Sorti tout droit des cartons Blumhouse
(Sinister, Insidious et American Nightmare), Incarnate entendrait
renouveler "l'exorcismsploitation" et le cinéma possédé. Une
promesse qui sans surprise hélas, ne sera pas vraiment tenue mais
qui n’empêche cependant pas le nouveau jet de Brad Peyton de
marquer quelques points. C'est dans la cuvée 2017 du Festival
International du film fantastique de Gerardmer et c'est déjà dans
les colonnes dégoulinantes de cauchemars d' Ecranbis.com. En route !
"Incarnate est un film d'exorcisme sans prêtre, dont le discours
psycho scientifique, certes abracadabrantesque , fait le sel. "
Toujours accroché au concept de la
famille dysfonctionnelle, seul décor humain apte à contenir les
plongées les plus vertigineuses dans un fantastique radical, le cinéma horrifique
américain tente de se ré-écrire entre les lignes, recyclant ses
thématiques phares dans des séries B modestes mais appliquées et sérieuses. Un
poil trop pour les kids des sacro sainte années 80, biberonnés à
l'imaginaire Spielbergien d'un côté et à la production foutraque
(et souvent généreuse en fesses comme en gore) de l'époque.
Autant
dire que pour les amoureux de la déconne et du second degré, les
temps sont durs. L'inversion des valeurs est telle que le cinéma
d'horreur ne fabrique plus le tout Hollywood de demain. Bien au
contraire même, ce sont désormais les mécaniciens de la machine à rêve et à
dollars qui viennent à lui. Preuve en est avec ce brave Brad
Peyton, coupable de quelques blockbusters sirupeux avec le beau « The
Rock » (le pas très bandant Voyage au centre de la terre 2 3D, le pas du tout bandant San Andrea 3D) qui
prend à l'envers l'autoroute suivi par Peter Jackson et Sam Raimi.
Voilà notre homme aux commandes d'une petite production au propos et
à la facture définitivement économique: Incarnate.
"habillé d'une photographie, presque à
l'espagnole, et animé par un élan certain, Incarnate séduit
d'autant plus que l'on y sent la patte du cinéaste bien plus que sur
ses précédentes propositions."
On peut
y suivre les tourments de Lindsay, mère évidemment célibataire qui
ne peut pas compter sur ex conjoint alcoolique et dépressif pour arracher le petit
Cameron, 11 ans,des griffes d'un mal qui n'a rien de très nouveau. Le Vatican
a jeté l'éponge et le crucifix, le seul espoir restant s'appelle Seth Ember. Un
pseudo scientifique sur chaise roulante capable de se projeter dans
l'esprit des possédés et de poursuivre les démons là où ils se
cachent, c'est à dire dans l'esprit tordu de pauvres victimes
innocentes. Bien parti pour nous rejouer l'exorciste et sa flopée
d'ersatz, Incarnate a le mérite de prendre un virage à la Matrix
ou à la Inception et de caresser le spectateur à rebrousse poil.
Incarnate est donc un film d'exorcisme sans prêtre, dont le discours
psycho scientifique, certes abracadabrantesque, fait tout le sel.
"Malheureusement, le scénario de Ronnie Christensen (Les
passagers) s'avère trop simpliste et mécanique pour que le métrage
transcende sa nature de divertissement horrifique."
Bien
que selon toutes vraisemblances, la production n'ait pas baigné dans
des piscines de billets verts, la réalisation a le mérite d'être à
la hauteur de l'entreprise Habillé d'une photographie, presque à
l'espagnole, et animé par un élan certain, Incarnate séduit
d'autant plus que l'on y sent la patte du cinéaste bien plus que sur
ses précédentes propositions. Débarrassé des contraintes des
majors et d'un régiment d’assistants, pouvant désormais se
torcher les fesses lui même (pour le dire cruement) , Brad Peyton
se révèle. Malheureusement, le scénario de Ronnie Christensen (auteur de celui de Les
passagers) s'avère trop simpliste ou plutôt trop mécanique pour que le métrage
transcende sa nature de divertissement horrifique et prenne le spectateur aux trippes. Il est là le
démon du cinéma d'horreur moderne ! Se dit-on.
Certes sympathique, joliment troussée et jamais pesante, cette aventurette dans les profondeurs de l'inconscient paye cher son manque de structure et de matière. Incarnate est donc à ranger illico presto dans le tiroir des bobinettes bien foutues pour dimanche après midi pluvieux et seconde partie de soirée. Catégorie sympa mais sans plus !
Un œil sur le disque :
Pas de surprise et pas d'embrouilles du côté de Wild Side qui livre Incarnate dans un disque simple définition mais techniquement haut de gamme avec des pistes françaises et anglaises spatialisées, ainsi que des sous titres français.14€99 en DVD ou 19€99 en Bluray.On vous conseille évidemment le Bluray.