Le spectre de Frankenstein : critique et test DVD


Cet automne , Elephant films se fend d'une toute nouvelle collection «Cinema Monster Club», qui avant de tendre le cou aux canines maculées de sang d'un certain comte Dracula (La fille de Dracula, Le fils de Dracula, La maison de Dracula sont annoncés pour le mois de février 2016, qu'on se le dise), s'accroche aux oripeaux d'un autre créature fameuse. Le monstre du Baron Frankenstein. Cinq classique de l'Universal, trois bluray et deux disques «simple définition». C'est à dire de quoi soulager vos comptes bancaires de quelques euros et vous arracher pour quelques soirées à la triste monotonie de nos existences terrestres. Après «Le fils de Frankenstein», Ecranbis.com s'attelle à un monstre prétendument devenu spectre dans «Ghost of Frankenstein». Chronique monstrueuse...


"Au fond, la saga des Frankenstein préfigure l'exploitation hollywoodienne des croquemitaines modernes, terrassés mais jamais véritablement renvoyés aux enfers... Une histoire de «Partir Revenir» comme ironisait la campagne de publicité de «Return Of the Living Dead 2» en singeant l'affiche du film de Lelouche." 



Les visuels se montrent pour le moins hésitants. Boris Karloff sur le sur-étuis, Bela Lugosi sur la jaquette. Le graphiste s'est il mélangé les pinceaux?  ou s'est il perdu dans la labyrinthique filmographie de la créature verdâtre ? Qu'on se le dise pas la moindre trace du beau Boris dans «Le spectre de Frankenstein». Regrettant sans doute sa participation au troisième Frankenstein (Le fils de Frankenstein), l'acteur s'efface au profit d'une autre pointure du cinéma fantastique américain: Lon Chaney Jr. Lugosi est lui encore de la partie... Mais budget, run time et production value semblent s'être mis d'accord, l'heure est sans discussion possible à l'économie. «Ghost of Frankenstein» commence comme un «Frankenstein» se doit de finir...Par un mouvement de foule, nécessairement incontrôlable... Un épisode insurrectionnel tapant au portefeuille, tout immobilier soit-il, de l'aristocratie locale. Une révolution permanente à laquelle r��pondra, au prix de quelques arrangements avec la continuité narrative, une résurrection perpétuelle.

"Il convient ... de reconnaître au Spectre de Frankenstein une vertu. Celle de divertir coûte que coûte. En ce, il apparaît comme difficile de ne pas reconnaître que le métrage de Kenton est un film d'exploitation, certes mineur mais réussi..."



Au fond, la saga des Frankenstein préfigure l'exploitation hollywoodienne des croquemitaines modernes, terrassés mais jamais véritablement renvoyés aux enfers... Une histoire de «Partir Revenir» comme ironisait la campagne de publicité de «Return Of the Living Dead 2» en singeant l'affiche du film de Lelouche. Non les mythes ne meurent jamais et Frankenstein vivra. Cette fois encore guidé dans son douloureux périple par Ygor... jusque aux portes d'un nouveau manoir, d'un nouveau membre de la famille Frankenstein, brillant scientifique bien sûr, sautant sur l'occasion pour approfondir ses travaux personnels sur la transplantation de cerveau. L'objectif caressé, très "série B" dans l'esprit, mais pas si saugrenue si l'on veut bien considérer le beau franky comme un patchwork de chairs mortes, sera de transférer l'esprit maléfique et sournois d'Ygor dans la carcasse immortelle de la créature. Un rêve fou à poursuivre jusqu'à au prochain soulèvement des villageois, la prochaine destruction d'un château et le disparition conséquente (mais soyez en assurez temporaire) du monstre.


"Lon Chaney Jr., définitivement moins convaincant que Karloff, mais indubitablement plus à l'aise qu'un Lugosi ou qu'un Glenn Strange, dans la peau du monstre, assure ce qu'il faut de spectacle.  "


Plus modeste, mais également plus moderne, ce quatrième opus est souvent considéré, comme le point de départ d'une inévitable dégénérescence thématique qui entrainera la créature star à partager l'affiche avec d'autres monstres ( la seule présence de la bête ne se suffisant plus à elle même) et en bout de chemin à célébrer son entrée dans la culture pop par la porte de la parodie. Au fond quand on ne fait plus peur, on peut toujours faire rire. Il convient toutefois de reconnaître au Spectre de Frankenstein une vertus. Celle de divertir coûte que coûte. En ce, il apparaît comme difficile de ne pas reconnaître que le métrage de Kenton est un film d'exploitation, certes mineur mais réussi, offrant au terrifiant géant quelques scènes admirables et toujours inquiétante, tranchant donc radicalement avec le délirant du propos.

Lon Chaney Jr., définitivement moins convaincant que Karloff, mais indiscutablement plus à l'aise qu'un Lugosi ou qu'un Glenn Strange, dans la peau du monstre, assure ce qu'il faut de spectacle. Rien que pour ça ( et peut aussi pour la belle Elsa), «Ghost of Frankenstein» vaut le coup d’œil...




Un œil sur le disque :

Déjà disponible en DVD sur le territoire français, grâce aux efforts de Bach Film, « Le spectre de Frankenstein » gagne ici une copie digne de ce nom (le master utilisé par Bach film présentait un effet de peigne peu réjouissant) et un VF à laquelle les puristes préféreront à coup sur la version originale sous titrée. Dans les bonus, Dionnet fait le show. L'édition s'accompagne d'un livret collector de 10 pages signé du père Aubel de Transfuge.