Pour le sacro saint DVD, la messe est-elle dite? Après vingt années de bons et loyaux services, la fameuse galette argentée semble avoir tiré ses dernières cartouches . L'heure est bien sûr à la V.O.D. Pour le grand public du moins car du côté des cinéphiles et collectionneurs, on s'est depuis belle lurette tourné vers le Bluray. Artus films n'avait pas encore osé le grand saut dans la Haute définition, début Mars l'éditeur indépendant français proposera ses deux premiers disques HD. Avec deux films britanniques portant la griffe de Peter Walker s'il vous plaît. Ecranbis.com a pu se coincer ces pépites dans la platine avec un peu d'avance...On commence par « House of the WhipCord » litteralement la maison du fouet devenu en France et sur le tard «Flagellations» (un titre qui déchire) ou plus inexplicablement «Mutilator».
" Des femmes, des barreaux et des tortionnaires évidemment sadiques. Il n'en faudra pas plus pour que l'on séquestre l'effort dans la cellule du W.IP."
Réalisateur producteur, Indépendant farouche, Pete Walker connaît dans les années 70 l'apogée d'une improbable carrière. Après s'être fait la main dans la coquinerie et le relief opportuniste, le britannique se frotte au shocker et au cinéma horrifique. En 1974, son House of WhipCord claque aux yeux des spectacteurs anglais. Le style réaliste et moderne tranche définitivement avec le vieillissant esprit Hammer et il n'est pas interdit d'écrire qu'une nouvelle page de l'Horror made in U.K. Est en train de s'écrire. Vu de loin comme de près, Flagellations épouse les contours d'un genre spécifique du cinéma d'exploitation. Des femmes, des barreaux et des tortionnaires évidemment sadiques. Il n'en faudra pas plus pour que l'on séquestre l'effort dans la cellule du W.IP. (Women In Prison).
"Sous ses petits airs de film d'exploitation inconséquent, House of Whipcord a le mérite de mettre en scène un conflit générationnel... entre les jeunes et jolies poupées libérées du Swinging London et une Angleterre nécessairement plus conservatrice"
Ce n'est d'ailleurs pas l’héroïne, Anne-Marie DeVernet, qui dira le contraire. Pour avoir osé se défeuiller en pleine rue face à l'objectif d'un photographe, cette avignonaise délurée se trouve arrêtée et condamnée a payer une amende de 10 Livres. Un sanction jugée bien indulgente pour certains, et qu'une poignée d'âmes un peu trop chaste reverraient de voir accompagné par une mise à l'épreuve. Que dis-je ou qu'écris-je, d'une bonne correction et d'un peu d'éducation à l'anglaise. Séduite par un brun ténébreux bizarre et flippant, Anne-Marie, la naïve accepte de suivre son nouveau Jules pour une présentation à la famille. Elle est alors loin de se douter que son amoureux la conduit à un procès expéditif. Son dossier passe dans les mains d'un juge aveugle et voilà que la jolie française se voit incarcérée dans une étrange bâtisse plantée dans la campagne.
"Enrobé d'une photographie froide comme la campagne écossaise, Flagellation surprendra autant par son ambiance que par un propos politico-cynique bien plus choquant que ce qui a bien voulu imprimer la pellicule."
Sous ses petits airs de film d'exploitation inconséquent, House of Whipcord a le mérite de mettre en scène un conflit générationnel carabiné, entre les jeunes et jolies poupées libérées du Swinging London et une Angleterre nécessairement plus conservatrice, rurale et âgée. Petits poussins frileux et fripés voyant dans la révolution sexuelle, une intolérable forme de décadence. Mais il n'est pas non plus fou de voir dans cette confrontation et dans l'inquisition moderne consécutive, une sorte de guerre des vices et déviance. Guerre dans laquelle, Walker semble ne pas véritablement prendre partie et se contente de jubiler en douce au point de dédier son métrage à tout ceux qui aimeraient revoir les sévices corporelles dans l'arsenal punitif de la justice des hommes.
Enrobé d'une photographie froide comme la campagne écossaise, Flagellation surprendra autant par son ambiance que par un propos politico-cynique bien plus choquant que ce qui a bien voulu imprimer la pellicule. Au rayon des choses remarquable, il faut bien entendu citer une Sheila Keith particulièrement mémorable dans un rôle de gardienne androgyne et cassante. On la retrouvera face à la caméra de Walker dans “House of Mortal Sin” (Mortelles Confessions) que nous propose Artus Films à la même date mais également dans Frightmare.
Un œil sur le disque:
Artus films livre “Flagellation” dans un combo DVD et Bluray. Le film est présenté dans un master 1080p , 16/9, impeccable et respectueux du format d'origine 1.66. Le tout s'accompagne de pistes anglaises et françaises ainsi que de sous titres français. Notons que le film est présenté en version intégrale. Aussi, certaines scènes exclues du montage français sont présenté en version originale sous titrée. Dans la cellule aux suppléments, pas de supplices en vue mais une film annonce et surtout un bonus massif dans lequel Sir David Didelot, auteur et créateur du fanzine Videotopsie, décortique le Flagellation , le cinéma de Walker avec pertinance. Highly Recommanded ! Yes my lord !