Le massacre des morts vivants: Critique et test DVD


Qu'on se le dise, l'heure est aux doudounes et aux vidéonatsies. Après l'édition inattendue de «Mad House» chez Uncut Movies, voilà que «Le massacre des morts vivants» de Jorge Grau nous parvient dans la collection Ciné de terror d'Artus Films. Au menu, une pélochinette Italo Hispanique tendance «Macchabée marcheur» qui fit les belles heures des vidéos clubs de France et celles de la censure britannique, pour finir par disparaître des écrans radars. Bref, de quoi donner un peu d'éclats à des linéaires assaillis de coffrets de noël recyclant les surplus de la machine de guerre Hollywoodienne...

"...on aimerait écrire que le «Zombie» de Romero est passé par là. Loupé puisque le métrage de Jorge Grau le précède de quatre ans."

Antoine De Maximy dans "J'irai me nourrir chez vous"
Ce qui frappe de prime abord dans ce «massacre» , c'est bien sa modernité formelle. Au point que l'on aimerait écrire que le «Zombie» de Romero est passé par là. Loupé puisque le métrage de Jorge Grau le précède de quatre ans. Pourtant tout y est déjà, de la dégaine de nos ressuscités à leur propension au cannibalisme mondain. Ajoutez le gore et la couleur... Et si l'on veut bien se donner la peine d'y regarder de plus près, il y a aussi la froide douceur de la campagne anglaise et les iris rougeoyants. Le massacre de morts vivants c'est un peu «28 jours plus tard», 28 ans plus tôt. Bizarrement le film de Grau (A Grau Film dirait le générique anglais) peine à lâcher la main d'un cinéma d'horreur plus classique, ménageant encore ses effets, distillant ses sanguinolentes installations et s'autorisant quelques scènes à l'accent volontiers plus gothique. Moderne mais pas trop donc... 

De l'art de tâter le cul des vaches avant de se faire un  bon steak 



"il y a la froide douceur de la campagne anglaise et les iris rougeoyants. Le massacre de morts vivants c'est un peu 28 jours plus tard, 28 ans plus tôt." 

 Il apparaît difficile de réduire le massacre des morts vivants à ses seules qualités prédictives ou visionnaires. Car à moins de se planter la télécommande dans l'œil droit et de se boucher le gauche, le substrat idéologique de cette effrayante bobinette est lui parfaitement datable. Il y a évidemment la folie de la science mise au seul service de la folie consumériste. L'appétit insatiable des petits producteurs, leur goût pour les cadences infernales et le productivisme , prouvant à qui l'ignorait encore qu'il y a en tout ouvrier un patron qui dort , en tout esclave un maître qui s'ignore. Il y a évidemment le drame écologique, et un déjà un peu du drame écologiste...C'est à dire l'idée de chevelus venu défendre l'air pur clope au bec, à cheval sur de pétaradante moto...Des certitudes plein la ganache. A l'allemande... quoi !

"Il y a aussi évidemment le drame écologique, et un déjà un peu du drame écologiste...C'est à dire l'idée de chevelus venu défendre l'air pur clope au bec, à cheval sur de pétaradante moto...Des certitudes plein la ganache... A l'allemande... quoi ! "

A moins qu'il ne faille y voir un peu de l'extraordinaire épopée de ceux qu'on qualifiât longtemps de néoruraux. Colonisateurs cachés sous le voile d'un babacoulisme ambiant... ayant vite fait de travestir leur croisade idéologique ( enfin je pèse mes mots, car il fut déjà à l'époque surtout question de jouir sans entrave) en conflit générationnel. En ce et avec 3 décades de recul, le militantisme qui traverse le film de Grau hésite entre le joyeusement ringard et le sympathiquement consternant. Quoiqu'il ne soit nullement interdit de trouver un charme certain au débarquement d'un péteux blond et branché, baba cool mais suffisamment bourgeois pour tenir boutique, dans le trou du cul du monde. J'ajouterai que le portrait est d'autant plus charmant qu'il aborde sans doute très involontairement ...les contradictions d'une époque, ce gloubi-boulga idéologique sentant le nichon de joggeuse... Un jeunisme flasque et perlé de sueurs... définitivement  trop près des dessous de bras pour ouvrir l'appétit.

Prendre un enfant par la main...

Dans les suppléments de cette galette infernale, mon collègue David «Videotopsie» Didelot appelle à la ré évaluation. Je n'irai peut être pas jusque là. Un peu pour faire le malin, un peu parce que quand même faut pas charrier. Reste que les lecteurs d'écranbis.com n'ayant pas placé ce massacre en bonne position sur leur liste au père noël , devaient s'interroger sur leur lecture... Balancez nous un mail, on a plein de sites bien pourraves à vous conseiller...

Un générique qui fait une bonne sur-impression


Un œil sur la rondelle (Attention il va faire tout noir!) :

Artus films livre notre pépite du jours dans un digipack qui réjouira vos chères et tendres (et leur goût pour le gain de place et le rangement organisé …). Toujours pour mesdames, le beau David et sa crinière dorée ouvre les portes de sa garçonnière dans les bonus. A la vision des tranches de DVD et de Vhs décorant le lupanar, nulle doute que les nuits de ce Samson cinéphile pourraient, mes chères amies, se révéler plus frappantes que cette filouterie de  «50 nuances de grey». J'en oubliais presque que la chose nous parvient avec des pistes Française et anglaise sous titrée. Bref une édition qui déterre...