Ah qu'il est loin le bon temps de la VHS, des vidéos clubs et des rayons pleins à craquer de péloches obscures aux jaquettes aguicheuses. Loin également notre regrettée 5e chaine, parenthèse dorée dans l'histoire de la télévision française, sur laquelle s'enchainaient au rythme de deux par soir, les bobines les plus improbables que le 7e art nous ait données. Que l'on se rassure, quelques éditeurs continuent d'abreuver contre vents et marées, les amateurs français de cinéma de mauvais genre. Preuve en est, MEP vidéo proposera le 18 octobre prochain « Evil grave, la malédiction des mayas». Un « Z » à l'ancienne au programme chargé : maléfices, zombies et flûte de pan ! Ecranbis.com l'a vu et vous raconte tout...
Synopsis :
Un jeune couple emménage dans une maison située en plein désert mexicain, ancien lieu de culte maya où se déroulaient d’atroces sacrifices. Leur nouvelle maison semble hantée par une ancienne malédiction, jetée lors du meurtre d’une famille maya innocente. Le meurtrier ne les a pas inhumés convenablement et maintenant les morts sont de sortie...Et ils sont affamés...
Critique :
David Heavener est un garçon pas comme les autres. Acteur karatéka, spécialisé dans l'action movie désargenté, compositeur de musique chrétienne, scénariste et réalisateur, il délaisse les tatanes à l'aube du nouveau millénaire en se lançant dans la production de péloches fantastiques de seconde zone. Après s'être essuyé les pieds sur le paillasson de la science fiction avec «Outlaw Prophet» il opère une virage à 90 degrés pour basculer dans l'horreur pure. Il se fendra d'un «Costa Chica: Confession of an Exorcist» et d' «Evil Grave, The Curse of the mayas» qui sera exploité sans faire grand bruit sur le marché de la vidéo aux États Unis sous le titre opportuniste de «The Dawn Of The Dead» (2004). Nous avions perdu tout espoir de nous mettre sous la dent (et les yeux) ce petit film sans prétention mais contre toute attente, pratiquement 8 ans après sa sortie DVD américaine, voici qu'un Zone 2 français point le bout de son nez.
Première surprise ! Bien que tourné en 2004, «Evil grave» semble surgir des années 80 et se montre à bien des égards typique de la production vidéo horrifique de l'époque. Ici, il n'est pas question de se lancer dans une mission de reconnaissance dans les galeries les plus sombres du fantastique, mais bien d'exploiter un filon existant et spécifiquement la thématique «mort vivant». Tout comme à la grande époque du «Zombie» Transalpin, le scenario d' "Evil Grave" et sa malédiction Mayas tombée du ciel, ou tirée par les cheveux, on vous laisse choisir, sert surtout de prétexte à l'enfilage de scènes horrifiques et au défilé de macchabées baladeurs. Le tout baignant dans un usage immodéré de nuit américaine façon Bruno Mattéi, accompagné d'une bande son synthétique digne des meilleurs ou des pires (ce sont en fait les mêmes) «Fred Olen Ray».
Puisqu'on est jamais aussi bien servi que par soi même, Heavener, déjà réalisateur, producteur et scénariste s'octroie un des premiers rôles (tant qu'à faire !) et convoque Joe Estevez, petit frère de Martin Sheen dont la dense filmographie (224 films au moment où j'écris ces lignes) laisse sans voix. (Beach Babes from Beyond, Karate Commando et j'en passe. Que du bon !). Pendant ce temps, Amanda Bauman, dont il s'agit du premier rôle à l'écran campe la femme forte avec une certaine conviction, payant de sa personne au point de tomber le haut puis le bas et d'embrasser goulument son réalisateur (le monde du cinéma est décidément sans pitié). Tout ce petit monde aurait pu se prendre au sérieux mais heureusement il n'en est rien. Très conscient des qualités du film qu'il est train de réaliser, David Heavener se laisse aller à quelques dialogues savoureux (Tu veux vraiment me faire plaisir ? Alors fous-toi un sac sur la tête et ferme ta gueule) et à une scène hilarante dans laquelle la petite amie d'un dealer en cavale se lance sans raison apparente dans un effeuillage grotesque face à deux clandestins qui finisse par lâcher : On a quitté le Mexique pour ça ?
Rayon gore, «Evil Grave» livre son lot d'apparitions zombiesques et de dégustation de viande humaine, malheureusement le plus souvent plombées par une photographie défaillante rendant l'action difficilement lisible. Dans un moment de folie, nous aurons même droit à l'accouchement d'une morte vivante (hors cadre, faut pas charrier non plus!) qui livrera à nos yeux ébahis un rejeton qui réclame autre chose que de lait. Une séquence amusante mais qui tombe (comme beaucoup de choses dans cette nuit des morts vivants exotique) comme un cheveu sur la soupe. Dans la ligné de «Video dead», «Réanimator hospital» et autre «L'invasion des cocons» le visionnage d'Evil Grave devrait combler les amateurs de raretés VHS et «old School» qui pullulaient il y a quelques années sur les linéaires de vidéoclub et dans la grille des programmes de deuxième partie de soirée de M6 et de La Cinq. L'amateur de ce genre de plaisir nostalgique et interdit, sera même aidé par un somptueux « pan & scan ».
Test Technique :
La galette argentée que nous avons eu dans les mains semble reprendre les caractéristiques de l'édition Zone 1 sortie chez Hannover House. MEP n'a sans doute pas pu faire de miracle et a du composer avec les matériaux existants. Il faudra donc nous contenter d'un transfert plein cadre très moyen (visiblement le même que celui du disque américain) et d'une simple piste stéréo. Des détails qui ne devraient toutefois nullement gâcher le plaisir des cinévores déviants que nous sommes. (Au contraire dirons les puristes !). Rayon bonus, un film annonce éditeur et une galerie photo. On se consolera avec un jolie jaquette aux visuels engageants qui trouvera sans nulle doute une place de choix dans votre collection.