Les dinosaures attaquent: Test DVD et Critique


Chez Artus Films, on est décidément très en forme. Après "Immortel Bela Lugosi" et "Destination Mars", l'éditeur proposera le 20 octobre prochain un nouveau coffret de sa collection prestige, cette fois entièrement consacré aux dinosaures. Au programme, un collector superbe double disque contenant 4 films dont 3 sont à ce jour inédits sur la planète France, mais aussi des courts-métrages de Willis O'Brien, 4 reproductions de Lobby Cards et un livret de 12 pages traitant de l'omniprésence de reptiles géants au sein de l'age d'or de la SF américaine des années 50. De quoi faire frétiller la carte bleue des cinévores collectionneurs.



Synopsis :

THE BEAST OF HOLLOW MOUNTAIN
Jimmy Ryan (Guy Madison), un jeune cow-boy vivant au Mexique, découvre que son bétail disparaît mystérieusement. Alors qu’il s’en prend à un propriétaire concurrent, les autochtones lui racontent que, non loin d’ici, une montagne creuse sert de repaire à une terrible et monstrueuse bête…

KING DINOSAUR
Une équipe d’explorateurs partent en mission sur Nova, une nouvelle planète du système solaire, qui ressemblerait à la Terre. Sur place, ils vont devoir affronter des animaux aussi gigantesques qu’agressifs, ainsi qu’un terrifiant dinosaure…

LOST CONTINENT
Le major Nolan (Cesar Romero) et son équipage sont envoyés en expédition dans le Pacifique, afin de récupérer un missile nucléaire. Ils arrivent sur une île perdue, et se retrouvent face à des monstrueux dinosaures…

TWO LOST WORLDS
En 1830, sur le bateau « Queen », Kirk Hamilton se fait blesser lors d’une attaque de pirates. Débarqué en Australie pour y être soigné, il tombe amoureux d’Elaine, fille d’un riche propriétaire. Quand elle se fait enlever par les pirates, Kirk part à sa rescousse. Mais il va arriver sur une île étrange, peuplée par de gigantesques dinosaures…

Critique :

L'homme n'a jamais croisé les premiers locataires de la planète ailleurs que dans ses rêves les plus fous, aux côtés des goules, lycanthropes et autres créatures chimériques. Et pourtant, ces monstres géants, presque improbables, ne sont pour une fois pas les fruits de notre débordant imaginaire mais bien au contraire des enfants de notre mère nature. Il est donc peut dire que le dinosaure a une place à part dans le bestiaire fantastique, aussi solidement ancré dans la réalité scientifique et que dans le fantasme littéraire.(Le monde perdu de Doyle 1912) Nos cousins éloignés n'en sont que plus terrifiants et le cinéma s'engouffrera bien entendu dans la thématique. Un véritable casse tête pour les cinéastes qui pour ne pas tomber dans l'anachronisme, devront déployer milles parades : Terres et îles inexplorées, voyages au centre du globe, dans le temps ou l'espace, essais nucléaires et magie de l'ADN pour ramener les dinosaures sur les écrans. Pour insuffler la vie à nos vertébrés diapsides, tous les coups seront également permis: Animations « image par image », costumes, Latex rempli d'animatroniques et imagerie numérique. Peu importe le gigantisme de nos reptiles, les artisans du bis n'ont pas le vertige, même les maitres du cinéma pingre se sont ainsi offert leur dino story : Corman ( La série des Carnosaurs ), Charles Band (Prehysteria! ) comme des dizaines d'autres cinéastes désargentés avant eux. C'est justement ce que nous propose de découvrir ce nouveau coffret édité par Artus …



Non content d'être le seul film en couleur du coffret, The Beast of Hollow Moutain est aussi un western. Dinosaures et cowboys, un télescopage thématique à première vue impossible qui imprimera la pellicule en 1956. Connue pour avoir été la première bobine à combiner la stop motion, le cinémascope et la couleur, cette coproduction americano-mexicaine se désintéresse dans un premier temps de son théropode gourmand au profit d'une intrigue plus classique. Jimmy, fraichement installé dans les collines mexicaines ne dirait pas non à la locale de l'étape, la jeune Sarita. Mais la belle se trouve malheureusement promise à Rodriguez. Et ce dernier n'entend ni partager sa future femme, ni les terres de son pays avec ce texan décidément très envahissant. Après 40 bonnes minutes, notre reptile géant se rappelle tout de même à notre bon souvenir, sous la forme d'une ombre, puis de prothèses. (Tu as vu mes bottes dino comme elles sont belles ?) Et Pour finir par une animation certes perfectible mais charmante. Point d'orgue de cette aventurette délicieusement datée:  Notre cow boy contraint de jouer les tarzan sous les yeux médusés de la créature, espérant ainsi la faire tomber dans des sables mouvants. Un dinosaure, aussi Bis soit-il, est-il assez con pour se laisser berner par un tel subterfuge ? Pour le savoir, il vous faudra voir «The Beast of Hollow Moutain» ! Si là on ne vous l'a pas vendu ...On ne vous le vendra jamais... Rayon copie, il ne faudra pas attendre de miracle. Encore une fois, Artus a du faire avec les matériaux existants et tout effort de restauration est à mettre en rapport avec les réalités économiques de l'édition d'un tel métrage. Reste que le disque délivre tout de même cette «bête de la montagne de l'ombre» dans son format d'origine 2.35.



Le deuxième film du coffret, va nous permettre quitter le Mexique, la terre et de retrouver le noir et blanc. Pour son premier jet «King Dinosaur», Bert I. Gordon est en effet allé chercher le lézard dans l'espace. Après un incroyable festival de Stock Shots, nos deux couples d'astronautes débarquent sur l'étrange planète Nova, pour une exploration en règle qui, malheureusement, une fois les combinaisons spatiales quittées, va devoir beaucoup plus à Koh Lanta qu'à Mission To Mars. (Se taper un voyage cosmique pour se retrouver emmerdés par des serpents et un crocodile ordinaire, c'est qui s'appelle avoir une poisse carabinée ou un budget anémique). Par chance un insecte gros comme un cheval viendra donner un peu de piment à cette sage excursion. Rayon dinosaures, il faudra par contre patienter les 2/3 du métrage pour que Bert I. Gordon, lâche une salve de combats reptiliens filmés en gros plan et s'autorise des effets d'optique (qui deviendront d'ailleurs sa spécialité) au passage somptueux. Finalement beaucoup plus proche du film d'aventure que de l'épopée spatiale promise par son pitch, King Dinosaur se regarde avec grand plaisir à condition de ne pas trop se poser de question sur son final et la stupéfiante conclusion qu'en tirent ses personnages. Copie très acceptable en prime.




A peine le temps d'enfourner le deuxième disque que nous voilà face à Lost Continent et son générique qui rappelle avec plus de 25 ans d'avance celui de Star Wars. Tournée en 11 jours et pas un de plus, cette production «Lippert Pictures» emprunte à «Vingt-quatre heures chez les Martiens» autre bobine maison, quelques plans et un usage amusant de filtre. Tout comme les séquences martiennes de Rocketship XM s'étaient vues teintées de rouge, une partie de «Lost Continent"  aura droit a un colorisation verdâtre censée symboliser la radioactivité ambiante. Pour cause de fusée portée disparu, trois militaires sont priés d'accompagner des scientifiques dans une mission de recherche. Tentative qui va permettre à notre équipage d’atterrir en catastrophe sur une île mystérieuse. Sur place ils prennent connaissance, grâce à une indigène semblant sortir de chez le coiffeur, de l'existence d'une "montagne secrète tabou"  au sommet de laquelle les attendent un autre monde échappant au temps et peuplé de monstres préhistoriques. Bénéficiant de beaux décors (magnifiés par une très belle copie), Lost Continent s'offre un Brontosaure en colère et quelques autres convaincants géants venus du passé. Une escapade sympathique, un poil alourdie par une douloureuse ascension (pour les personnages comme le spectateur). Mais le monde perdu, c'est comme tout ! ça se mérite !



Le dernier métrage proposé par Artus est Two Lost World que le livret signé par le professeur Brave Ghoul nous présente comme étant le premier dino movie des années 50 sans en être véritablement un. En effet si l'on nous promet le PREHISTORIC TIMES MOST AWESOME SPECTACLE, nous sommes surtout face à une film d'aventure sans grande saveur dans lequel les dinosaures seront d'une discrétion exemplaire, n'officiant que quelques minutes tout au plus. De fulgurantes apparition qui ne furent même pas réalisées pour l'occasion mais simplement empruntées à One Million B.C., connu par chez nous sous le titre «Tumack le fils de la jungle». Bien que dispensable, le visionnage de "Two Lost World" s'avère cependant amusant, surtout que la péloche en question a la très bonne idée de ne durer que 58 minutes.


Verdict : 

Encore un fois, Artus propose à prix démentiel (18€90) un coffret superbe nous permettant de découvrir dans des conditions satisfaisantes quelques perles bis arrachées au temps. En prime un livret de 12 pages instructives et drôles signé Pr. Brave Ghoul, 4 cartes postales et des courts métrages de Willis O'Brien. On se prend à rêver aux éventuelles additions à la collection prestige et pourquoi pas un coffret « Naziploitation française » ? A suivre...