Basket Case 3, Frankenhooker : Critique et test Bluray




"Versant dans le loufoque et l'absurde, cette ultime tour de piste des frères siamois a le mérite de déposer sur la table tous les ingrédients de la cuisine Henenlotter. Grand guignol, difformité, sexe et humour noir."

Au crépuscule de vacances d'été, les baigneuses commencent à faire la moue et Carlotta Films livre les amateurs de «mauvais genre» en Bluray inattendus. Sous l'étiquette «Midnight Collection», l'éditeur français entend en effet exhumer quelques «perles» des années VHS. Un effort débuté il y a quelques semaines, par une virée dans les ruelles sombres de l'action flix ricain (Le droit de tuer, Blue Jean Cop, Le Scorpion rouge, Maniac Cop...Rien que ça) et qui trouve un audacieux prolongement dans l'exposition de quatre métrages signés par le cinéaste New Yorkais Frank Henenlotter. De quoi rentre presque supportable de la tronche de raie de votre patron lorsque vous rentrerez au boulot ? Ecranbis.com est en tous cas sorti de sa torpeur estival pour célébrer ces sorties inespérées... 


"Une dernière turbulence offerte par une série B américaine en pleine métamorphose."

En 1991, Frank Henenlotter offre une dernière (du moins à ce jour) aventurette pelliculaire à Duane et Belial, les deux personnages de son premier long métrage. Basket Case 3: The Progeny clôturera une riche période d'activité pour le cinéaste qui vient de réaliser pas moins de quatre films en 3 ans (Brain Damage, Basket Case 2, FrankenHooker dont nous vous parlons un peu plus bas). Mais l’œuvre marque également le début d'une longue pause dans sa filmographie. Durant 16 ans, le réalisateur New Yorkais disparaît pratiquement des écrans radars pour réapparaître par la porte dérobée du low budget et du Direct to Vidéo avec «Bad Biology» Basket Case 3, fut donc longtemps (C'est à dire jusqu'en 2008) considéré comme une œuvre quasi testamentaire. Une dernière turbulence offerte par une série B américaine en pleine métamorphose.



Versant dans le loufoque et l'absurde, cette ultime tour de piste des frères siamois a le mérite de déposer sur la table tous les ingrédients de la cuisine Henenlotter. Grand guignol, difformité, sexe et humour noir. Mais entraîné par son propre élan, le propos glisse dans la farce. Le cinéma de Lloyd Kaufman n'est plus très loin et par bien des aspects, Basket Case 3 rappelle les plus fréquentables et délirants efforts de la mythique TROMA. De fait, ce troisième opus poursuit le virage amorcé par le second. Duane et Belial, humain monstrueux ou monstre humain, traversent pratiquement le cadre à la manière d'un duo comique, tout comme Freddy Kruegger, le cauchemardesque croquemitaine des « Griffes la nuit» se transformera de suite en sequelle, en vedette, en  personnage de comédie, un animateur vaguement effrayant et bout en train. Le prix à payer d'une entrée dans la culture populaire.

Basket Case 3 est donc au même titre que Basket Case 2, une œuvre de déconstruction mais n'en reste pas moins jouissive par son jusque boutisme et son goût pour la provocation. Un film fou, peut le plus déconnecté et décomplexé de la trilogie

"Frankenhooker constitue une pièce de choix dans la filmographie de Frank Henenlotter et une œuvre assez représentative de la fin des années 80."


Réalisé un an plus tôt mais toujours sous la houlette de la SEG (Shapiro-Glickenhaus Entertainment) , Frankenhooker constitue une pièce de choix dans la filmographie de Frank Henenlotter et une œuvre assez représentative de la fin des années 80. Il y a d'abord le titre «Frankenhooker», littéralement «FrankenPute» qui ramène aux titrages farfelus qui encombrent les linéaires de vidéoclubs d'alors ( Hollywood Chainsaw Hookers, Sorority Babes …) Il y a surtout la promesse d'un mythe revisité, celui du Prométhée moderne de Mary Shelley, celui de la créature de Frankenstein ou plus exactement son alter égo féminin apparu pour la première fois à l'écran au milieu des années 30. Le vestige pelliculaire d'une première fièvre horrifique hollywoodienne et d'une Universal triomphante est déjà reviendra à intervalles réguliers hanter le cinéma d'exploitation de façon franche (La promise de Franc Roddam ), modernisé (le Weird Science de John Huges ou plus récemment le très mauvais Hotbot) , par la bande (Cherry 2000) ou de la plus irrévérencieuse des manières. (Comme dans "The Bride of Reanimator" ou  dans le film qui occupe aujourd'hui ces colonnes numériques).


"Il y a surtout la promesse d'un mythe revisité, celui du Prométhée moderne de Mary Shelley, celui de la créature de Frankenstein ou plus exactement son alter égo féminin apparu pour la première fois à l'écran au milieu des années 30."


La créature chez Henenlotter devint naturellement objet sexuel, un être composite (un assemblage de membres de prostitués) modelée pour répondre au désir et à l'amour (la frontière est ici plus que jamais flou) de son créateur, quelque part en l'animal empaillé,  l'être cybernetique et le sex toys de chair.





Un œil sur les disques : 

Dans les deux cas, Carlotta nous livre des masters haute définitions 1080/24p plein cadre 1.78 au piqué acéré. Autant dire que l'on redécouvre complétement les deux oeuvrettes. Côté Frankenhooker, on a droit à des pistes audio DTS HDMA stéréo en version originale ou en doublage français. (Sous titres français disponible). Côté Basket Case 3, il faudra de satisfaire d'une piste VO sous titrée en DTS HDMA stéréo. L'éditeur semble décidé à faire l'impasse sur les suppléments et ne propose qu'une bande annonce.