Ce soir je serai la plus dingue pour aller danser ...Tel aurait pu être le titre français de «The Loved Ones » revenu des sommets enneigés de Gerardmer auréolé d'un prix du jury. Nous n'avons depuis entendu que le plus grand bien de cette péloche agitée de la boule à facettes. Amis capitaines de foot de l'équipe locale ou reines du bal de fin d'année, vous ne mettrez jamais plus un vent de la même façon... L'heure de la revanche des nerds (sauce girl's power) a sonné ! Ecranbis.com compte pour vous les points...
Synopsis :
Lola, la fille la plus timide du lycée propose à Brent de l'accompagner au bal de fin d'année.
Comme il avait prévu d'y aller avec Holly, sa petite amie, il décline poliment l'invitation.Mais Lola n'aime pas qu'on lui dise non…
Critique :
Terrain de jeu favori du cinéma teen américain depuis son film fondateur, l’«American Graffiti» de George Lucas, le bal de fin d'année, symbole d'une scolarité présentée pour ne pas dire vendue au reste du monde comme la plus attractive de la planète terre, est le pure reflet de l'American way of life et de la culture anglo-saxonne. Un conte de fée pour les uns, un véritable cauchemar pour les autres. Il faut dire que ce rite social imposé laisse chaque année des milliers d'adolescents sur touche, victimes d'un «Teen Angts» d'anthologie pour cause d'absence d'invitations ou de râteau planté dans le cœur. Manque de bol pour l'oncle Sam, les binoclards de services, les gros, les intellos, les moches, les timides, en un mot les nerds, filles ou garçons, ont depuis fait main basse sur Hollywood et n'en finissent plus d'exploiter leur frustration adolescente. Après avoir fait passé des années durant les sportifs populaires aux sourires Colgate et les reines de la promo, pour des neuneus décérébrés promis à l'alcoolisme et à la ponte de chiars, le ton est monté d'un cran. Au pays du fast food tout comme celui des kangourous, plus question d'attendre, la vengeance est désormais un plat qui se mange chaud.
Depuis que des lycéens canardent à bout portant leurs professeurs et camarades de classe, l'ados, hier symbole même de l'insouciance est devenu un personnage inquiétant voir un point de crispation sociétale. Le cinéma de genre qui ne manque jamais d'assurer son rôle cathartique a d'ailleurs fait depuis plus de 20 ans déjà, basculer le «Teen Movie» dans l'horreur avec un mot d'ordre : Pour tout bon psychopathe, le talent n'attend pas le nombre des années. The Loved Ones vient donc s'inscrire dans une longue suite de films qui de «Carrie» à «Tous les garçons aiment Mandy Lane» présentent la face sombre d'une jeunesse qui incarne à la perfection les travers de nos civilisations.
Comme nous vous l'expliquions dans le chapeau introductif, «The Loved Ones » a pour commencer conquis le jury du festival de Gerardmer, ce qui malheureusement et depuis quelques années, n'est plus aux yeux des fantasticovores un gage de qualité. Oui, disons-le ouvertement, bien que profitant du bon air de la montagne, les derniers palmarès de l'évènement phare du genre en France, ont surtout senti le rance voir le mal dégluti. Pas plus tard que cette année , nous ne nous étions pas gênés pour ricaner à la barbe de «Blood Island» (Qui n'est au passage pas un mauvais film , mais... Grand prix 2011 ...Un peu de sérieux messieurs !). Nous n'aurons pas plus de gène à dire que «The Loved Ones» est a l'opposé,une excellent péloche qui ne démérite à aucun moment . Cinématographiquement superbe, et bénéficiant d'une performance «stratosphérique» de Robin McLeavy, à la fois moche, belle et flippante, ce bal de fin d'année pas comme les autres parvient à nous faire avaler une énième incursion dans le «torture porn» pourtant devenu la tarte à la crème du genre. Un coup de maître tant la corde est usée jusqu'à la trame.
Plus étonnant reste le regard que pose Sean Byrne sur son propre effort, allant (dans les bonus même du DVD) jusque à se targuer d'avoir pris le cinéma d'horreur actuel à contrepied et par le même coup renouvelé le genre. ( Rien que ça!). Des propos discutables, tant son «The Loved Ones » aussi réussi soit-il, se contente de suivre avec application les rails posés par des centaines de bobines avant lui. ( Texas Chainsaw massacre, le Carrie de DePalma en tête ) Pire, dans la récente production horrifique, des dizaines d’œuvrettes du samedi soir (Tamarra, Mandy Lane, The Roommate, Sorority Row) ont poussé , avec certes plus ou moins de succès, le ciné de genre dans ces mêmes couloirs. Eux même (bien) inspirés par toute une génération de sombres teen movies des 90's. Autant dire que l'on voit difficilement, dans ces conditions, en quoi «The Loved Ones» se montre révolutionnaire. Restent 84 minutes heureusement endiablées et jouissives qui effaceront sans peine de nos mémoires les propos de leur géniteur. Bref, on vous invite vivement à louer ou acheter cette galette, ne refusez pas... Vous ne savez pas où cela peut vous mener …;)
Test technique :
Arp Selection s'est fendu d'une galette aux menus somptueux, délivrant ce spectacle morbide dans un transfert sans faille et dans son format d'origine 2.35. Du grand art accompagné de pistes audio 5.1 et stéréo en français et anglais. (Doublage au passage sympathique). Rayon bonus, bande annonce et floppée d'interview sont au programme. Bref, une édition simple et efficace. Bonne pioche.