Massacre dans le train fantôme : Critique et test Bluray


Déconsidéré lorsqu'il n'est pas ramené à sa condition de film mineur dans la carrière de son géniteur, Massacre dans le train fantôme (The Funhouse chez nos cousins d’Amérique) n'avait pas encore trouvé galette à son pied pour le territoire français. Les cinéphiles de l'hexagone, pourtant très enclins à la complainte, n'avaient pas pipé mot. Les curieux et les adorateurs de Tobe Hooper étaient invités à jeter un œil outre manche et outre atlantique où le film eu l'honneur de plusieurs éditions. Il aura pratiquement fallut attendre le crépuscule du support optique, pour qu'Elephant Films vienne changer la donne. L'éditeur se fendra d'un coffret combo Bluray/DVD le 23 novembre 2016...Voilà qui valait bien un review...


"Il y a dans la filmographie de Tobe Hooper comme dans celles de quelques autres cinéastes maudits, un drame qui se joue. Une entrée fracassante dans le cinéma de genre et la culture pop, puis une longue série de tirs cadrés terminant invariablement dans les mains du gardien."

Il y a dans la filmographie de Tobe Hooper comme dans celles de quelques autres cinéastes maudits, un drame qui se joue. Une entrée fracassante dans le cinéma de genre et la culture pop, puis une longue série de tirs cadrés terminant invariablement dans les mains du gardien. «Massacre à la tronçonneuse » est entrée dans la légende et si Hooper livre une poignet de métrages réussis, excellents pour certains, aucun ne sera à la hauteur de l'attente désormais suscité le père de «Leatherface». Renvoyé du tournage de «The Dark » pour lequel il est remplacé par John Bud Cardos, Hooper s'essaye à l'adaptation Kingienne (Les vampires de Salem) pour la télévision, puis s'accroche à la réalisation de «The Funhouse » sous l'étendard de l'Universal. C'est d'ailleurs à ce moment que sa route croise celle de Steven Spielberg qui lui aurait proposé dans un premier temps de prendre les commandes de «E.T. L'extraterrestre » puis de «Poltergeist . Ce qui ne devrait étonner personne tant les deux films constitue les deux faces d'un même rêve ou d'un même cauchemars, c'est selon.


"Où comment à travers une fête foraine décrite comme un cheval de Troie, cette autre Amérique s'invite en périphérie des zones urbaines, surgit comme un fantôme ou un cousin honteux."


Le titre français tente de raccrocher les wagons de «The funhouse» et « The texas Chainsaw Massacre ». Un argumentaire commercial certes mais pas mensonger, puisque dans ce nouveau métrage, Hooper s'attache à nouveau dépeindre la confrontation entre une Amérique pavillonnaire, midle classe, moderne et une Amérique plus archaïque, présumée consanguine et monstrueuse. Mais cette fois ci, il ne sera pas question d'envoyer une bande de citadins pédants dans le trou du cul du monde, mais du canevas inverse. Où comment à travers une fête foraine décrite comme un cheval de Troie, cette autre Amérique s'invite en périphérie des zones urbaines, surgit comme un fantôme ou un cousin honteux. Il y a donc dans «Massacre dans le train fantôme», un peu de «Massacre à la tronçonneuse» qui se rejoue, façon match retour.


"Sous le prétexte de coller au basket d'un genre en vogue, le slasher, Hooper fait trinquer l’Amérique."

 Évidemment, «The funhouse» reste un film de major et par conséquent un spectacle peaufiné et edulcoré dans la représentation graphique de l'horreur qu'il propose. Il n'est en pas moins un métrage de sous entendu, d'expression dans la marge et de faux semblants ; Il y a finalement dans le personnage de la créature, cachée sous le masque de Frankenstein, dans ce monstre dans le monstre, la quasi synthèse de la proposition faite. Il y a d'un côté ce qui imprime l'écran, la mise à mort d'une poignet d'adolescents gentiment délurés par une créature pale et difforme... et de l'autre, en les lignes, la mise à mort de toute forme de morale (Le gamin reluquant sa frangine sous la douche, ces ados «baisant» à quelques mètres les uns des autres, une scène de masturbation, et l’évocation de la pédophilie). Sous le prétexte de coller au basket d'un genre en vogue, le slasher (avec une séquence introductive en forme de double révérence), Hooper fait trinquer l’Amérique. De là à définir le «The Fun House» comme une charge moraliste et puritaine, traitant la pulsion de vie et de mort comme un tout indivisible, il n'y a un pas qui ne devrait pas être trop difficile à faire...

"La beauté du métrage,en particulier dans sa dernière demi heure, est saisissante . Le visage déformé par la peur de son héroïne revient comme une obsession"



Pour le reste, Massacre dans le train fantôme brille par sa facture, rappelant qu' Hooper fut avant même d'être « un maitre de l'horreur » un esthète... La beauté du métrage,en particulier dans sa dernière demi heure, est saisissante . Le visage déformé par la peur de son héroïne revient comme une obsession, habillé d'une photographie et d'un score d'école. Alors oui, il n'est pas interdit non plus de trouver le spectacle convenu et daté, mais la qualité plastique de «The Funhouse» devrait rassasier les mirettes... Dit autrement, ceux qui n'aiment pas le jambon peuvent prendre deux rations de frites.

Un œil sur le disque : 
Le Bluray livré par Elephant Film propose de redécouvrir le film dans un master honorable, scopé et dans deux versions : La version française cinéma et la version VOST intégrale. Pour le même prix on aura droit à quelques scènes présentes dans la version TV du film et à une présentation du métrage par Stéphane Du Mesnildot qui a visiblement trouvé le jet de Hooper étrange, pervers, incestueux mais surtout pervers...incestueux et étrange... et puis étrange...pervers...et incestueux...