La proie de l'autostop: Critique et test DVD



Figure cinématographique sulfureuse si il en est, “Le Rape en revenge” n’en finit plus  de tourmenter les belles et vertueuses âmes de la bissosphère française. Le sous genre  s’est peut être cristallisé au début des années soixante dix avec l’œuvre choc de Wes Craven “La dernière maison sur la gauche”, il reste au fond  et cependant une simple  déclinaison sexualisée d’un cinéma populaire. Une branche  revancharde du septième art affichant sans retenu sous goût pour la loi du talion et une  forme de justice archaïque, comme le “vigilante film” chantait les louanges du ménage par le vide. Pour revenir sur ce genre Maudit, Artus Films qui avait déjà accroché “La dernière maison sur la plage” à son tableau de chasse, se tourne à nouveau vers le cinéma italien et exhume “La proie de l’autostop”, œuvre à part, quasi déconnectée de la carrière d’un Pasquale Festa Campanile peu connu des cinéphiles français.


"Un temps classée X, La proie de l’autostop ne fut exploitée que dans une version particulièrement incomplète en VHS et surtout remontée."



Et cela tombe bien car l’œuvrette fut victime d’une double peine dans l’hexagone. Un temps classée X, “La proie de l’autostop” ne fut exploitée que dans une version particulièrement incomplète en VHS et surtout remontée. Cette édition DVD nous permet de découvrir le jet de Pasquale Festa Campanile dans son jus, comprendre dans un montage intégral. Le récit s’accroche à l’asphalte et à un couple en déconfiture...Dans “La proie de l’autostop” le road movie yankee est partout, même si ses personnages ne traversent au fond qu’une Amérique contrefaite, quelques panneaux en anglais déposés sur les routes transalpines, le rhabillage d’une station essence. La photo s'évertue à  abandonner Nero, Hess et Clery dans l’immensité des décors présumés californiens et par instant il faut avouer qu’on y croirait presque…

 "Cette américanitude crasseuse, âpre, cheap  faisant de la copie une œuvre à part, inimitable. La gratuité de la violence, de l'érotisme… en prime. "




Mais qu’importe la présence d’un David Hess, venu sur le vieux continent tirer profit d’une petite notoriété, le reste du cast nous ramène désespérément en Italie. Le regard menthe glaciale de Franco Nero, moustache virile et jeu convenu, l’affriolante Corinne Clery, nymphe échappée d'Histoire d’O” et qui connaîtra une carrière transalpine loin d’être anecdotique...Du moins pour l’amateur de bis ( Yor le chasseur du Futur, L’humanoïde). Et puis il y a la forme, une question de facture, d’atmosphère et de ton, si propre au cinéma d’exploitation rital des seventies… Cette américanitude crasseuse, âpre, cheap  faisant de la copie une œuvre à part, inimitable. La gratuité de la violence, de l'érotisme… en prime.


"le jet de Pasquale Festa Campanile s’amuse peut être plus d’un très classique triangle de personnages qu’il ne s'embarrasse des questions de l’auto défense  et de l’auto-justice. "




Pour le reste et assez bizarrement, le jet de Pasquale Festa Campanile s’amuse peut être plus d’un très classique triangle de personnages qu’il ne s'embarrasse des questions de l’auto défense  et de l’auto-justice. C’est au final dans le flou des rapport entre son tandem dysfonctionnel et un psychopathe autostoppeur que l’œuvre trouve sa matière et sa substance. Le nihilisme et le cynisme accompagne la danse sous un soleil de plomb. Certes, il serait sans doute assez malhonnête de prétendre que “La proie de l’autostop” est un grand film,  mais il n’en reste pas moins une œuvre intéressante et suffisamment “marquante” pour justifier l’achat. D’autant plus que la chose s’accompagne d’un petit livre “Rape and Revenge, un genre maudit” signée par la plume de David Didelot (Quelle actualité mon cher David ! Quelle actualité) . Un ouvrage porte d’entrée et par conséquent indispensable à la compréhension du genre.





Un œil sur le disque:


Artus films  livre un coffret classieux dans lequel sont glissé un digipack Classieux et le livre de David Didelot. La proie de l’autostop bénéficie elle  d’un master sans défaut et  au format d’origine. Dans les bonus, David Didelot présente le film. Bonne pioche !