MEP (Movie Entertainment Products) est décidément très en forme et ce ne sont pas les fantasticovores compulsifs qui vont s'en plaindre. Après "Trapped Ashes" et "Evil grave" le mois dernier, c'est au tour de «Metamorphosis» de venir enrichir le catalogue de l'éditeur. Au programme: un Christophe Lambert qui flirte à nouveau avec l'immortalité, des bains de sang et une série B de compétition pour une galette de seconde zone. Ecranbis.com l'a vu le jour d'Halloween (un signe ?) et passe aux aveux... sous la torture. (Oh oui fais moi mal, grand fou!).
Synopsis :
Keith, son meilleur ami J.J et sa petite amie Kim, voyagent à travers la campagne hongroise dans l’espoir d’étayer la thèse sur laquelle travaille Keith au sujet de la légendaire Comtesse Elizabeth Bathory, réputée pour s’être baignée dans le sang au XVIIème siècle. En route, ils se perdent et passent par un cimetière où ils rencontrent une mystérieuse jeune femme qui leur propose de les guider jusqu’au château Bathory…
Critique :
Depuis les années 90, Christophe Lambert mène une incroyable double carrière. Acteur respectable dans notre petite et obscure contrée, il explore outre Atlantique et avec un plaisir manifeste les profondeurs du cinéma d'exploitation. Notre cricri d'amour promène ainsi son inébranlable classe dans les recoins les plus sombres d'Hollywood, enchainant les rôles les plus improbables, sans jamais tomber dans le ridicule. Luxe que peu de stars déchues des années 80 peuvent se permettre (parlez-en à Val Kilmer tiens!). Ainsi en 2007, Lambert jouera dans le très sérieux «La disparue de Deauville», première réalisation de sa compagne Sophie Marceau mais aussi dans «Metamorphosis» effort fantastico-vampirique de Jenö Hodi.
Jenö Hodi est un personnage tout aussi singulier. D'origine hongroise, il émigre aux États-Unis dans les années 80 et étudie le cinéma à l'université de Colombia. Il devient ainsi l'élève de Milos Forman et Brian De Palma. Brillants exemples que notre homme ne suivra pas, préférant gouter aux joies d'un cinéma plus décomplexé. D'ailleurs à ce jour, son effort le plus célèbre reste le très drôle «American Kickboxer 2». Tourné en Hongrie, en Allemagne et en Autriche avec un budget de 6 millions de dollars US, son «Metamorphosis» se paye en plus de Lambert, l'acteur canadien Corey Sevier qui avait déjà eu à faire à d'impitoyables beautés fatales dans Decoys et sa réfrigérante séquelle (soeurs de Glace en France).
Notre "Metamorphosis", à ne pas confondre avec le nanar léthargique de George Eastman ni avec "Metamorphosis : The Alien Factor", débute sur un prologue moyenâgeux et l'exposition des us et coutumes d'une comtesse partie chercher dans le bain de sang le secret de la jeunesse éternelle. De retour au temps présent, Hodi s'empresse d'envoyer la chair à canon du cinéma fantastique, comprenez une bande de jeunes américains sur les traces de notre baigneuse perverse. Un eurotrip qui passera par la case cimetière, le temps de rencontrer une jeune vampire sexy (malheureusement trop habillée mais les nuit hongroises sont sans doute froides) dont les deux qualités premières sont de faire vibrer les crucifix ( voir plus si affinité) et de distribuer les tatannes avec un plaisir communicatif.
Une amourette soudaine plus loin (Notre vampirette en plus de ne pas en démordre, en pince pour le bucheron canadien), ce petit monde se retrouve sur les lieux du crime, le château de la comtesse Bathory, qui se trouve être également une antichambre de l'enfer située dans une autre dimension (vous suivez toujours ?). Là ils devront affronter un Christophe Lambert déchainé et les ratounes à l'air. Une confrontation au purgatoire qui se conclura par un trio presque Sartrien et un huis clos particulièrement mortel.
Disons-le ouvertement pour le cinévore éduqué, la relecture du mythe «Vampire» proposée par «Metamorphosis» n'aura rien de particulièrement rafraichissant. Nous aurons droit au traditionnel festival de pieux, de sourires pointus, de reflets absents dans le miroir et de signes religieux protecteurs. Nos buveurs de sang pourront par contre remonter le temps et se promener en plein jour sans se transformer en allume barbecue... (Tout se barre, c'est moi qui vous le dit ! Les Vampires c'est plus ce que c'était, ma p'tite dame !)
A l'Est rien de nouveau mais fort heureusement, le film de Jenö Hodi a la bonne idée de se laisser aller à quelques vannes bienvenues (« Approchez, je ne mors pas ») voir à un second degré salvateur (Le pseudo Van Helsing du coin se promène en camionnette en écoutant du rap hongrois et nos vampires enchainent étrangement les prises de Kung Fu). Si les talents de cinéaste de son géniteur ne risquent pas de vous laisser d'impérissables souvenirs (nous n'en demandions pas tant), cette petite escapade dans les Carpates et ses 30 dernières minutes tirées vers le haut par la performance de Lambert, abandonnent tout de même le cinéphile déviant sur une impression assez positive.
Bien qu'assez sage sur le plan graphique (Il faudra se contenter d'une collection de dentiers, des quelques effets numériques et d'un empalage de nonne en règle), notre péloche du jour s'avère un spectacle divertissant qui devrait mordiller les amateurs de DTV rutilants là où ça fait du bien (ou du mal, on vous laisse choisir). Ce n'est peut être pas du grand cinéma, mais ça nous a fait passer 1h30. Et c'est ça aussi le cinéma fantastique ! 13/30 et on en parle plus...
Test Technique :
La galette sanglante que nous nous sommes mis sous la dent permet de découvrir «Metamorphosis» dans son format 1.85 d'origine avec une qualité d'image satisfaisante. Rayon audio, de la simple stéréo en français ou anglais. Doublages corrects. On regrettera l'absence de sous-titres français qui auraient permis aux anglophobes primaires de se délecter de l'accent de notre cricri adoré ! Aucun bonus en vue, mais les curieux pourront tout de même jeter un œil au site officiel du film dans ce coin du web .