Avis aux amateurs de science fiction et de cinéma bis, Sandy Collora, le réalisateur gonflé de « Batman : Dead End » est de retour. Disponible depuis décembre dernier en DVD aux Etats Unis, et depuis cet été en Allemagne (sous le titre Space Prey), Hunter Prey vient enrichir le sympathique catalogue de Condor Entertainment (The Human Centiped, King Of fighters, Rampage...). Si vous vous posiez la question : Peut-on faire un bon film de SF avec 3 fois rien ? La réponse est attendue le 18 octobre sur la planète France. L'éditeur ayant eu l'amabilité de téléporter une galette bleutée de la chose (désormais titré Promotheus : Commando Stellaire) dans notre platine, Ecranbis.com ouvre le bal...
Synopsis :
Suite à un incident d’origine inconnue, le vaisseau de transport militaire Promotheus a quitté sa trajectoire pour s’écraser sur une planète non répertoriée. Les membres du commando stellaire qui ont survécu, ont pour ordre de ramener vivant le détenu qu’ils escortaient. Mais le prisonnier qu’ils traquent, dernier de son espèce, ne va leur laisser aucune chance…
Critique :
En intégrant à 17 ans l'équipe du regretté Stan Winston, Sandy Collora est entré dans le petit monde des effets spéciaux par la grande porte. Spécialisé dans le design de créatures, il travaille sur Leviathan, Abyss, Freddy 5, Predator 2, Men in black, The Arrival ou encore Dogma avant de marquer les esprits avec "Batman: Dead End" un court métrage qu'il réalise en 2003. 8 minutes hallucinantes de maitrise, tournées en 4 jours seulement et mettant en scène Batman, les créatures d'Alien et Predator. Tandis que le film bat des records de visionnage sur internet et que les portes d'Hollywood commence à s'entrouvrir, notre jeune réalisateur va jouer de malchance, il perd sa mère puis est victime d'un grave accident de voiture. Et si les studios se montrent intrigués par son talent et son sens de l'économie, rien n'avance pour autant... Peu importe, faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, notre jeune réalisateur revient en 2010 avec un long métrage de science fiction : «Hunter Prey».
Tourné en un peu plus de deux semaines, en numérique au Mexique dans des conditions décrites comme apocalyptiques (Collora déclara dans un interview donné à geektyrant.com : « Je l'ai tourné il y a un an et j'ai encore du sable dans ma voitures et dans mes fringues » ), avec un budget qui ferait peur à Fred Olen Ray, Hunter Prey est avant tout chose un pari risqué. A l'opposé du Torture Porn, Survival et autres genres cache misère, la science fiction s’accommode en général assez mal de l’austérité budgétaire. Et si la démocratisation des effets numériques a autorisé la mise en orbite de quelques bobines SF ouvertement bis, les quelques space opéra fauchés parvenus sur nos petits écrans ont eu bien du mal à convaincre. A l'exception peut être des productions malines de Phillip J. Roth dont on retiendra le couillon mais drôle Velocity Trap (Piège dans l'espace en France) ou APEX et ses robots ressemblant étrangement aux Cylons de Galactica, le genre a surtout sombré dans le « télé-filmique mou de la combinaison spatiale» en essayant de nous faire prendre le moindre recoin d'usine désaffectée pour un couloir de croiseur intersidéral.
Promotheus projette, pour commencer, ses personnages dans un univers « Scifi » rétro futuriste visuellement inspiré par Star wars. Impossible en découvrant les armures de ce commando stellaire de ne pas penser aux clones de la saga de Lucas, tandis que son décor désertique et ses créatures rappellent ouvertement les dunes et habitants de Tatouine. Impossible également de ne pas voir dans ces quelques 90 minutes un hommage passionné au Western, à la planète des singes , aux comics et surtout à une œuvre étrangement sous estimée du cinéma SF des années 80 : Enemy mine. Ce film de Wolgang Petersen, que nous connaissons en France sous le titre Enemy, mettait également en scène le face à face d'un homme et d'un extraterrestre, sur une planète hostile. Sandy Collora va même pousser le bouchon plus loin, en faisant clairement références aux Dracs (L’espèce en guerre avec les humains dans Enemy Mine) dans ses dialogues. Autre référence notable, le nom de notre soldat Alien, Centauri 7 en référence à un autre extra terrestre célèbre du cinéma fantastique : le «Centauri» de «The Last Starfighter».
Nous sommes donc face à une bobine révérencieuse, mais pas seulement car Promotheus est aussi, pour ne pas dire surtout un véritable tour de magie. Transcendant son budget d'un demi million de dollars, Sandy Collora distribue les paires de claques aux vieux routiers du «Low Budget» et se paye même une dimension cinématographique. Bien cadré, bien photographié et tout simplement bien envoyé, ce « Promotheus » respire le cinéma Bis comme on l'aime, les scénarios de bande dessinée et le système D. Alors, bien sûr, on pourrait pointer du doigt quelques blablatages superflus, un scénario un poil simpliste et un décor quasi unique. Mais sous la pluie d’insupportables DTV aux effets numériques approximatifs et autres productions lourdingues destinées à gonfler la grille de SYFY, Promotheus est un grand bol d'air frais. A mi chemin entre un épisode de Star trek, une péloche Sf old school et un Star wars Fan movie ...Une série B ! Une vraie ! 15/20 !
Test technique :
Histoire de ne pas gâcher notre plaisir, Condor s'est fendu d'une Edition Bluray superbe avec fourreau aux visuels signés Gil Jouin, créateur de l'affiche du « Retour du Jedi ». Côté technique, rien à redire, profitant d'un tournage numérique (à grand coup de Red One), l'image de Promotheus se montre juste somptueuse. Pas de mauvaise surprise sur la partie audio avec 2 mixages 5.1 DTS HD très dynamiques et pour une fois une préférence pour le doublage français. Des sous titres français sont bien sûr de la partie. En guise de supplément, nous avons droit à un making of d'une petite demi heure et 3 bandes annonces éditeur ( The Human centiped, Discworld et Spitfire). Bref, comme on dit chez les djeunz, ça le fait !