American Ultra: Critique et test DVD


En cette période propice aux offrandes vidéastiques, Metropolitan a visiblement décider d'attendre la dernière ligne droite de décembre pour vider son chargeur. Ceux qui voudront déposer une galette fumante d' "American Ultra» au pied de leur sapin sont donc priés d'attendre patiemment le 18 décembre. Vous avez de la chance ( et nous aussi par la même occasion), l'éditeur a criblé notre boite à lettre de galettes et l'Ecranbis.com fut donc en mesure de prendre un peu d'avance sur le calendrier de l'avent . American Ultra: remballe cinématographique pour teen déculturés ou véritable film de noël pour famille décomposée ? Si vous ne vous posiez pas la question, sachez que nous avons la réponse...


"American Ultra: remballe cinématographique pour teen déculturés ou véritable film de noël pour famille décomposée ?"

 Entre deux pétards et deux crises d'angoisse, Mike Howel, caissier dans un supermarché de Virginie Occidentale pensent à demander sa petite amie Phoebe Larson en mariage. Mais l'apparition d'une étrange cliente sur son lieu de travail va bouleverser à jamais sa vie. Mike découvre qu'il est un agent dormant et que Phoebe est une employé du gouvernement, mais pire encore, que sa mort a été programmé en haut lieux. S'il ne parvient pas encore à reconstituer le puzzle de sa vie, il a semble-t-il gardé quelques réflexes de son passé de «machine à tuer». Réflexes qui pourraient s’avérer lui être utiles..

Aristocratie culturelle oblige, Max Landis, fils d'un autre Landis fameux, gravit les marches d'Hollywood. Après s'être fendu du script d'un épisode de «Masters Of Horror» (réalisé, on vous le donne en mille, par papa), notre génie de la plume se serait fait un prénom en signant le scénario du «Chronicle» de Josh Trank. Succès surprise au box office ! (Ne nous demandez pas pourquoi, on cherche encore..) Le jeune se retrouve dans la cours des grands, accroché à l'une des plus périlleuses adaptations de l'année 2015 : «Victor Frankenstein» qui devrait être visible dans les salles de l'hexagone au moment où vous lirez ses lignes. Entre temps, Max s'est offert l'écriture d'une «bizzareté» à mi chemin entre «La mémoire dans la peau» et «KickAs » sauce «Mr et Ms Smith »... titrée avec un sens de la mesure très hollywoodien : American Ultra.


"... le jet de Nourizadeh s'échappe de son impasse conceptuelle à la force d'un script sans dessus dessous, ironisant sur une bonne partie de la production cinématographique yankee de ses dernières décennies."


La chose atterrira dans les mains du britannique Nima Nourizadeh, clippeur compulsif et réalisateur d'un indescriptible «Projet X» devenu phénomène générationnel et promis à devenir le «The Breakfast Club» des années 2010. Jesse Eisenberg, définitivement sur les traces de Michael Cera et Kristen Stewart, tour juste sortie des Twilight en deviendront les têtes d'affiches. Autant dire que nous y sommes allés à reculons, en hurlant et griffant le carrelage, comme tout patient promis au lavage de cerveau. Et bien oui, nous avons eu tord car si la bande annonce française et son argot «has been» donnaient par avance la nausée, cet «American Ultra» est sans discussion possible l'une des belles surprises de cette fin d'année. 



"Au fond, American Ultra ne respecte rien, si ce n'est son spectateur"

Shooté avec deux pieds gauche, souffrant d'une photographie et d'un cadrage douloureusement télévisuel, le jet de Nourizadeh s'échappe de son impasse conceptuelle à la force d'un script sans dessus dessous, ironisant sur une bonne partie de la production cinématographique yankee de ses dernières décennies. L'exercice est d'autant plus trippant qu'aucun effort d'esthétisme ne vient distraire le spectateur de cette farce au cynisme délicieux. Comme pour enfoncer le clou le tandem de camés crasseux Stewart/Eisenberg y fume tout ce qui passe dans le cadre (au sens propre comme figuré) avec un indiscutable sens de la dérision et de l'acting.

Au fond, American Ultra ne respecte rien, si ce n'est son spectateur, Voilà donc la grande force de de cette grosse heure et demi, et la force du cinéma americain actuel. Cette capacité à digérer ses propres codes , à passer sa propre substance au broyeur analytique et faire la plus acerbe des auto critiques, un divertissement. Fils de ou pas... on s'entendra sur un point «Il est libre max »...





Un œil sur le disque :

On le dit, on le redit, Metropolitan fait partie de ces éditeurs avec lesquels les mauvaises surprises techniques ne sont pas légion. Et ce n'est pas cette édition d' »American Ultra » qui viendra contredire cet état de fait. L'effort de Nima Nourizadeh nous est livré dans un beau master Flat 1.85 à la compression discrète. Les limites du support DVD sont toutefois atteintes et on ne saurait que trop vous recommander d'investir quelques euros de plus sur l'édition Bluray qui se trouve être de plus limitée et Steel Book. Pour le plaisirs des esgourdes du Français et de l'anglais (sous titré) en Dolby Digital 5.1. Dans le coffre à bonus, une grappe de bandes annonce, un making of, quelques interview, une featurette et un commentaire audio.