Bien parti pour nous dézinguer le porte monnaie, le plus poilu des éditeurs français célèbre la science fiction vintage d’un combo digipack livre dont il a le secret. Au programme, un ouvrage de soixante pages entièrement consacré à la SF anglaise et l’édition DVD totalement inattendue du “Pionnier de l’espace” de Robert Day. De quoi remplir les yeux d’étoiles et occuper un après midi ( l’un n'empêchant à priori pas l’autre) . Ecranbis.com, de retour dans la galaxie, s’est essayé à ce cocktail culturel et se présente au rapport.
Tourné pratiquement en trompe l’œil, comprendre en tentant de nous prendre la campagne anglaise pour le sud de l’amérique (Et Alain Petit dans les bonus ose dire qu’il n’y a vu que du feu ! ) ,”Le Pionnier de l’espace” débute par le lancement d’un programme d’exploration spatiale et par quelques échanges radiophoniques à l'érotisme joyeux. mais nécessaire. Non vous n’y comprendrez rien, rassurez vous la poignée de barbots en uniformes lançant des ordres à un imbécile heureux affrontant le vide cosmique, n’y entravent guère plus. L’air déterminé à la Manuel Valls, on exhibe casquettes et breloques , tandis que les fusées décollent, se perdent, s’écrasent, on ne sait pas trop comment et encore moins où. Autrement dit, il y a dans dans la posture de cet état major , beaucoup du drame socialiste et dans l’air un peu niais du poisson pilote catapulté vers les cieux, l’incarnation involontaire du “peuple de gauche”. Fatche, ”Le Pionnier de l’espace” n’est pas un film d’anticipation , c’est un spectacle divinatoire.
"Cette série B anglaise nous offre un superbe Craignos monster, interrogeant l’humanité entière d’un œil larmoyant de regrets"
Évidemment, notre cobaye, pris dans une tempête de sable cosmique va se retrouver littéralement crépis et termine son exploit par une catastrophe sans atterrissage, dans la Mecque du crash spatiale : Le Nouveau Mexique. Comme on ramène la chtouille de La Joncquera, le brave homme ramène de son périple extra atmosphérique un mal plutôt invalidant. Un look merguez oubliée sur le barbecue et une insatiable soif de sang qui le conduisent immédiatement à s’attaquer à une belle vache puis à une jolie poule. L’amateur de vieilles choses et de aventurettes sous budgétées, évidemment, savoure. Cette série B anglaise nous offre un superbe “Craignos monster”, interrogeant l’humanité entière d’un oeil larmoyant de regrets ( si j’avais su!) . Le summum est atteint lorsque dans les dernières minutes, la bestiole emprunte la diction tremblotante et mono tone d’un Stéphane Hessel pour narrer ses mésaventures.
"Il faut ajouter à l’addition, le charme tout à fait particulier qui habille toute péloche européenne tentant (souvent en vain) de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas"
Pas vraiment aidé par son doublage français, ”Le Pionnier de l’espace” manque plus d’une fois de tomber dans le risible mais parvient toutefois à garder la tête hors de l’eau. Essentiellement par sa face horrifique, certes un peu sous exploitée mais néanmoins prégnante, et le relooking façon “colombin acnéique’ de son pauvre cosmonaute. De quoi faire passer la pilule d’un usage désordonné de stock shots et quelques palabres militaro scientifique sans élans. Il faut ajouter à l’addition, le charme tout à fait particulier qui habille toute péloche européenne tentant (souvent en vain) de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas. Après tout le cinéma n’est-il pas l’art du faux ? Le message ( si message il y a) , se trouve lui essentiellement porté un ultime dialogue au fatalisme remarquable…tandis que la dulcinée du défunt, passe la main autour de la taille de son frère… Tant qu’il y aura des hommes… il y aura des femmes…
Difficile de taxer ”Le Pionnier de l’espace” de pépite injustement envoyée aux oubliettes du septième art. Mais la chose vaut sans doute au moins un coup d’oeil. L’ouvrage d’Alain Petit se dévore lui d’une traite.
Un oeil sur le disque :
La copie baignant dans le jus de son 1.33 d’origine est loin d’être impeccable mais il en faudra un peu plus pour décourager les amateurs de vieilles casseroles. La chose s’accompagne des pistes anglaise, française et de sous titres français. Dans les suppléments, Alain Petit fait le show (ou le chaud, on ne sait pas trop)