Pris en Sandwich entre deux péloches yankee sortant à le même mois, (“L'ultime chevauchée” et “la vallée du solitaire”) , Charley le borgne vient prolonger d’une galette la collection western européen de l’éditeur Artus Films. Au programme un œuvre gentiment insaisissable qui à la manière des frusques ayant survécus aux soldes et à trois démarques successives, arborent suffisamment d’étiquettes pour tromper l’œil pourtant vigilant de la grognasse économe. Non il n’est pas facile de classer définitivement le jet de Don Chaffey mais porté par l’élan de l’ex-touriste retrouvant ses collègues de bureau, les yeux reposée et du sable plein les pompes ( Vous allez voir les gars, je vais tout péter), on a quand même essayé…
"Charley Le Borgne appartient à cette poignée de péloches discrètes caressant l’espoir de répondre simultanément aux succès arrogants du western italien et américain."
Courant anecdotique ou terre infertile, le western britannique n’aura ni marqué le genre, ni les esprits…”Charley Le Borgne” appartient à cette poignée de péloches discrètes caressant l’espoir de répondre simultanément aux succès arrogants du western italien et américain. Il y a ici tout le drame du cinéma anglais qui se joue. Un cinéma qui à l’instar de pays qui l’a vu naître, se trouve systématiquement pris entre deux eaux… Un cinéma dont les aspirations culturelles et linguistiques appellent vers le large et le nouveau monde, mais dont la réalité géographique ramène avec systématisme vers le vieux continent. A croire que l’Angleterre est beaucoup moins une île qu’un bateau sans rame, contraint ( what the fuck !) au “sur place” et l’espoir d’une dérive impossible.
Seulement voilà “Charley Le Borgne”, sous ses airs de “I Can do it too Movie” lorgne aussi (d’un œil faute de mieux) sur la mode de la blacksploitation, allant même jusqu’à offrir son premier rôle à Richard Roundtree, Shaft en personne, acteur emblématique des “Nuits rouges de Harlem” . Il n’est donc pas interdit d’aborder cette série B comme un second coup double et une tentative de genre dans le genre. Fatche un western blacksploitatif...anglais… ça commence à faire beaucoup mais, soucieux de brouiller les pistes, les producteurs crurent bon d’en confier les commandes à un certains Don Chayffey, connu pour One Million Years B.C, Jason and the Argonauts , Peter et Elliott le dragon et quelques péloches aux titres prometteurs : la magie de Lassie ou encore Mais où est donc passé mon poney ( Demandes à D’Amato, je l’ai vu partir avec… )
"Charley le borgne se concentre et par ailleurs se recadre sur son trio de protagonistes, quitte à laisser les paysages d’Almeria dans l’arrière plan et à tourner le dos au dieu Scope. De l’art d’enfermer l’Andalousie dans un 1.37, pour n’en garder que l’essentiel, la chaleur écrasante et la solitude de l'homme. "
Le vase n’ayant pas débordé, Roy Thinnes, l’homme qui les a vu et dont la carrière a eu beaucoup de mal à s’en remettre, se coltine un rôle d’indien boiteux. Pour le reste, Charley le borgne se concentre et par ailleurs se recadre sur son trio de protagonistes, quitte à laisser les paysages d’Almeria dans l’arrière plan et à tourner le dos au dieu Scope. De l’art d’enfermer l’Andalousie dans un 1.37, pour n’en garder que l’essentiel, la chaleur écrasante et la solitude de l'homme. Dans les bonus, Alain Petit prévient, Charley le borgne ne ressemble à rien (Quel vendeur ce Alain !) et dans les fait, il a un peu raison, cette balade en plein cagnard ne ressemble finalement qu’à elle même. Un film curieux pratiquement arque-bouté sur lui même et hanté par le spectre d'un racisme ordinaire.
Pas dit que tous les bisseux et westernophiles de l’hexagone y trouvent de quoi remplir la gamelle, mais aussi bien torché qu’économique, l’effort a le mérite de sortir des sentiers battus. Autrement dit, Charley le Borgne, c’est pas mal, jettez y un oeil !
Un œil sur le disque :
Pour cause d’absence de doublage français, Artus films présente Charley le borgne en version originale anglaise accompagnée de sous titres français, et dans son format d’origine 43 1.37. Dans la section suppléments, Alain Petit assure les présentations. Un disque simple mais correct.