Les monstres : les inédits



La rentrée digérée, les cinéphiles déviants composent avec les premiers jours d'automne, ses feuilles mortes qui se ramasseront dans quelques semaines à la pelle et son ciel gris à mourir. La mélancolie guette, les souvenirs d'un été torride remontent comme des bulles à la surface de la mémoire. Pour slalomer entre les coups de spleens, autant prendre piste de l'humour noir. Et ça tombe bien puisque Elephant Films compte bien nous rendre le sourire de la plus lugubre des manières et ce par le biais d'un coffret DVD aussi indispensable au collectionneurs qu'un briquet au fumeur.

Que vous soyez amoureux des trésors de la télévision américaine, des créatures de l'Universal ou fan de la famille Adams. A la cantine des Monstres, tous le monde trouve un plat à son goût. L'objet du délit vous tendra les bras dès le 27 septembre, du côté de l'Ecranbis.com on a décidé de prendre un peu d'avance sur nos devoirs...Avec une chronique de premier de la classe ! Les monstres, les inédits, c'est ici et maintenant !


"Dans les années 60, une formule semble tendre les bras. Sortir les plus cauchemardesques créatures du carcan du cinéma horrifique et marcher dans les pas de la famille Adams."




Si les vidéovores français avaient déjà pu faire honneur aux deux premières saisons de la cultissime série «Les Monstres», quelques morceaux de pellicule récalcitrants se refusaient encore à nos platines. L'occasion pour nous de revenir sur ce morceau d'anthologie de la culture télévisuelle yankee. Cette série d créée par Joe Connelly et Bob Mosher fut découverte le public gaulois sur le tard...Sur le très tard même puisque qu'elle ne percuta nos petits écrans qu'au milieu des années 80. En 1986 plus exactement, grâce aux efforts d'une petit chaîne à péage qui parvint à saisir l'essentiel d'une époque et de la condition humaine attachée. En 1980, l'homme moderne a deux problèmes : Le cul et le foot. Et ces deux besoins satisfaits, il suffira de meubler avec un minimum de goût culturel pour se dorer non pas la pilule mais l'image. L'histoire, enfin celle de la série, avait débuté 22 ans plus tôt. Dans les années 60, le succès de La Famille Addams et la popularité des monstres classiques de l'Universal que la télévision diffuse en boucle, invitent CBS à la riposte.


"Le succès est aussi instantané que phénoménal et voilà que The Munsters, en français les monstres terminent dans la bonne humeur le travail de digestion des monstres classiques par la culture pop."



Une formule semble tendre les bras. Sortir les plus cauchemardesques créatures du carcan du cinéma horrifique et marcher dans les pas de la famille Adams. C'est à dire extraire du sacro saint American Way Of Life, une trame miraculeuse tendue comme un miroir aux familles de cow boys moyens qui gouttent depuis quelques années à la douceur des zones pavillonnaires et aux joies de la banlieue heureuse. Le succès est aussi instantané que phénoménal et voilà que The Munsters, en français les monstres terminent dans la bonne humeur le travail de digestion des monstres classiques par la culture pop. Ce qui faisait peur fait désormais rire. La messe est dite pour Frankenstein, Dracula... Enfin jusqu'à ce que la Hammer fasse le trajet à l'envers. Mais c'est une tout autre histoire.


"...en 1966, la série devient long métrage de cinéma et tient une occasion d'imprimer la grande toile. Ce sera Munster, Go Home!  "


Après avoir amusé la galerie deux saisons durant, Les Monstres seront remerciés à coup de pompe par les producteurs mais non sans avoir tenter d'épuiser le filon. Ainsi en 1966, la série devient long métrage de cinéma et tient une occasion d'imprimer la grande toile. Ce sera Munster, Go Home! Devenu dans la langue de Molière mais uniquement en Belgique ( ça alors!) Frankenstein et les faux-monnayeurs. L'actrice Pat Priest est remplacée par Debbie Watson, le reste du cast inchangé fait semblant de ne pas voir la différence. Le réalisateur Gene Reynolds, qui s'était déjà rendu coupable de quelques épisodes de la série se voit confier les manettes. Mais quelques différents sur le plateau motive la production à lui préférer un autre artisan plus conciliant : Earl Bellamy. Après Pat Priest qui d'après certaines sources ne digère toujours pas, Gene Reynolds prend donc la porte à son tour. Par chance, et même si ce Munster, Go Home! Inédit en France est loin de casser les pierres tombales, ces déconvenues ne viennent pas trop ternir ce qui a bien voulu imprimer la pélicule. Le spectacle, un peu aidé par la nostalgie, le plaisir de retrouver les Monstres en couleur et magnifié par une photographie mignonette, est un bonbon pour les yeux que l'on savoure sans croquer... de peur de se faire mal. 

"L’intérêt de cette grappe de disques tient en partie à une galette de suppléments remplie à mort et diaboliquement instructifs"

 


Le deuxième métrage du coffret est lui un téléfilm qui, l'histoire se répète, doit son existence au succès de La Famille Addams : C'est la fête ...téléfilm diffusé en 1977. NBC veut évidemment sa revanche mais le cast traîne un peu de pied et n'acceptera de tenter un retour gagnant qu'au début de la décennie suivante. Autant de ne pas vous mettre sur une fausse piste : Le résultat apparaît définitivement plus discutable mais pas désagréable pour autant. Dit autrement, les complétistes et les curieux devraient y trouver autant de bonheur qu'une cagole botoxée et illetrée dans la villa de Secret Story : «  C'est que du bonheur ! Avec un grand A » ! L’intérêt de cette grappe de disques tient en partie à une galette de suppléments remplie à mort et diaboliquement instructifs. Au risque de froisser vos banquiers et bourgeoises, j'ai peur que l'achat s'impose. Et puis merde, l'allocation rentrée, c'est fait pour ça !