Devil Story, la bande originale: Critique et test CD



La collection «Horreur à la française» revient taper aux portes de nos tympans avec un troisième volume particulièrement...curieux. Après les partitions du «Lac des morts vivants» et de «La revanche des mortes vivantes», c'est au tour de celle de «Devil Story» ou «Il était une fois le diable» des résonner dans nos casques et nos salons, convoquant en mémoire quelques souvenirs cinéphiles doux ou fiévreux. On avait presque oublié que le film de Bernard Launois, involontairement expérimental et grandiose par accident, enveloppait ses hypnotiques images dans un linceul synthétique des plus bizarroïdes.

"On avait presque oublié que le film de Bernard Launois, involontairement expérimental et grandiose par accident, enveloppait ses hypnotiques images dans un linceul synthétique bizarroïde."

 

Une bande originale à la froideur très synthèse FM,  trempant ses phrases tortueuses dans la reverb. Toute rondeur semble ici proscrite, à l'image de basse aussi slappées qu’artificielles martelant les arrières plans avec insistance. Au diable le chorus ! Tout accroche et rippe, à la limite de l’hésitation l’arythmie et de la dissonance. Comme si les deux compositeurs, Paul Piot et Michel Roy, avaient décidé de souligner le dysfonctionnel du film de Bernard Launois, par une proposition qui l'est tout autant. On pourrait également voir ou plutôt écouter l’œuvrette comme le pendant musical d'un cinéma fait avec les moyens du bord, devant se satisfaire d’ersatz de timbres et d'imitations grossières d'instruments mais sans doute jugées à l'époque saisissantes.

 
"Violon grinçant, orgues cauchemardesques, toutes les cordes (et tous les cuivres) du genre sont tirés jusqu'à ce que la boite à rythme se mette en branle et que le spectre de Big John apparaisse..."

 
Violon grinçant, orgues cauchemardesques, toutes les cordes (et tous les cuivres) du genre sont tirés jusqu'à ce que la boite à rythme se mette en branle et que le spectre de Big John apparaisse, modernisant quelque peu le score. Ces 51 minutes définitivement bizarroïdes ont l'arrière goût d'un voyage dans le temps et risquent probablement de déconcerter ceux qui n'ont pas l'oreille bisseuse et l'âme Old School. Avis donc à la population, il s'agit d'une galette pour initiés. The Omega Production Record, le label indépendant de Lucas Giorgini, accompagne la chose d'un livret des plus sympathiques reprenant des photos de tournage et un texte de Rurik Sallé en anglais. Que vous soyez un collectionneur sincère ou le plus vil des spéculateur, l'acquisition de cette «Original Motion Picture Soundtrack» apparaît nécessaire, au sens philosophique du terme. On vous laissera le soin d'expliquer ce genre de fatalité à votre chère et tendre ou à votre banquière...