Alors que Sony dévoile son fou projet de porter sur grand écran les aventures du docteur Jonathan Chase dans un film mêlant prises de vue réelles et images de synthèse, Condor Entertainement offre à la série originale «Manimal» un coffret intégrale (pourquoi faire les choses à moitié ?) regroupant le pilote et les 7 épisodes qui la compose sur 3 disques DVD. Une édition qui s'offrira aux vidéovores français le 18 octobre, soit quelques semaines seulement après sa sortie anglaise. Ecranbis.com profite de l'occasion pour se pencher, plein de nostalgie sur cette pépite télévisuelle des années 80...
Chronique :
Programmé dès la fin septembre 1983 par la chaine NBC, dans le vain espoir de tenir tête au feuilleton star du réseau CBS, le sacro saint Dallas et ses 26% de part d'audience. «Manimal» ne résistera pas longtemps aux assauts de la famille Ewing. Le noël suivant sa programmation, avec seulement 7 épisodes au compteur, sa production est définitivement abandonnée. Dans la terrible bataille du vendredi soir que se livrent CBS, NBC et ABC, la série fut aussitôt remplacée par une autre, également produite par Glen A. Larson et s'inspirant du film «Tron»: Automan. Elle connu à peu de chose près la même destiné tragique. L'échec est également critique. Ainsi, dans son classement des 50 pires productions télévisuelles de tous les temps, le respectable «TV guide» placera Manimal en 15e position... Paradoxe culturel, notre homme animal en disgrâce va tout de même embrasser le succès à des milliers de kilomètres du pays qui l'a vu naitre. En Angleterre notamment (Grâce à la BBC en 1984) mais également dans l'hexagone, où à force de multidiffusions et après avoir fait le tour complet du PAF français (FR3 en 1985 et 1987, TF1 en 1988 et 1989, M6 en 1996 et 1997), les transformations de Jessy chase ont acquis le statue de «culte» !
Impossible de parler de Manimal sans parler de son brillant et prolifique géniteur: Glen A. Larson dont le nom est à jamais associé au plaisir cathodique. Après avoir activement collaboré à la série «L'homme qui valait trois milliards», l'homme va profiter du succès planétaire de «La guerre des étoiles» de George Lucas pour déterrer un vieux projet personnel empreint de mormonisme (Larson est membre de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ) et envoyer une colonie religieuse dans l'espace. Battlestar Galactica est né. Il s'agira de la première d'une longue liste de séries à succès : Buck Roger avec Gil Gerard , Magnum avec Tom Selleck, L'homme qui tombe à pic avec Lee Major ou encore K- 2000 avec David Hasselhoff. Mais revenons à nos moutons ! Pour donner vie à Manimal, Larson fait appel à un certain Stan Winston. Un spécialiste des effets spéciaux qui bien qu'ayant trainé ses guêtres de façon plus ou moins officielle
sur de nombreux plateaux (The Thing, Parasite, L'emprise, Friday the 13th part III ) ne se fera véritablement un nom que l'année suivante avec le premier Terminator de James Cameron. Winston aura en charge de mettre au point les transformations de notre héros en panthère, séquences signatures de la série. Un travail méticuleux exigeant plus de 6 heures de maquillage et l'utilisation d'un véritable bric à brac technologique : Animatroniques, effets optiques et prothèses de Latex.
Manimal, un véritable concentré de talent en devenir ? Il faut le croire. La musique (l'exception du premier épisode) fut en effet confiée à Alan Silvestri qui après avoir fait ses armes à la télévision (Chips, Starsky & Hutch ) embrassera la carrière que nous lui connaissons (110 musiques de films, deux oscars et quelques partitions entêtantes !). Ce sont finalement les principaux acteurs du feuilleton qui payeront le prix de son insuccès. La jolie Melody Anderson en tête. Elle débute la fin des années 70 avec entre autre un épisode de L'age de Crystal et «le Romans d'Elvis » téléfilm méconnu du grand John Carpenter. Au début des années 80, le cinéma lui tend les bras. On la retrouve en brune dans le kitsch mais divertissant «Flash Gordon» de Mike Hodges ainsi que dans un remarquable film d'horreur : Dead & Buried (Ré-incarnation). Une carrière loin d'être anecdotique mais toutefois enchaînée au petit écran. On retiendra toutefois quelques écarts : «Le temple d'or» production Cannon où elle partage l'affiche avec Chuck Norris et Cannonball III en 1989. Même punition pour Simon MacCorkindale qui après Manimal et avoir affronté les descendants de Bruce dans JAWS 3D, jouera les éternels guests dans bon nombre de productions télévisuelles américaines. Il quittera ce monde en 2010, emporté par la maladie...
Scénaristiquement parlant la série repose sur des thématiques vieilles comme le monde, La zooentropie et le métamorphe, concepts quasi préhistoriques qui connurent mille visages à travers les ages et les cultures. Le Dr Jonathan Chase, professeur à l'université de New York, expert en criminologie mais également en ethnologie aide la police dans ses enquêtes. Mais son apport est loin d'être uniquement scientifique. Notre homme possède un don extraordinaire, celui de se transformer en animal. Pour les besoins de la série, notre héros sera systématiquement accompagné de ses deux "faire valoir". (Un peu de charme et d'humour ne peuvent pas faire de mal): Brook, une jeune et jolie policière ainsi que Tyron, compagnon de guerre de Jesse.
Guide des épisodes :
Manimal (Épisode Pilote) :
Un très vague trafic d'arme sert ici de prétexte à la rencontre du magnétique Jonathan Chase et de la jolie Brook MacKenzie. Ce pilote signé de la main de Russ Mayberry (Un cosmonaute chez le roi Arthur) convoque une guest star de premier ordre en la personne d'Ursula Andress et s'offre une conclusion en forme de clin d'œil appuyé aux «dents de la mer» de Steven Spielberg. On notera également que le rôle de Ty est ici tenu par Glynn Turman... qui se fera dévorer les doigts en essayant de nourrir un Gremlin dans le film éponyme de Joe Dante l'année suivante...
Episode 1 : Illusion ( Ilusion)
Plutôt amusant, Illusion permet à notre homme animal d'affronter un diplomate bulgare véreux nommé Zoltan Gregory. Michael D. Robert remplace Glynn Turman sans visiblement que les autres protagonistes de la série ne s'en aperçoivent. Tout le monde n'a peut être pas la mémoire des visages mais tout de même ! On retiendra une bien belle brochette de sales gueules et d'éternels salauds: Richard Lynch en tête, et David Hess (La dernière maison sur la gauche, la maison au fond du parc) pas loin derrière. L'amateur de traduction savourera le doublage français dont une des répliques imbrique fougueusement les titres de deux tubes frenchy des années 80 : "J'aime tellement les femmes libérées des années 80». Vous avez dit culte ?
Episode 2 : La nuit du scorpion (Night of the Scorpion )
Ce deuxième épisode débute sur un somptueux et luxueux bateau de croisière. Tandis qu'une armée de plaisanciers touchés par la fièvre du disco, se trémoussent au dancing, un homme est assassiné dans sa cabine. L'arme du crime est plutôt originale, puisqu'il s'agit d'une tarentule. Sa fille, Terry, reçoit une bien étrange lettre contenant les dernières instructions du défunt. Pas grand chose à se mettre sous la dent si ce n'est une visite guidée des Bahamas sur une bande son steel-drumisante ! Le clou du spectacle, l'intervention d'un éléphant !
Episode 3: La femme louve (Female of the Species )
Plus excitant, le pitch de «La femme Louve» met en scène une femme sauvage découverte lors d'une expédition dans la jungle indienne. Sans aucun doute possible le meilleur rôle jamais interprété par Laura Cushing et pour cause il s'agit ici de sa première et dernière apparition télévisuelle. Un épisode plaisant qui permettra à Jonathan de se transformer en dauphin pour secourir la belle sauvageonne jetée à la mer dans une vulgaire caisse de bois. Économie quand tu nous tiens ! En même temps avec un producteur qui s'appelle Paul Radin …
Episode 4: Un enjeu d’importance (High Stakes)
Une fois n'est pas coutume, la chute d'un enjeu d'importance se trouve au début de l'épisode. Venus tuer la journée sur un champs de course, notre jeune et beau Jonathan volera toute plume dehors au secours d'un parachutiste en détresse. Il y rencontre également Kathy (Tracy Scoggins vu dans quelques réjouissantes bisseries dont Dollman vs. Demonic Toys ou encore dans l'infect 2022, terreur dans l'espace en compagnie de Billy Dee Williams) qui affirme être la victime d'un vol de cheval. Le message caché ne fait aucun doute: Parier ça craint ! Parlez-en à l'équipe de Hand Ball de Montpellier...
Episode 5: La défense du morse (Scrimshaw)
La blaxploitation mène à tout … Chuck Bail, également connus sous le nom de Charles Bail a débuté comme cascadeur avant de faire en pleine seventies ses armes de réalisateurs avec «Black Sanson» ou encore «Cleopatra Jones and the Casino of Gold». Il ne tournera plus que pour la télévision si on l'excepte quelques bobines dont un certain «Zone Dangereuse» sortie en France en VHS dans les années 80. Il réalise ici un chouette épisode, tournant autour de la découverte d'un squelette humain tenant dans sa mimine une défense de morse. On retiendra que le rôle du jeune Corgy est interpreté par Meeno Peluce, frère de Soleil Moon Frye qui tient le rôle titre de la série désormais culte «Punky Brewster ». Quelle famille !
Episode 6: Le souffle du dragon (Breath of the dragon )
Un épisode kungfuteux offrant à nos mirettes fatiguées par les heures de visionnage une très traditionnelle affaire de mafia asiatique et de racket en plein Chinatown. La chose, loin d'être désagréable en soit, vaut surtout par la présence de George Kee Cheung et de James Hong. Deux acteurs partageant une particularité, celle de pouvoir se targuer de filmographies ahurissantes : 175 rôles pour le premier (dont les opus 2 de Rambo et Robocop), 371 pour le second (entre autres Blade Runner, Jack Burton dans les griffes du mandarin, Porté disparus....)
Episode
7: La légende de L'ours de bronze (Night of the beast )
Le réalisateur du pilote de la série reprend le manche pour ce qui sera l'ultime aventure de Manimal. Il sera cette fois question de défendre une petite ville contre l'implantation d'un casino par des mafieux (décidément les scénaristes de la série sont fâchés avec les jeux d'argent). On y retrouve un certain Robert Englund qui apparaîtra la même année sous les traits d'un extra terrestre gentil dans la mini série «V» avant de connaître la gloire en immortalisant le personnage de Freddy, le croquemitaine des «griffes de la nuit» de Wes Craven.
Le réalisateur du pilote de la série reprend le manche pour ce qui sera l'ultime aventure de Manimal. Il sera cette fois question de défendre une petite ville contre l'implantation d'un casino par des mafieux (décidément les scénaristes de la série sont fâchés avec les jeux d'argent). On y retrouve un certain Robert Englund qui apparaîtra la même année sous les traits d'un extra terrestre gentil dans la mini série «V» avant de connaître la gloire en immortalisant le personnage de Freddy, le croquemitaine des «griffes de la nuit» de Wes Craven.
Il n'est pas faire offense aux créateurs de la série, que d'écrire aujourd'hui que «Manimal» a beaucoup vieilli. Scénario daté, effets spéciaux dépassés, situations délicieusement incohérentes (Jonathan déchire ses vêtements à chaque transformation et réapparaît avec les mêmes vêtements une fois redevenu humain, on fume près des stocks d'explosif...etc... ). Mais voilà qui n'empêche pas la relecture nostalgique de ces quelques épisodes restés jusqu'ici égarés dans le brouillard de la mémoire. Ce plaisir là reste intact... et l'on en demandait pas plus.
Le coffret :
Condor nous offre un beau coffret 3 DVD qui permet de redécouvrir Manimal avec une qualité d'image plutôt correcte , des mixages stéréos anglais et francais ( quel savoureux doublage d'époque ) ainsi que des sous titres. 3/5