Le nom de Kimble Rendall n'est pas
inconnu des amateurs de mauvais genre. En début de millénaire,
l'australien avait tenté de surfer sur la nouvelle vague du Slasher
avec un succès très relatif. Dit autrement, son «Cut» ne nous
l'avait pas vraiment coupé mais avait offert à Kylie Minogue l'un
des plus petits rôles de sa carrière. Ce qui en considérant la
filmographie de la belle, relevait indiscutablement de l'exploit.
Pour l'anecdote dans une interview donné à l'excellent site
anglophone shocktillyoudrop.com, Rendall, interrogé sur ce pêché
de jeunesse n'hésite pas à affirmer que son film est devenu «culte»
en France («it ended up being a cult hit in France») prouvant
par la même occasion que la barrière de la langue peut conduire à
de sacré malentendu. A moins qu'il ne s'agisse d'illustrer la
devise : nul n'est prophète en son pays. D'ailleurs saviez vous
qu'Ecranbis.com cartonne carrément au Japon et au Paraguay ?
Nos moqueries n'empêcheront pas notre
homme de se prendre de passion pour la direction de seconde équipe sur les terres de l'oncle Sam. On le retrouve ainsi au générique de
quelques blockbusters américains rutilants : Matrix Reloaded,
Matrix Revolution , I robot, Underworld 3, Ghost Rider ou encore
Premonitions. Et c'est justement alors qu'il est affairé sur le
tournage de Killer Elite (avec De Niro et Statham), que Rendall
reçoit un appel au secours d'un de ses compatriotes : Russell
Mulcahy. Ce dernier travaille depuis déjà quelques temps à la
production de «Bait» mais se voit contraint de quitter le navire
pour se consacrer à la réalisation de la série télé «Teen
Wolf». «De quoi ça parle ?» lui lance-t-il au téléphone.
«D'un requin dans supermarché» répond Mulcahy. « J'arrive
demain» rétorque Kimble...
Le film est d'abord prévu pour être
tournée en 2D mais la société de production, Arclight, flairant le
bon coup, va finalement casser sa tirelire ( On parle d'une
augmentation de 30 à 40% du budget initial) pour offrir à Bait
une véritable 3D native. Contrairement à ce que certains previews
publiés sur le net français ont claironné il y a quelques mois, le
film de Kimble Rendall a été tourné en relief et non converti en
post production. Mais le solide argumentaire tridimensionnel de
Bait ne suffira pas à lui ouvrir les portes d'une véritable
exploitation en salle sur le sol américain et notre requin devra
donc et à défaut de mieux se faire les dents sur le marché de la
vidéo. Le film parviendra tout de même à caresser les toiles
italiennes au mois de septembre dernier sous le titre «Shark 3D»
créant une certaine confusion avec le Shark Night 3D du regreté
David R. Ellis qui fut exploité un an plus tôt en France sous le
même titre. Aucune surprise en vue pour les intrépides cinéphiles
de l'hexagone, les frilosités cumulées des distributeurs et des
exploitants en matière de fantastique constituant un barrage très
filtrant. Bait 3D nous parvient directement en DVD et Bluray. C'est
donc le ticket de cinéma sur l'oreille et la galette dans le lecteur
que nous avons pu y poser nos délicates rétines .
Depuis plus de 35 ans le cinéma
d'exploitation ronge la corde du «Shark Movie», appâtant le
chalant à grand coup de membres arrachés et de poissons coriaces.
Conséquence de cette pêche industrielle au spectateur, Les eaux de
l'entertainment saturées de sang ne suscitent guère plus qu'une
certaine crainte . Ah non ! Par encore le coup de la grosse
sardine en CGI se dit le cinévore quasi certain de tomber sur une
aventure vidéo-aquatique tournée à la «vas y que je te
pousse» sous le soleil brulant de Bulgarie. Fort heureusement
quelques bobinettes fiévreuses nous donnent encore l'envie de prendre
le bain (à l'eau mais à l'eau quoi?). En 2003, le malinou
«Open Water» invente l'omelette sans œufs, le film de
squale sans squale. Un blair witch Project maritime ou une ôde à
l'austérité, on ne sait plus trop, mais on confessera n' y avoir vu
que du feu. (Y'avait-il d'ailleurs autre chose à voir dans Open
water ?). Eté 2011, en pleine pandémie 3D au cœur d'un été
tout sauf caniculaire, Ellis marie avec efficacité l'exercice au
thriller. La critique française fait la moue. (Ma femme aussi si je
me souviens bien...).Moins de 200 000 vacanciers mordrons à
l'hameçon...
Bait 3D pourra-t-il sauver le Shark Movie du désamour, de la disgrâce et d'une longue descente dans les profondeurs abyssales du Direct to vidéo ? Russell Mulcahy, ici scénariste et producteur exécutif, semble en tout cas décidé à aller pécher le spectateur là où il ne s'y attend pas . Après sa séquence introductive et clin d'œil, Bait 3D s'écarte de façon assez radicale des poncifs du genre et se permet même une curieuse parabole cinématographique. Si tu ne vas pas à l'eau, l'eau viendra à toi. A l'écran, un tsunami dévaste une ville côtière australienne, enfermant quelques survivants apeurés dans un supermarché inondé. Mais la mer n'apporte pas que des coquillages et entre les rayons, la mort rode... Bonne idée mais à la remontée de ce filet scénaristique, pas de pêche miraculeuse. Le prometteur trip claustrophobique se voit rapidement circoncis à l'opposition de personnages très stéréotypés. La blonde débile, le sportif beau gosse, le rebelle sympathique , le flic, sa fille, le bandit, le patron , l'employé et son ex... N'en jetez plus, la piscine est pleine. Bait 3D ne brille donc ni par son écriture, ni par les pauvres mécanismes dramatiques mis en œuvre.
Sans
doute conscient que son propos patauge dans dix centimètres de
flotte insuffisamment salée, Kimble Rendall a la bonne idée de
mettre les bouchées doubles. Généreux dans son utilisation du
relief, dans les jouissives apparitions de son requin mi synthèse mi
animatronics, Bait assume avec un certain aplomb son langage forain.
Grosse bébette affamée, bondissante, effets gore «en veux tu en
voilà.», tout ici plaide donc la cause de l'attraction
cinématographique et du spectacle de foire. Et ça marche, enfin ça
nage puisque l'on ressort de cette heure et demie en se disant qu'on
ne s'est pas fait volé.Mieux avec l'envie de remonter sur le manège. Bref, si les requineries filmiques sont
votre dada, ne passez à pas à côté de celle ci. Ce serait trop
«Bait» !
Le disque :
Metropolitan livre "Bait" dans une édition COMBO Bluray + DVD. La version 3D et 2D du film se retrouvent cohabitent sur le disque HD. Le film y est présenté dans un master HD au format 1.78. C'est à dire sensiblement recadré par rapport à son format d'exploitation en salle ( annoncé en 1.85). Le définition est aussi acérée que les dents d'un requin et l'image porpose un rendu colorimétrique parfaitement maitrisé même si on concédera que la séquences introductive et de façon plus général les quelques plans extérieurs manquent sans doute un peu de naturel mais il s'agit assez clairement plus d'un choix artistique d'étalonnage lors du montage du film que d'une soucis technique relatif à l'édition vidéo. Oui, Bait flatte la rétine, nos dalles HD tout en offranty offre une profondeur 3D appréciable et quelques effets de projections réussis. Nous n'en attendions pas moins !
Dans les profondeurs abyssales de son menu supplément, le bluray offre quelques mets supplémentaires:
- Un court making off composé d'interview et de séquences sur plateau Intéressant même si comme souvent le côté auto promotionnel prime.
- Un Story Board
- Des bandes annonces de film 3D: Shark 3D, Spider 3D ...