Sortie en salle sans faire grand bruit (C'est le moins que l'on puisse dire) au début de l'été, «Beastly» rebaptisé "Sortilège" de notre côté de l'Atlantique, nous revient comme un boomerang sur le marché de la vidéo. Metroplitan espérant que la magie opère cet automne se fendra d'un DVD et d'un Bluray le 8 novembre. Au programme, un conte de fée pour Teen qui fait de l’œil au public de « Twilight ». Ecranbis.com pour qui la beauté intérieure compte plus que tout, (mais si ! Mais si !) s'est penché sur la chose le temps d'une chronique.
Synopsis :
Superficiel et trop gâté, Kyle, 17 ans, est le garçon le plus populaire de son lycée. Obsédé par son image et sa notoriété, il va s’en prendre à la victime de trop… Pour s’amuser, Kyle cherche à humilier Kendra, une fille gothique de sa classe que la rumeur dit être une sorcière. La jeune fille décide de lui donner une bonne leçon et lui jette un sort qui le transforme en un monstre aussi hideux à l’extérieur qu’il l’est à l’intérieur. Victime du sortilège, Kyle a un an pour trouver quelqu’un qui puisse l’aimer sincèrement malgré son apparence, sinon il restera un monstre à jamais. Son seul espoir repose sur une fille discrète qu’il n’avait jamais remarquée jusqu’à présent, Lindy.
Critique :
Si le pitch de «Sortilège» vous dit quelque chose, ne vous inquiétez pas, c'est tout à fait normal. Après «Phoebe In Wonderland», Daniel Barnz s'offre un relecture lycéenne et New Yorkaise de « La belle et la bête » ou plus exactement une adaptation d'un livre éponyme d'Alex Flinn. Lorsque CBS en rachète les droits en décembre 2007, l'idée de broder un conte dans le vent sur un canevas intemporel est pour ainsi dire «dans l'air du temps». Twilight n'est peut être pas encore sorti sur les écrans américains mais le public d'Harry Potter arpente lui déjà les couloirs des High School et autres collèges. L'imaginaire de millions d'ados à travers le monde, formaté par les romans de J. K. Rowling et ses adaptations cinématographiques n'attend plus que de nouveaux héros, plus mûrs, plus adultes. Sans surprise, «Sortilège» a tout du film générationnel, et à l'instar de la série Twilight ciblant cette frange du public (ou ce public à frange, on vous laisse choisir), qui s'évertue à coiffer les "i" de ronds voir de cœurs. Bref, un film de filles pur jus !
Sévèrement cueilli par la critique lors de sa sortie, le film de Barnz a les défauts de sa principale qualité. L'histoire d'amour qui dégouline sous nos yeux, accompagnée de chansons gentiment pop, laissera tout adulte et tout mâle normalement constitué sur la bande d'arrêt d'urgence. Un constat d'autant plus fort, qu'à aucun moment cette amourette adolescente solidement accrochée au rail de la fable moralisatrice ne parvient à prendre un peu d'altitude. Rayon message, il faudra se contenter d'un hymne à la beauté intérieure... En suivant le parcours initiatique de Kyle, beau gosse profondément tête à claques transformé en créature balafrée pour trouver l'amour, le vrai, avec un grand A. Point à la ligne. Daniel Barnz, sans doute très conscient des limites de son propos, tente néanmoins d'habiller son exercice de style d'une réalisation appliquée, parfois subtile et souvent étonnamment belle. Circonvolutions cinématographiques qui resteront à nos yeux malheureusement vaines...Tant le fond respire d'un bout à l'autre l'eau de rose et le patchouli. Reste que le public ciblé risque d'y trouver son compte tout comme d'autres générations ont pu en d'autres temps se jeter sur « Le Lagon Bleu »... ou « The Breakfast Club ».
Au delà des efforts de son géniteur , tout n'est pas à jeté dans ce «Sortilège». ( Celle là , on la couvait depuis un moment et on est même soulage de vous l'avoir placée.) La créature, pour commencer, a la bonne idée de tourner le dos à un bestiaire fantastique convenu et plus précisément à la Bête de Cocteau et Walt Disney. Ici point de poils, crocs, griffes mais un concept à la fois moins radical et plus riche. Notre monstre est en fait une sorte de patchwork vivant de ce tout ce que Kyle définit comme étant la laideur. Crane rasé, tatouage, piercing, cicatrices, maladie de peau viennent donc défigurer l'intéressé par un surprenant effet boomerang. Autre point fort, malheureusement un peu sous exploité, la sorcière, teen gothique et étrange, semblant surgir «the Craft». Mary Kate Olsen qu'on attendait partout mais pas dans ce rôle, y fait des étincelles et ses trop rares apparitions tire a chaque fois le film vers le haut.
Au final, que dire si ce n'est qu'il est bien difficile de poser un regard d'adulte sur cette péloche pour jeune fille tant « Sortilège », dans sa volonté farouche de s'adresser à son public-cible, ne finit par ne s'adresser qu'à lui. Nous voilà donc face à un Teen movie jusqu'au-boutiste presque discriminant, un pur film d'ados pour ados.
Test technique :
Pas de surprise du côté de Metropolitan qui a dégainé une édition DVD techniquement irréprochable tant au niveau de l'image (copie au limite de ce que peut rendre le support et au format 2.40 d'origine) et mixages DD5.1 français et anglais. Le rayon bonus s'avère plutôt fourni avec une fin alternative, des scènes coupées, une sorte de making of ( Un classique revisité) , un document sur la création du monstre ( La bête parfaite) , un clip vidéo musical et les bandes annonces français et VOST. Rien à redire.