Belle Starr Story: Critique et test DVD


Diable, je n’étais pas loin de croire qu’Artus film avait coupé le robinet de l’euro-western. Depuis “Mort ou vif, de préférence mort”, l’éditeur s’était quelque peu détourné du genre, s’offrant toutefois la publication d’un beau livre d’Alain Petit, titré “20 ans de western européen”. Pour les pistoleros du mange disque,  cette traversé du désert vidéastique prendra fin en avril avec deux nouvelles galettes trouées : Belle Star Story et Matalo. Deux bobines définitivement atypiques et faut-il l’admettre quelque peu inattendues. On commence en beauté, avec le jolie minois d’ Elsa Martinelli  et la promesse d’un western aux accents féministes…ou pas !




"Belle Starr....Simone Veil ou Wonder Woman,  icône féministe ou égérie gay ?"

Car oui, “The Belle Starr Story”, non content d’être une des rares “westerneries” à offrir son rôle titre à une représentante du sexe faible, est aussi et peut être même surtout l’unique italo-western à porter la griffe d’une réalisatrice. Lina Wertmuller, planquée sous le pseudonyme de Piero Cristofani , accroche son oeuvrette aux culottes d’une “hors la loi” américaine mythique : Myra Maybelle Shriley Reed Starr (pourquoi faire court quand les mots sont gratuits). Cela suffit-il à faire de “The Belle Starr Story” une œuvre politique… Belle Starr:  Simone Veil ou Wonder Woman,  icône féministe ou égérie gay ? La réponse est sans doute beaucoup moins dans  cette pétaradante heure et demi que dans les interprétations  alambiquées des quelques cinéphiles blablateurs (dont je fais assurément partie).




“Belle Starr Story exhibe surtout sa Calamity Jane comme une extravagance providentielle, un argument, une caution d’originalité , un concept"


Certes, on pourra toujours expliquer qu’à quelques contre exemples près, la femme a occupé dans le western italien la plus fonctionnelle des conditions (Poules de Saloon, trophée  ou monture, l’un n'empêchant par l’autre) et que la seule substitution d’un homme sans nom par une femme sans barbe, trahit l’intention, que dis-je l’ambition d’un ouvrage éminemment progressiste. Mais ce serait sans doute passer un peu vite sur le code génétique du genre. Un cinéma populaire et commercial, captant l’air du temps pour mieux se vendre et se renouveler… Au prix de quelques savoureuses dégénérescences dont le western fayot est sans doute le plus bel exemple, dans le sens où il peut être considérer à lui seul comme un (sous) courant. Non ! Même en soulevant les tables et reluquant les dessous tiags, et sauf à considérer “Les gendarmes et les gendarmettes” comme un manifeste féministe, ce “Belle Starr Story” exhibe surtout sa Calamity Jane comme une extravagance providentielle, un argument, une caution d’originalité , un concept…Pire aurait tendance à faire de son héroïne, le prototype de la poupée qui non, puis oui, puis non, puis oui…, l'étendard d’une instabilité émotionnelle que l’on attribue souvent à nos amis les femmes… (Le premier qui sifflote le générique de 30 millions d’amis, se prend mon poing dans la gueule)




"l’occasion de croiser les regards perçants de George Eastman et Robert Woods"

Même si “Belle Starr Story” tire politiquement à blanc, cela ne l'empêche pas d’offrir un spectacle dans les clous,  tirant parti des beaux paysages yougoslaves  et l’occasion de croiser les regards perçants de George Eastman et Robert Woods. Une ballade qui n’est pas gâchée par la rouquine Elsa Martinelli, pépette à la beauté datée mais dont les apparitions enrobées de cuir claque comme un coup de fouet dans le slip. (Aie !) De là à y voir un titre phare de la collection “Euro Western” il y a un canyon dans lequel on se retiendra de tomber, mais il y a bien ici de quoi remplir une petite soirée de semaine… Si on vous le dit !




Un oeil sur le disque :

Artus films livre une galette honorable, offrant à nos mirettes rougies par l’attente un transfert 1.66, des pistes italienne et française. Cette dernière se trouve un peu étouffée par la Noise reduction en début de première bobine mais ne vous inquiétez pas , ça s'améliore vite. Pas de Curd Ridel dans les bonus, mais un Alain Petit en forme.