumons!) pour les autres... Cet ouvrage, comme toute tentative d’exploration de l'autre cinéma prêtera à coup sûr son flanc à la plus passionnelle des critiques, aux empoignades épistolaires numériques et aux commentaires assassins. Le prix de l'expression d'un point de vue...Pourrais-je écrire.
"le véritable objectif caressé
par l'auteur se voit atteint. A peine ce pavé fermé, le lecteur se
trouve brutalement assailli par une irrépressible envie de plonger,
télécommande en avant, dans l'outrancière filmo traversée durant
368 pages."
En attendant que les bisseux de tout
poil s’étripent, et recouvrent leur mur facebook d'éloges fiévreuses ou de noms d'oiseaux, qu'y a-t-il à lire dans l'ouvrage
de Sébastien Gayraud ? La vision d'un étonnant parcours,
jalonné par ses œuvres les plus notables, Le récit sous terrain de
leur conception dans l'arrière cours de l'Hollywood romain. C'est
joliment écrit, parfaitement documenté, diablement informatif. Et
si le roman d'une vie et de l'autopsie d'une carrière occupent une
bonne moitié de l'ouvrage, Sébastien Gayraud a eu le nez de
consacrer son dernier gros tiers à l'élaboration et l'expression
d'une analyse, d'un véritable point de vue sur le cinéma d'
Aristide Massaccesi et peut être, par instant, point de vue sur le
cinéma bis, voire le cinéma tout court. Voilà sans doute la grande
qualité de ce premier tome de la collection «Cinéma Bis» d'Artus
films : sa sa double ration, sa double face pour ne pas dire
son double programme. La chose étant de plus agrémentée d'une belle
et parfois charnelle iconographie, le véritable objectif caressé
par l'auteur se voit atteint. A peine ce pavé fermé, le lecteur se
trouve brutalement assailli par une irrépressible envie de plonger,
télécommande en avant, dans l'outrancière filmo traversée durant
368 pages. Difficile dans ces conditions de vous demander de la retenue. Courez l'acheter avant qu'il n'y en ait plus !
Disponible au prix de 39€ aux éditions Artus films : http://www.artusfilms.com/joe-damato-le-realisateur-fantome-livre
Dimensions : 193mm/255mm Pages : 350 Poids : 1,5 kg Dos rond cousu ISBN : 978-2-9548435-1-3 Sortie : 2015
Disponible au prix de 39€ aux éditions Artus films : http://www.artusfilms.com/joe-damato-le-realisateur-fantome-livre
Dimensions : 193mm/255mm Pages : 350 Poids : 1,5 kg Dos rond cousu ISBN : 978-2-9548435-1-3 Sortie : 2015