Une famille d’américains moyens en
perdition sur les routes du nouveau Mexique, une poignée
d'autochtones sanguinaires... La formule, la mise en
équation ont le mérite d'être simples, surtout de justifier le
vulgaire d'une mise en opposition et de l'affrontement de deux
Amériques... D'un côté celle du Nord (en l’occurrence ici de
l'Ohio, à en croire les T-shirts traversant t le cadre), des villes,
des banlieues pavillonnaires, transportant dans ses valise
civilisation, modernisme et progressisme , de l'autre celle d'un sud,
mal-connue et ténébreuse, fille d'une nature hostile , fatalement
conservatrice, xénophobe et pour enfoncer le clou consanguine...
Cannibale tant qu'on y est !
"Le deuxième jet de Wes Craven a beau
baigné dans le culte, tout lui refuse l'enviable statut de film
fondateur. "
Le deuxième jet de Wes Craven a beau
baigné dans le culte, tout lui refuse l'enviable statut de film
fondateur. Au moins aura-t-il eu le mérite d'installer
définitivement après un remarquable et remarqué «La dernière
maison sur la gauche» le cinéaste dans le cœur des cinéphiles.
Pour le reste «La colline à des yeux...» tient surtout du passage
de relais avec le «The Texas Chainsaw Massacre» d'un
Hooper lui même lancé sur les traces de Borman ( Deliverance) et de
Herschell Gordon Lewis (2000 maniacs) . Un cinéma d'horreur
prétendu réaliste, puisant son inspiration dans une collection de
récits morbides tenant alternativement du fait divers historique (le
clan Sawney Bean
en écosse, L'auberge de Peyrebeille en France aux 19
siècles), de la légende urbaine mais aussi d'une part d'inconscient
collectif... De cette autre histoire américaine qui ruisselle en
douce sous bien des pépites du cinéma de genre, cette idée d'une
civilisation construite sur la conquête d'un territoire de force et
par le sang. Pour le dire de façon plus abrupte de la victoire du
colon sur l'indigène.. Il y a dans « La colline a des yeux »
de façon plus ou moins volontaire, plus ou moins assumée beaucoup de
l'attaque de la diligence par les indiens. L'effort de Craven peut en
tous les cas être visionné à travers ce prisme. Mais chut, on ne
vous a rien dit !
"Il y a dans La colline a des yeux
de façon plus ou moins volontaire, plus ou moins assumée... beaucoup de
l'attaque de la diligence par les indiens."
Car ce qui est peut être le plus intéressant dans «La colline a des yeux» , c'est bien le discours dans le discours, les forces à l’œuvre dans l'ombre d'un récit horrifique. Cette idée d'une violence en appelant une autre, exposée de façon de manière excessivement frontale, sans intellectualisation, ni analyse morale … Une mise en scène de la pulsion liant les deux premiers métrage de Wes Craven , et clouant le film aux années 70. Une décennie qui voit naître plusieurs courants parallèles ( Rape and revange, cinéma d'auto justice... ) arche-boutés sur cette thématique ou plutôt sur ce qui nous est donné à voir comme étant une relation de cause à effet. Un concept qui a été amplement digéré par le cinéma de genre jusqu'aux plus récents et modernes exemples de survival , jouant la carte du twist et de la victime devenue bourreau... A tel point que la nature transgressive du propos nous échappe en partie. Un paradoxe à l'heure où tout semble interrogé par un moralisme inquisiteur.
Car ce qui est peut être le plus intéressant dans «La colline a des yeux» , c'est bien le discours dans le discours, les forces à l’œuvre dans l'ombre d'un récit horrifique. Cette idée d'une violence en appelant une autre, exposée de façon de manière excessivement frontale, sans intellectualisation, ni analyse morale … Une mise en scène de la pulsion liant les deux premiers métrage de Wes Craven , et clouant le film aux années 70. Une décennie qui voit naître plusieurs courants parallèles ( Rape and revange, cinéma d'auto justice... ) arche-boutés sur cette thématique ou plutôt sur ce qui nous est donné à voir comme étant une relation de cause à effet. Un concept qui a été amplement digéré par le cinéma de genre jusqu'aux plus récents et modernes exemples de survival , jouant la carte du twist et de la victime devenue bourreau... A tel point que la nature transgressive du propos nous échappe en partie. Un paradoxe à l'heure où tout semble interrogé par un moralisme inquisiteur.
Pour le reste, la colline a des yeux a
également le mérite (parfois un peu involontaire) de mettre la
forme à la hauteur du fond. Une mise en image âpre, brutale, parfois maladroite offrant au propos une qualité
documentaire elle aussi dans l'air du temps. Peut être un peu surévaluée, c'est vrai, évidemment datée (Comment pourrait-il en
être autrement) La colline a des yeux en a tout de même encore sous
le coffre et mérite amplement le déplacement en salle.
Sortie cinéma : Le 23 Novembre 2016
Sortie cinéma : Le 23 Novembre 2016
Nous nous sommes souvent émus (parfois
amusés) dans ces colonnes numériques, des divergences
cinéphiliques que nous entretenons avec nos cousins d'Amérique.
Métrage cultes pour les uns, nanars carabinés pour les
autres...certaines bobines changent d'étiquette et de place en
traversant l’atlantique. Des différences de considération qui
s'expliquent sans doute de bien des manières...Particularités
culturelles... générationnelles (et dieu sait que l'on peine encore
à se défaire de l'analyse post soixante-huitarde qui a collé au
cinéma de genre comme un vieux chewing gum à un dessous de basket)
et parfois des raisons plus terre à terre. Rendons nous à
l'évidence, une bonne partie des péloches touchées par ce mal
étrange ont d'abord été les victimes d'une invisibilité chronique
dans l'hexagone. Mais il y a aussi ces bobines qui sont parvenues à
faire l'unanimité...Contre elles. La colline a des yeux deuxième du
nom est définitivement ranger dans cette une longue liste de films
maudits, infréquentables … mais aussi indiscutablement curieux et
par conséquent intéressants.
"La colline a des yeux deuxième du
nom est définitivement ranger dans cette une longue liste de films
maudits, infréquentables … mais aussi indiscutablement curieux et
par conséquent intéressants."
Car oui, sur le papier, 1984 a presque des airs d'année faste pour Wes Craven. Son glaçant «Invitation pour l'enfer» (Disponible en Z2 chez Elephant Films) caracole sur les petits écrans, épinglant les petits secrets d'une Amérique bourgeoise pratiquant le plus inquiétant des entre-soi. Le cinéaste livre également à nos mirettes embuées et en la personne d'un grand brûlé à la mimine griffue (Freddy Krueger), le 3e visage du cauchemar américain, le dernier véritable croquemitaine des années 80. (Nightmare on Elm Street/Les griffes de la nuit). Et puis il y a «La colline a des yeux 2», suite éminemment tardive et un peu forcée, qui n'embrasse aucune des qualités des œuvres précitées et que Craven aurait envisagé comme un travail alimentaire. Non pas un film illégitime mais une œuvrette non désirée.
Car oui, sur le papier, 1984 a presque des airs d'année faste pour Wes Craven. Son glaçant «Invitation pour l'enfer» (Disponible en Z2 chez Elephant Films) caracole sur les petits écrans, épinglant les petits secrets d'une Amérique bourgeoise pratiquant le plus inquiétant des entre-soi. Le cinéaste livre également à nos mirettes embuées et en la personne d'un grand brûlé à la mimine griffue (Freddy Krueger), le 3e visage du cauchemar américain, le dernier véritable croquemitaine des années 80. (Nightmare on Elm Street/Les griffes de la nuit). Et puis il y a «La colline a des yeux 2», suite éminemment tardive et un peu forcée, qui n'embrasse aucune des qualités des œuvres précitées et que Craven aurait envisagé comme un travail alimentaire. Non pas un film illégitime mais une œuvrette non désirée.
"Script sans queue ni tête et recyclage des scènes
entières de «La colline à des yeux» par le biais d'incessants
Flashback, souvenirs traumatiques et fiévreux n'épargnant même pas
le chien. Tout semble avoir été mis en œuvre pour gonfler artificiellement un métrage incomplet et de toute évidence peu
inspiré. "
On murmure que le tournage «La
colline a des yeux 2» aurait été stoppé pour des raisons
économiques alors qu'un tiers du métrage restait à tourner. Ce
serait par conséquent le succès populaire et international des
Griffes de la nuit qui aurait poussé ses producteurs à vouloir
terminer le film coûte que coûte. C'est à dire en utilisant ce
qui avait bien voulu imprimer la pellicule...Difficile de savoir si
effectivement, il n'y a dans le film que l'on connaît, aucun
plans, aucune scènes qui n'aient été tourné après «Nightmare on
Elm Street». Mais le visionnage du patchwork bizarroïde que
constitue cette petite heure et demi semble pratiquement confirmer
l’hypothèse. Script sans queue ni tête et recyclage des scènes
entières de «La colline à des yeux» par le biais d'incessants
Flashback, souvenirs traumatiques et fiévreux n'épargnant même pas
le chien. Tout semble avoir été mis en œuvre pour gonfler (très)
artificiellement un métrage incomplet et de toute évidence peu
inspiré.
Indigeste dans sa forme, «La colline a des yeux » borne son propos à la simple redite. Envoyant sa poignée d'adolescents délurés, immatures et irrespectueux se perdre dans le plus hostile des paysages et dans une aventurette morbide arc-boutée sur le canevas du survival. Plantée au beau milieu des années 80, l’œuvrette apparaît déjà comme anachronique. Le cinéma de genre et la série B organisent depuis belle lurette le match retour. L'heure est à l'attaque des banlieues pavillonnaires, des zones résidentielles, le mal implacable frappe à domicile jusque dans le rêve des jeunes gens... L'époque annonce pratiquement l'exploration inquiétante de la face sombre d'une jeunesse dorée avec au bout du tunnel, le renouveau du Slasher. Franchement indéfendable, ce genre de jet a au moins un mérite, celui de faire aimer les autres...
Indigeste dans sa forme, «La colline a des yeux » borne son propos à la simple redite. Envoyant sa poignée d'adolescents délurés, immatures et irrespectueux se perdre dans le plus hostile des paysages et dans une aventurette morbide arc-boutée sur le canevas du survival. Plantée au beau milieu des années 80, l’œuvrette apparaît déjà comme anachronique. Le cinéma de genre et la série B organisent depuis belle lurette le match retour. L'heure est à l'attaque des banlieues pavillonnaires, des zones résidentielles, le mal implacable frappe à domicile jusque dans le rêve des jeunes gens... L'époque annonce pratiquement l'exploration inquiétante de la face sombre d'une jeunesse dorée avec au bout du tunnel, le renouveau du Slasher. Franchement indéfendable, ce genre de jet a au moins un mérite, celui de faire aimer les autres...
Un œil sur les disques du coffret à paraître chez Program Store :
Program Store s'est fendu d'un coffret relativement copieux embarquant 2 Bluray, 1 Dvd et 1 livre de 200 pages consacré à l’œuvre de Wes Craven. Le premier Bluray contient «La colline a des yeux» en VF et VOST dans le master HD restauré exploité en salle à la fin novembre mais également de nombreux suppléments dont une fin alternative, trois commentaires audio, un documentaire sur Wes Craven, une présentation du film par un rédacteur des Cahiers du cinéma, un entretien avec Don Peake (compositeur), un bêtisier, des bandes annonces et des spot TV. Le second Bluray contient lui «La colline a des yeux 2 » dans une master HD moins spectaculaire mais toutefois plaisant, toujours en VF ou VOST. Enfin le dernier disque, simple définition, propose «La colline a des yeux» dans une version SD (VOST et VF) et y ajoute un documentaire (Retour sur La colline a des yexu) et un entretien avec l'acteur Martin Speer.