Nous l'avons déjà de nombreuses fois évoqué dans ces colonnes numériques, l'édition en France des plus obscures pépites du genre est devenue particulièrement compliquée. En plus des fermetures en cascade des boutiques spécialisées et des problèmes de distribution (comme ceux qu'Artus Films a pu connaître avec sa très récente collection Jess Franco qui a été simplement et purement déréférencée par une grande enseigne culturelle dont nous tairons ici le nom), les quelques éditeurs passionnées encore debout se heurtent parfois aux refus des duplicateurs frenchy. Trop violent ! Trop gore ! Trop extrême … Pas de ça chez nous ! Fort heureusement, les dieux de la vidéo se sont penchés sur le berceau de «Game Over», le dernier Timo Rose, Uncut Movies en propose depuis quelques jours et en avant première internationale, une édition limitée à 1000 exemplaires. Ecranbis.com a trempé son orteil dans cette vague sanglante... 37°5, elle est bonne, enfilez vos maillots !
La chronique :
Agé de tout juste six ans, Timo Rose découvre avec «Poltergeist» et «Le loup garou de Londres» que la peur est le plus addictif des plaisirs. Le virus inoculé, définitivement accro aux films d'horreur, le gamin caresse dans ses rêves les plus fous l'espoir de devenir réalisateur. Bien sûr son Allemagne natale est loin d'Hollywood, mais à la veille du nouveau millénaire, Timo passe à la réalisation vidéastique avec le premier volet de sa trilogie «Mutation». Suivront entre autres, Barricade en 2007, Fearmakers, Beast en 2008 et notre Game Over du jour l'année suivante. Une effusion gore que son géniteur qualifie de «the most challenging production I ever had». Le pitch à mi-chemin entre le Torture porn carabiné et le Rape and revenge de compétition donne le ton.
Tina, une jeune actrice américaine qui a posé ses valises en Allemagne reçoit la visite surprise de deux de ses amis. Nos trois jolies scream queen délurées s'élancent, cœur battant, cheveux au vent et langues bien pendues dans une visite des environs lorsqu'elles croisent et raillent un curieux jeune homme portant une veste et un bermuda. L'autochtone ne semble pas avoir le même sens de l'humour et dégaine instantanément un arme pour contraindre les deux premières à monter dans sa voiture tandis qu'il viole la troisième à même le sol. Nos pauvres touristes ignorent encore tout du calvaire qui les attend. Séquestrées par le jeune homme, sa fiancé et sa mère, elles deviennent les marionnettes d'un véritable théâtre de l'horreur. De jeux pervers en supplices, de viol en torture, elles devront tout endurer ...Peut être jusqu'à la mort.
Ce qui est intéressant avec le Torture porn (et avec une partie de la production Slasher), c'est que le sous genre se structure sur des scénarios basiques et des personnages aux interactions limitées (à ma gauche un bourreau, à ma droite une victime, un classique jeu du chat et de la souris). Un exercice de style qui se renouvelant par nature assez peu appelle par conséquent à la surenchère. Ce qui nous permet de mettre le doigt sur un premier point d'analyse: Le film de torture est un film de genre qui tourne le dos à l'imaginaire, sans tourner le dos à l'outil de cette escalade, à savoir l'inventivité. Game Over n'échappe en rien à cette règle et puise son énergie pour ne pas dire sa personnalité, non pas d'un récit ou d'une série de situations, mais bien de la créativité déployée dans la mise en scène du sévice ou de façon plus radicale de la mort. Et sur ce point, le film de Timo Rose, multi-primé à l'international Haunted Horror Film Festival 2009 tient en dépit du déluge de productions du même acabit sur nos platines, ses promesses...
Langue coupée, seins arrachés, victime étouffée, entre jambe défoncé, cannibalisme, viol à la poutre... (Vous avez bien lu !) Qu'on se le dise le festival sadique promis par la jaquette se trouve bien sur la galette. Game Over: un pur spectacle de boucherie ? Il faut bien reconnaître que si les aventures allemandes de nos 3 jolies ricaines effleurent sur le tard la thématique du Snuff Movie (rappelant au moins autant A Serbian Film que l'escroquerie cinématographique de Michael Findlay), Game Over est aussi graphiquement violent que dépourvue de message et par conséquent un film entièrement enchainé au plaisir de choquer et de faire peur. Vous avez dit Grand Guignol ?
Dans sa phase libératoire, retour de bâton oblige, Timo Rose lâche la corde du «torture flick» pour s’accrocher à celle de l’exhibition revancharde. Œil pour œil, dent pour dent. Le bourreau devient Martyr, la victime solde les comptes avec frénésie et rage. Un mécanisme huilé avec soin par quarante ans de Rape and revenge mais une recette étonnamment toujours aussi efficace …puisque plongeant ses tentaculaires justifications dans les profondeurs animales de la psyché humaine.
Bien qu'ultra underground, destiné à un public averti et connaisseur, Game Over se paye le luxe d'une réalisation vidéastique soignée et lacère même ses victimes d'un scope flatteur. Pour ne rien gâcher, même en mauvaise posture, Debbie Rochon (Fearmakers, Tromeo & Juliet) , Raine Brown (Barricade, 100 Tears) et la très, mais alors très très jolie Madgdalena Kalley (Karl the Butcher vs Axe) occupent l'espace avec grâce. Bref le nouveau Timo Rose devrait sans trop de problème se trouver un public chez amateurs de sensations fortes. Voilà une très recommandable addition au sulfureux catalogue d'Uncut Movies.
Le disque :
Uncut Movies propose de découvrir Game Over dans une édition DVD Zone 2 limitée à 1000 exemplaires (Autrement dit, faites vite !). La galette offre le film à nos précieuses mirettes au format 2.35 dans sa version originale simple stéréo (en langue anglaise avec quelques répliques en langue Allemande). Des sous titres français sont également de la partie. Rayon Bonus : Les trailers originaux du film et une floppée de bande annoncesde l'éditeur. 19€90 à commander en ligne sur le site d'Uncut Movies: http://www.uncutmovies.fr/