Unfriended... Il y a, pratiquement contenu dans le titre, le condensé d'une interaction sociale réduite à une expression binaire. Une sentence sans nuance, placardée sur les murs d'un monde numérisé à la va vite, par les têtes trop pleines de la Silicone Valley... Esprits plus nourris de mathématique que de philosophie, frappés par plus d'intelligence que de raison. Après s'être joyeusement fait étripéer par la presse spécialisée lors de sa sortie en salle au début de l'été 2015, «Unfriended» revient hanter nos dalles HD à la fin du mois. Coup de bluff magistral ? Œuvre générationnellement clivante ou attrape nigaud ? Ecranbis.com vous dit tout....
"Brillant dans sa façon d'embarquer son spectateur dans un huit clos cybernétique et minimaliste, comme dans la chronique sociale qu'il élabore sous la table, Unfriended est indiscutablement un métrage réussi"
Parce qu'elle ne supportait plus le harcèlement de ses petits camarades de classe, leurs commentaires hilares sur la toile, Laura Barns, une adolescente de Fresno en Californie a opté pour la sortie de route volontaire. Mais à la date anniversaire de sa mort, son fantôme, bien décidé à prendre sa revanche, revient tourmenter par réseaux sociaux et messageries interposés, cinq de ses amis. Vu à travers le prisme du «concept movie», Unfriended pourrait passer pour la dernière mue du found footage, le prolongement hi-tec du «Blair Witch Project » de Myrick and Sánchez ou de «Paranormal Activity»... On y retrouve en effet le parfum du coup de génie et de l'économie de moyen... Un écran d'ordinateur pour seul décor, une cascade de fenêtres pour seul spectacle. Il fallait oser... Oui il fallait oser étirer la figure sur plus de 80 minutes, habiller les errances numériques quotidiennes de l'internaute moyen, de Google à Youtube, de Youtube à Facebook, de la cape du thriller horrifique.
"Au delà de son originalité formelle, de sa capacité à s'acoquiner au cinéma réalité et d'épouser notre quotidien, Unfriended est un conte horrifique et adolescent qui ne dit pas son nom."
Au delà de son originalité formelle,
de sa capacité à s'acoquiner au cinéma réalité et d'épouser
notre quotidien, Unfriended est un conte horrifique et adolescent
qui ne dit pas son nom. L'histoire tristement banale d'une cruauté
tout aussi banale. Celle d'une jeunesse dorée, d'autant plus apte à
embrasser les phénomènes de groupes, à se complaire dans
l'humiliation des plus faibles, qu'elle en trouve dans ce qui
l’entoure (Le cadre scolaire, l'acceptation,convention sociale et
désormais la technologie) de quoi vérifier la
nature prédatrice de l’âme humaine aussi jeune soit elle. A y
regarder de près Unfriended doit bien plus à l'inquiétant virage
du Teen Movie américain des années 90, à la vision Cravienne de
l'adolescence qu'à la simple pirouette stylistique et une vague
histoire de cassette vidéo perdue puis retrouvée.
Reste qu'Unfriended, de par l'enracinement de son propos dans la culture numérique, reste indiscutablement un film générationnellement clivant. Difficile pour ceux n'auraient qu'une connaissance surfacique et rudimentaire du fait numérique de saisir comment l'effort de Levan Gabriadze point du doigt la face sombre du conte de fée technologique : droit à l'oubli, question de anonymat, respect de la vie privée, nécessité de sanctuariser les profils de personnes décédés... Autant de questions qui ne sont parvenu que tardivement parvenu aux oreilles de nos irresponsables politiques, pour être discuter avec la mollesse et l’angélisme qui leur sont chères. Dans Unfriended, bien plus que le fantôme vengeur de Laura Barns, c'est le désemparement de nos sociétés face aux nouvelles formes de communication qui provoque l'effroi.
"A y regarder de près Unfriended doit bien plus à l'inquiétant virage du Teen Movie américain des années 90, à la vision Cravienne de l'adolescence qu'à la simple pirouette stylistique et une vague histoire de cassette vidéo perdue puis retrouvée."
Brillant dans sa façon d'embarquer son spectateur dans un huit clos cybernétique et minimaliste, comme dans la chronique sociale qu'il élabore sous la table, Unfriended est indiscutablement un métrage réussi et peut être l'un des films les plus novateurs de ces dernières années. Il ne reste plus qu'à attendre un déluge d’ersatz et copies conformes, qui s'abattra à coup sûr les chariots de nos platines. Levan Gabriadze serait d'ailleurs déjà sur les rangs pour un «Unfriended 2 » dont la production devrait débuter en 2016.
Un œil sur le disque :
Universal livre, sans grande surprise un disque techniquement irréprochable (Master au limite de ce que permet le support DVD et au format), au détail près que la lecture du film en V.O. s'avère un poil déconcertante puisque pour cause de version francisée du film, les messages échangés par les protagonistes par messagerie instantanée, le sont dans la langue de Molière et non pas celle de Shakespeare. Côté interactivité, rien à se mettre sous la dent. On aurait bien voulu en savoir plus sur la sans doute épique genèse d'une telle entreprise. On restera donc sur notre faim...
Claude G.
Reste qu'Unfriended, de par l'enracinement de son propos dans la culture numérique, reste indiscutablement un film générationnellement clivant. Difficile pour ceux n'auraient qu'une connaissance surfacique et rudimentaire du fait numérique de saisir comment l'effort de Levan Gabriadze point du doigt la face sombre du conte de fée technologique : droit à l'oubli, question de anonymat, respect de la vie privée, nécessité de sanctuariser les profils de personnes décédés... Autant de questions qui ne sont parvenu que tardivement parvenu aux oreilles de nos irresponsables politiques, pour être discuter avec la mollesse et l’angélisme qui leur sont chères. Dans Unfriended, bien plus que le fantôme vengeur de Laura Barns, c'est le désemparement de nos sociétés face aux nouvelles formes de communication qui provoque l'effroi.
"A y regarder de près Unfriended doit bien plus à l'inquiétant virage du Teen Movie américain des années 90, à la vision Cravienne de l'adolescence qu'à la simple pirouette stylistique et une vague histoire de cassette vidéo perdue puis retrouvée."
Brillant dans sa façon d'embarquer son spectateur dans un huit clos cybernétique et minimaliste, comme dans la chronique sociale qu'il élabore sous la table, Unfriended est indiscutablement un métrage réussi et peut être l'un des films les plus novateurs de ces dernières années. Il ne reste plus qu'à attendre un déluge d’ersatz et copies conformes, qui s'abattra à coup sûr les chariots de nos platines. Levan Gabriadze serait d'ailleurs déjà sur les rangs pour un «Unfriended 2 » dont la production devrait débuter en 2016.
Un œil sur le disque :
Universal livre, sans grande surprise un disque techniquement irréprochable (Master au limite de ce que permet le support DVD et au format), au détail près que la lecture du film en V.O. s'avère un poil déconcertante puisque pour cause de version francisée du film, les messages échangés par les protagonistes par messagerie instantanée, le sont dans la langue de Molière et non pas celle de Shakespeare. Côté interactivité, rien à se mettre sous la dent. On aurait bien voulu en savoir plus sur la sans doute épique genèse d'une telle entreprise. On restera donc sur notre faim...
Claude G.