Disponible
depuis belle lurette chez nos voisins espagnols, le diptyque
d'inspiration et d'aspiration gothique «La Herencia Valdemar»
s'apprête à franchir les Pyrénées... Enfin en partie, puisque
l'effort de José Luis Alemán échappe à l'option «montage
compilatoire pour l'internationnal» et se verra offrir une sortie
vidéastique française en deux temps, comprendre en deux films et deux
disques espacés de quelques mois. Le premier volet mystérieusement
rebaptisé «Le territoire des ombres: le secret des Valdemar»
tombe de l'escarcelle de Condor Entertainment le 5 juin, Ecranbis.com
assure les visites …
Le
nouveau cinéma fantastique ibérique est il en bout de hype ? On
aimerait bien croire que non. Mais la réalité offerte nue à nos
tendres regards de cinéphiles amoureux ne laisse malheureusement que
peu de place à l'interprétation voire même (et c'est bien le pire) à l'espoir. Propulsé
un peu trop vite fer de lance du genre en Europe, l'Espagne semble
désormais tourner en rond, se bornant à habiller ses incartades dans
l'imaginaire d'une robe cinématographique taille unique. Entre bleu nuit et
vert émeraude. (Voir par exemple la critique d'Atrocious) La presse spécialisée, hier dithyrambique,
continue d'applaudir d'un air gêné mais le compte n'y est déjà
plus... Le fut-il un jour? Autrement dit, n'en a-t-on pas trop
dit, écrit, pensé, espéré à haute de voix ?
Voilà bien un effet pervers de la mode !Au royaumes des plumes affutées, il n'est pas rare de voir quelques discutables œuvrettes rafler la mise sous le seul prétexte d'être dans l'air du temps. Ce qui ne serait pas en soit un problème, du moins pas si l'inverse ne se produisait à fréquence égale. Pour poser l'équation de façon plus clair, la nouvelle vague du fantastique espagnol se retirant et l'état de grâce n'étant visiblement plus à l'ordre du jour, la découverte d'une pépite est-elle encore possible ? Assurément mon capitaine, encore faudra-t-il ne pas céder aux sirènes de la tendance et du «dans le vent»...
Ce qu'il faut dire c'est que pour un
premier pas dans l'arène, José Luis Alemán met la barre haute.Très haute ! Une
transposition Lovecraftienne libre, mission impossible par excellence
tant l'univers de l'auteur se veut exigeant et ses adorateurs
peu enclins aux compromis. Un film en deux parties, étalant son récit
sur trois heures, traînant derrière lui les limites structurelles du
diptyque. Je serais tenté de préciser «du diptyque
conçu pour en être un» par opposition aux opportunistes
enfilades de métrages indépendants dont Hollywood s'est fait un
temps une spécialité. Et oui ! L'œuvre en deux parties pose d'entrée le
douloureux problème de l'équilibre. Quelques soit la répartition
narrative choisie, le premier volet fait toujours plus ou moins office de tremplin
au second. C'est d'ailleurs ici très exactement le cas. Les deux
tiers du secret des Valdemar semblent agrippés à un seul et unique
objectif d'exposition voir d'installation. On commence ainsi par
s'accrocher au destin de Luisa Llorente, une jeune femme envoyée
réaliser un inventaire dans un lugubre manoir victorien ayant
appartenu à la famille d'un certain Lazaro Valdemar. Ce qu'elle
trouvera dans les sous sol dépasse la raison mais Luisa disparaît
aussitôt. Un jeune détective est engagé pour trouver sa
trace...
Ce qui permet à Alemán
de transporter son spectateur en 1874 sur le dos d'un périlleux
flashback. Lazaro Valdemar, photographe à tendance petit malin, a
trouvé une combine en or pour financer l'orphelinat de sa douce.
Il organise chez lui des séances de spiritisme dont on repart avec
le cliché du spectre convoqué. (Le fantômaton ?) Le succès est tel que toute la
haute société défile dans le salon des Valdemar. Enfin jusqu'à ce
qu'un journaliste découvre le pot aux roses. Jugé pour escroquerie et
promis à la prison, Lazaro reçoit l'aide d'un curieux personnage:
Aleister Crowley. Ce dernier ne compte ni son temps, ni son argent (ni
trop sur sa morale à vrai dire) pour sauver le photographe. En échange, Crowley demande à Valdemar un curieux service: Organiser un
rituel afin d'ouvrir une porte sur une autre dimension et ainsi en
tirer la connaissance absolue.
Il faudra bien heure pour que «Le territoire des ombres» dévale les pentes du fantastique et trouve pas conséquent un peu d'élan. Mais on reconnaîtra qu'une fois l'enfer à porté de mains (et des yeux), Alemán fait passer les plats vitesse grand V: Rituel satanique glaçant, créature démoniaque et possessions, le tout servi par des effets numériques de qualité. De quoi définitivement effacer de nos mémoires la touche téléfilmique qui habille avec plus ou moins de grâce ce premier volet. Pour ne rien gâcher, Paul Naschy, icône du fantastique espagnol fait quelques apparitions (Il s'agira de ses dernières, l'acteur a quitté le monde des vivants en novembre 2009).
Du côté des bons points, les quelques
images du second film intelligemment dévoilées à la fin du le
secret des Valdemar ont le mérite de donner l'eau à la bouche.
Soigné a défaut d'être complètement emballant, Le territoire des
ombres réussit donc l'essentiel: Donner l'envie de jeter un œil à
sa suite au risque de s'en révéler frustrant. Le Rendez vous est
pris pour septembre 2013...
Condor
présente Le territoire des ombres dans une édition techniquement
soignée. Nous avons droit à un master au format 1.85 et non 2.35
comme on peut le lire ci et là, aux noirs particulièrement profond
et à la compression discrète. Côté plaisir auditif, deux mixages
Dolby Digital 5.1 ( Français et Espagnol sous titré en français)
et un mixage DTS ( Français Uniquement). Pour être parfaitement
honnête, le doublage français n'a rien de honteux mais la VOST est
vraiment à privilégier. Dans la cave au suppléments :
Lovecraft décrypté :
Un document de 8 minutes sur la dimension Lovecraftienne du film .
Un Making of ( 28 minutes)
Quelques bandes annonces éditeur au lancement de la galette.
Lovecraft décrypté :
Un document de 8 minutes sur la dimension Lovecraftienne du film .
Un Making of ( 28 minutes)
Quelques bandes annonces éditeur au lancement de la galette.