En ce mois de mai brûlant, Elephant Films continue d'arpenter les collines Hollywoodiennes par leur face monstrueuse... Après une série de galettes dédiées à Frankenstein et à Dracula, l'éditeur français consacre quatre disques (plus exactement 2 Bluray et 2 DVD) au loup garou et à la «créature». Poils ou écailles ? La bête change de visage et de nature, mais le menu vidéastique reste identique … Copies restaurées et présentation du maître Dionnet. En guise de célébration, Ecranbis.com livre deux papiers en forme de double programmes .. Et on commence en beauté ou presque avec La Revanche de la créature (Revenge of the Creature) et La créature est parmi nous (The Creature Walks Among Us).
"L'étrange créature du lac noir avait le mérite d'installer, quelques décennies après l'apparition des monstres classiques de l'Universal, une nouvelle créature dans la culture pop."
Que les jeunes loups en prennent bonne note, les sacro saintes fifties furent les premières à essuyer la vague du cinéma relief... Et Jack Arnold, prince de l'imaginaire (Tarantula, L'homme qui rétrécit) fut l'un des prolifiques artisans de ce nouveau miracle pelliculaire et commercial. Le cinéaste livrera aux salles obscures pas moins de trois long métrages en 3D dont le désormais classique et incontournable «The Creature of the Black Lagoon » (L'étrange créature du lac noir) ainsi que sa suite directe « Revenge of the Creature». Ce prolongement conservera longtemps (jusqu'aux Resident Evil et au Piranha 3DD John Gulager en fait) la particularité d'être la seule suite en relief d'un film en relief.
L'étrange créature
du lac noir avait le mérite d'installer, quelques décennies après
l'apparition des monstres classiques de l'Universal, une nouvelle
créature dans la culture pop. Mi homme, mi truite, le monstre
imprime les rétines de quelques générations de
cinéastes. Le splendide costume d'amphibien fera des petits...Des
bestioles du continent des hommes poissons à la Créature des marais tous lui
devront au moins un petit quelque chose. Le succès critique et
commercial de ce premier jet poussera fort logiquement le studio aux
prolongations, sous la forme d'un suite en 3D puis d'un troisième
film «plat». Deux bobines qu'il n'est d'ailleurs pas interdit de
considérer comme mineures.
"Repêchée par le magnétisme de certaines scènes, par les apparitions de son homme poisson et par la patine du temps, La revanche de la Créature se reluque sans déplaisir."
La revanche de la Créature joue pour commencer la carte du changement de décors. Très vite capturée et arrachée à son milieu naturel et son lac d'origine, notre bestiole à écailles se voit plongée dans un aquarium géant. Mais même sous le soleil de Floride, la perspective de jouer à la fois les bêtes de foire et le sujet d'étude n'a rien de très réjouissant. La bestiole s'échappe donc, semant la terreur dans les alentours... Aussi attaché à son monstre, que ce dernier à sa piscine, Revenge of the Creature tourne un peu en rond, ou plutôt nage en cercle autour d'un Gill Man, filmé sous toutes les coutures. Il passe de gauche à droite, de droite à gauche, apparaît aux fenêtres, aux hublots et en arrière plan d'inévitables palabres relatifs à un triangle amoureux classique...Deux coqs se disputant la même poule (d'eau ?). On pense par instant à King Kong et à d'autre à la belle et la bête mais ça manque un peu d'élan, se dit-on face à ce passage de relais parfois douloureux...
Mais le jet de Jack Arnold n'en tombe pas à l'eau pour autant. Repêché par le magnétisme de certaines scènes, par les apparitions de son homme poisson et (aussi, il faut bien le dire) par la patine du temps, La revanche de la Créature se reluque sans déplaisir. D'autant plus que si le film n'est pas présenté dans son relief originel, il bénéficie d'un très beau master HD et d'une copie restaurée attractive. Pas de ré-évaluation en vue, mon capitaine mais du plaisir plein les filets ! Les amateurs de vieilles casseroles, de belles choses et les défenseurs du règne animal ne s'y tromperont pas. Car bien sûr, dans «la revanche de la créature», le monstre n'est pas toujours celui que l'on croit...Cerise sur le gâteau, le beau Clint Eastwood traverse le cadre sans être crédité...
“The Creature Walks Among Us , dernier chapitre d'une trilogie monstrueuse et aquatique, échappera à une dégénérescence programmée ( La fameuse loi des séries) par un plongeon acrobatique dans les profondeurs abyssales de la série B."
Un an plus tard, l'eau est un peu plus froide dans la mare aux canards, mais le public n'est ne nous dit-on pas frileux. L'Universal entend exploiter son nouveau mythe jusqu'aux arrêtes. Jack Arnold a quitté le navire de la série B, attiré par le phare de la série A. John Sherwood, éternel assistant réalisateur espère lancer une carrière qui prendra fin l'année suivante avec “The Monolith Monsters”. De ce parcours météoritique reste donc “The Creature Walks Among Us“ , dernier chapitre d'une trilogie monstrueuse et aquatique, suite qui échappera à une dégénérescence programmée ( La fameuse loi des séries) par un plongeon acrobatique dans les profondeurs abyssales de la série B. Savant fou, mutation et relooking permettant de faire entrer le “Gila Man” au panthéon du Craignos Monster... Tout les ingrédients du spectacle de drive-in se trouvent réunis...Pour le meilleur et le pire.
“ The Creature Walks Among Us trouvera sans doute garce aux yeux des cinéphiles completistes mais devrait aussi faire de l'oeil aux amateurs de B movies retro"
Oui ! le script de“The Creature Walks Among Us“ donne l'impression de se faire prendre sous la douche, savonnette en cache sexe et du gel douche plein les yeux ... "Qui c'est ?". "Personne" lui répond poliment le spectateur en considérant avoir été prévenu. Ce qui est ici donné à voir se trouve bien sûr déshabillé de subtilité. Mieux, l''objectif purement commercial de l’embardée apparait dans le plus simple appareil. On ne peut pas ré-inventer le septieme art à chaque tour de bobine et il faut bien vendre du pop corn. Pourrions nous écrire.
N'en déplaise aux distributeurs de sentences et aux plumes frappées de certitudes diverses, “La créature est parmi nous” est loin de faire pale figure et se montre même par certains côtés plus excitant que “Revenge of the creature”. Peut être parce que la bête y est plus victime que jamais (Il faut dire que le nouveau maquillage l'aide beaucoup). Peut être pour les situations abracadabrantesques voulues par un propos tout aussi farfelu. Peut être parce que le spectateur pressent que le rideau est sur le point de tomber , emportant dans sa chute l'étonnant spécimen. Une forme de nostalgie prédictive donc... Et si l'effort de John Sherwood ne parvient pas plus que “Revenge of the creature” a retrouver l'éclat , le magnétisme et magnificence de L'étrange créature du lac noir, (Faute de budget, sans doute), il en reprend une trame (une vague histoire de capture puis d'évasion) mais aussi le propos. La créature, incarnation de dame nature, souffrant de la corruption civilisationnelle et humaine... Le brulot écologique n'est pas loin, je dirais mieux, la bête y nage en plein dedans !
"Repêchée par le magnétisme de certaines scènes, par les apparitions de son homme poisson et par la patine du temps, La revanche de la Créature se reluque sans déplaisir."
La revanche de la Créature joue pour commencer la carte du changement de décors. Très vite capturée et arrachée à son milieu naturel et son lac d'origine, notre bestiole à écailles se voit plongée dans un aquarium géant. Mais même sous le soleil de Floride, la perspective de jouer à la fois les bêtes de foire et le sujet d'étude n'a rien de très réjouissant. La bestiole s'échappe donc, semant la terreur dans les alentours... Aussi attaché à son monstre, que ce dernier à sa piscine, Revenge of the Creature tourne un peu en rond, ou plutôt nage en cercle autour d'un Gill Man, filmé sous toutes les coutures. Il passe de gauche à droite, de droite à gauche, apparaît aux fenêtres, aux hublots et en arrière plan d'inévitables palabres relatifs à un triangle amoureux classique...Deux coqs se disputant la même poule (d'eau ?). On pense par instant à King Kong et à d'autre à la belle et la bête mais ça manque un peu d'élan, se dit-on face à ce passage de relais parfois douloureux...
Mais le jet de Jack Arnold n'en tombe pas à l'eau pour autant. Repêché par le magnétisme de certaines scènes, par les apparitions de son homme poisson et (aussi, il faut bien le dire) par la patine du temps, La revanche de la Créature se reluque sans déplaisir. D'autant plus que si le film n'est pas présenté dans son relief originel, il bénéficie d'un très beau master HD et d'une copie restaurée attractive. Pas de ré-évaluation en vue, mon capitaine mais du plaisir plein les filets ! Les amateurs de vieilles casseroles, de belles choses et les défenseurs du règne animal ne s'y tromperont pas. Car bien sûr, dans «la revanche de la créature», le monstre n'est pas toujours celui que l'on croit...Cerise sur le gâteau, le beau Clint Eastwood traverse le cadre sans être crédité...
“The Creature Walks Among Us , dernier chapitre d'une trilogie monstrueuse et aquatique, échappera à une dégénérescence programmée ( La fameuse loi des séries) par un plongeon acrobatique dans les profondeurs abyssales de la série B."
Un an plus tard, l'eau est un peu plus froide dans la mare aux canards, mais le public n'est ne nous dit-on pas frileux. L'Universal entend exploiter son nouveau mythe jusqu'aux arrêtes. Jack Arnold a quitté le navire de la série B, attiré par le phare de la série A. John Sherwood, éternel assistant réalisateur espère lancer une carrière qui prendra fin l'année suivante avec “The Monolith Monsters”. De ce parcours météoritique reste donc “The Creature Walks Among Us“ , dernier chapitre d'une trilogie monstrueuse et aquatique, suite qui échappera à une dégénérescence programmée ( La fameuse loi des séries) par un plongeon acrobatique dans les profondeurs abyssales de la série B. Savant fou, mutation et relooking permettant de faire entrer le “Gila Man” au panthéon du Craignos Monster... Tout les ingrédients du spectacle de drive-in se trouvent réunis...Pour le meilleur et le pire.
“ The Creature Walks Among Us trouvera sans doute garce aux yeux des cinéphiles completistes mais devrait aussi faire de l'oeil aux amateurs de B movies retro"
Oui ! le script de“The Creature Walks Among Us“ donne l'impression de se faire prendre sous la douche, savonnette en cache sexe et du gel douche plein les yeux ... "Qui c'est ?". "Personne" lui répond poliment le spectateur en considérant avoir été prévenu. Ce qui est ici donné à voir se trouve bien sûr déshabillé de subtilité. Mieux, l''objectif purement commercial de l’embardée apparait dans le plus simple appareil. On ne peut pas ré-inventer le septieme art à chaque tour de bobine et il faut bien vendre du pop corn. Pourrions nous écrire.
N'en déplaise aux distributeurs de sentences et aux plumes frappées de certitudes diverses, “La créature est parmi nous” est loin de faire pale figure et se montre même par certains côtés plus excitant que “Revenge of the creature”. Peut être parce que la bête y est plus victime que jamais (Il faut dire que le nouveau maquillage l'aide beaucoup). Peut être pour les situations abracadabrantesques voulues par un propos tout aussi farfelu. Peut être parce que le spectateur pressent que le rideau est sur le point de tomber , emportant dans sa chute l'étonnant spécimen. Une forme de nostalgie prédictive donc... Et si l'effort de John Sherwood ne parvient pas plus que “Revenge of the creature” a retrouver l'éclat , le magnétisme et magnificence de L'étrange créature du lac noir, (Faute de budget, sans doute), il en reprend une trame (une vague histoire de capture puis d'évasion) mais aussi le propos. La créature, incarnation de dame nature, souffrant de la corruption civilisationnelle et humaine... Le brulot écologique n'est pas loin, je dirais mieux, la bête y nage en plein dedans !
A défaut d'être indispensable, “ The Creature Walks Among Us” trouvera sans doute garce aux yeux des cinéphiles completistes mais devrait aussi faire de l'oeil aux amateurs de “B movies” retro, surtout que la chose nous parvient dans une belle copie, non HD certes... mais restaurée.
Un oeil sur les disques :
Elephant annonce des Combo Bluray+DVD , ainsi que des éditons DVD simples pour "La revanche de la créature". Le bluray que nous avons eu entre les mains propose une belle copie 1.33 et une unique piste audio anglaise (DTS-HD 2.0) ainsi que des sous titres français. Côté "La créature est parmi nous" , ce sera un simple DVD, une copie 1.33:1 et une piste anglais monophonique sous titrée en français. Un livret signé Damien Aubel, rédacteur en chef cinema de Transfuge , devrait être proposé avec chaque disque. Dans le lac aux bonus, Dionnet fait du Dionnet, c'est justement pour cela qu'on l'aime.