L'obsession sécuritaire et la multiplication des caméras de vidéo-surveillance vous donne des boutons? Vous avez volontairement jeté votre webcam dans la cuvette des toilettes et vous regardez votre robot mixeur d'un sale œil? Non vous n'êtes plus seul. Richard Clabaugh, réalisateur du couillon mais fréquentable «Python» partagera vos névroses le 19 octobre prochain avec «EyeBorgs». Une histoire de surveillance technologique qui tourne au vinaigre. Pour l'occasion l'éditeur Free Dolphin Entertainement s'est fendu d'édition DVD et Bluray. Ecranbis.com y a jeté un œil avec un peu d'avance...
Synopsis :
Dans un futur proche, le gouvernement a mis en fonction un nouveau système de surveillance par caméras/robots mobiles. Sous prétexte de protéger les citoyens, ce réseau de caméras Eyeborgs est également un bon moyen de contrôler les populations. Un agent de sécurité national découvre alors que les Eyeborgs sont sous le contrôle des auteurs d’un complot visant à supprimer le Président des Etats-Unis d’Amérique…
Critique :
Le nom de Richard Clabaugh est intimement lié au cinéma de genre. Ce spécialiste de la direction photo fait ses armes dans le petit monde de la série B horrifique à la fin des années 80. Il travaillera sur plusieurs films de l'anglais Anthony Hickox (Waxwork 1 et 2, Warlock 2 et 3 ou encore Hellraiser 3) mais aussi sur le Maniac cop 3 de Lustig avant de signer la photographie de l'excellent Phantom de Joe Chapelle à la fin des années 90. Son chemin croise alors le producteur réalisateur Philip J. Roth dont la firme (UFO Films) profitant de l'avènement des effets spéciaux numériques s'est lancé dans la production à la chaine de produits calibrés pour la vidéo. A l'aube du nouveau millénaire, Clabaugh se voit proposer par UFO un premier long métrage: Python. Un bis couillon mais pas désagréable dans lequel Robert Englund ( inoubliable Freddy dans les Griffes de la nuit) et Casper Van Dien (dont la carrière n'a pas encore piqué du nez mais bat néanmoins déjà de l'aile) partage la vedette avec un serpent géant en image de synthèse. Depuis Richard Clabaugh s'est plutôt fait discret. Il enseigne à l'université de Caroline du nord et fonde en 2005 sa propre société Crimson Wolf .
Première production maison, Eyeborgs puise ses tentacules mécaniques dans une inquiétude des plus actuelles. Depuis l'électrochoc du 11 septembre 2001, l'Amérique a plongé tête baissée dans l'obsession sécuritaire. Un traumatisme qui s'exporte vitesse grand V puisque en Europe, (l'Angleterre en tête et la France pas loin derrière), des champs de streets camera fleurissent sur les toits des villes. Souriez vous êtes filmé! Au nom de la protection des citoyens, Big Brother est en passe de devenir une réalité. En propulsant dans un futur proche, l'idée d'une société sous contrôle, Clabaugh imagine des caméras robotisées mobiles. Odin System voit et contrôle tout, une avancée technologique qui tombée dans de mauvaises mains pourrait mettre en danger nos chères libertés individuelles...
L'autre versant de l'édifice est une thématique récurrente (et d'ailleurs récurée) de la science fiction : Le soulèvement des machines. Un scénario catastrophe qui n'a pas attendu l'ordinateur farceur de "Wargames" ou le "Terminator" de Cameron pour imprimer la pellicule et l'écran. Dans les années 70, l'image angélique de Robby de "Planète interdite" prend un coup sur les circuits électronique. Le "MondWest" de Crichton et sa suite "Futureworld" sonne la révolte des robots au cinéma. Et Dans Saturn 3 (1980), Kirk Douglas affrontera un monstre métallique bien décidé à dépasser sa condition de boite de ferraille parlante. Les deux thématiques vont finalement se rejoindre au milieu de années 80 sous la plume et la camera du pape de la techno-fiction (Crichton encore lui) pour l'oublié mais excellent « Runaway ». Suivi de près par le Robocop de Paul Verhoeven.
Eyeborgs, vous l'aurez compris, ne fera pas souffler un vent nouveau sur les terres du cinéma fantastique et de science fiction. L'intérêt du métrage est ailleurs et pour commencer dans sa condition de bobine indépendante à petit budget. Réalisé avec moins de 5 millions de dollars, Eyeborg semble à l'écran en avoir couté le double. Un tour de magie exécuté loin des studios californiens, en Caroline du Nord, avec la participation d'étudiants en cinéma. Prise de vue à l'épaule, photographie flatteuse, scope rutilant et participation de Danny Trejo (Machette) Clabaugh donne à son film une dimension cinématographique peu courante dans le petit monde du DTV. Seul l'inégalité des effets numériques, oscillants entre le réussi (les robots ) et le complètement outdated (l'explosion finale) viennent trahir un tournage placé sous le signe de l'économie.
Bien que pas vraiment rafraichissant et un peu prévisible, Eyeborgs, fort des qualités précédemment citées parvient à délivrer un divertissement fréquentable en mode « DTV » de luxe . La chaine américaine SYFY, qui avait déjà donné dans robot ravagé du chipset avec Shockwaves de Jim Wynorski, ne s'y est pas trompé et a depuis acheté le film.
Test technique :
La galette argentée que nous avons eu entre les mains permet de découvrir «Eyeborgs» dans des conditions techniques optimales, c'est à dire dans une image à la compression très discrète, dans son format d'origine 2.35 (Les bandes annonces sont par contre étrangement recadrées). Deux mixages DD5.1 (français /anglais) plutôt bien envoyés attendent les audiophiles. Notons bien sûr la présence de sous-titres français. Chose rare pour ce genre petite production, le rayon bonus s'avère plus bien achalandé avec un making of, un supplément titré «faire un robot en 3 mn», un bêtisier, des scènes coupées, un clip et les bandes annonces anglaise et française du film. Bref, une édition comme on aimerait en voir plus souvent.