Rammbock (comprendre Bélier) avait gagné un sous-titre lors de son exploitation vidéo américaine en devenant Rammbock : Berlin Undead. En retraversant l'Atlantique, cette intrusion teutonne dans le zombie movie de compétition perd cette fois son titre original. Les fantasticovores français pourront déguster la chose le 3 novembre prochain en DVD ou bluray grâce aux efforts de l'éditeur D'vision (distribution Aventi). Alors Berlin Undead, Deutsch qualität ? Ecranbis.com qui milite depuis toujours pour l'Europe du genre a posé ses mirettes fiévreuses sur cette galette sanglante ! Review !
Synopsis :
Michael se rend à Berlin pour retrouver son ex-petite amie Gabi, au moment où un terrible virus commence à se répandre en ville. Sur place, il rencontre Harper, un apprenti plombier. Ensemble, ils se barricadent pour échapper aux infectés qui encerclent l'immeuble...
Critique :
Si « Berlin Undead » n'est pas la première incursion allemande dans le cinéma de la mort qui marche (souvenons nous de Virus H13N1 qui piétinait la thématique Zombie sur fond de grippe aviaire) , il n'est en pas moins une œuvre surprenante de par son propos, son format et sa genèse. Le film est en effet financé, à la grande surprise de ses propres concepteurs, par la deuxième chaine allemande nationale, la sacro-sainte ZDF. Nous vous laissons le soin de tenter le parallèle avec la production «maison» de nos chères grandes chaines françaises... N'allez pas pour autant croire que Berlin est en passe de devenir un éden européen du cinéma fantastico-horrifique. Comme Huan Vu, le réalisateur de «Die Farbe» nous l'expliquait dans une interview que nous avons publiée il y a quelques mois : «malgré une tradition fantastique/ scifi/ horreur des années 20....la culture allemande développe une aversion pour les les thèmes fantastiques.» Marvin Kren et Benjamin Hessler se retrouvent à la tête d'un micro budget de 200 000€ . Nos deux hommes vont donc trancher dans le vif et privilégier la qualité sur la quantité en réduisant leur run time à 60 minutes et des poussières.
A première vue, Berlin Undead explore la thématique «Living dead» de façon très conventionnelle. Une contamination virale soudaine se transmettant par les fluides corporels et la morsure, un immeuble assiégé par une horde de zombies, un espace vital qui se réduit comme peau de chagrin, et des hommes qui sondent ce qui leur reste d'humanité face à un monde au bord de l'apocalypse. Mais Kren et Hessler introduisent en route un concept plus original. Notre virus du jour ne se déclare qu'en cas de décharge d'adrénaline. Pour les porteurs un seul espoir de rester en vie, se bourrer de sédatif et tenter de rester calme. Une déviation qui résonne de façon particulière dans nos démocraties modernes où la consommation d’anxiolytiques, tranquillisants et autres hypnotiques, est devenue une façon comme une autre de tenir le coup dans un monde de plus en plus déshumanisé.
Si Berlin Undead s'autorise bien sûr quelques séquences d'attaques zombiesques et quelque fulgurances horrifiques, le film reste étonnamment sobre, baignant dans une poésie froide et un réalisme très allemand. Aux maquillages peu ragoutants des créatures (qu'on se le dise le zombie teuton est baveur ) répond donc un cinéma brut, sans artifices, ni véritables héros. Bien plus concentré sur ses personnages et sur les liens qu'ils construisent que sur sa trame fantastique, le film de Kren prend le contre pied d'une bonne partie de la production horrifique de ces dernières années, partie chercher dans l'humour ou la surenchère un nouveau souffle. Bref Berlin Undead, séduit au moins autant par son intelligence, sa sobriété que par sa capacité à être un film de genre sans être un film d'exploitation.
Excellent surprise donc que ce tout petit film, original jusque dans son format. Un effort à rapprocher de Salvage, toute petite production anglaise tout aussi joliment envoyée et éditée il y a quelques temps chez Opening (Le DVD avait été offert avec Mad movies). Bref si les zombies comedies vous donnent des boutons et REC vous fait mal à la tête, Berlin Undead est la petite péloche à voir en ce dernier trimestre 2011...
Vue la courte durée de « Berlin Undead », D'Vision a eu la très bonne idée de proposer le film avec 2 courts métrages. Le désormais célèbre Paris By Night Of The Living Dead, production française de Grégory Mori, qui expose sur un ton radicalement diffèrent (voir diamétralement opposé) et à grand renfort d'effets numériques, une autre invasion de capitale européenne. 12 minutes qui plongent tête baissée dans le cinéma BIS, à déguster au 3e, voir 4e degré. Nous avons également droit à « ZOMBIEFICATION » court autrichien de Stefan Lukacs qui se présente comme le manuel ultime et indispensable à toute invasion de morts vivants.
Test Technique :
La galette sanglante que nous avons entre les mains permet de découvrir «Berlin Undead» dans d'excellentes conditions techniques. Image sans faille au format 1.77 accompagnée de mixage français (Simple stéréo) et allemand ( DD5.1). En prime une bande annonce, un making of d'une quinzaine de minutes et une interview du réalisateur et du scénariste (12 mn) réalisée par 1kult.com. Bonne pioche. 15/20.