Après une aussi timide que discrète
sortie en salle au mois de décembre dernier, Livide tente un second
tour de piste sur le glissant circuit de la vidéo. Au volant, le
tandem de «à l'Intérieur», Julien Maury et l'ex-journaliste Alexandre Bustillo (Mad Movies). De quoi dresser
quelques plans sur la comète... ou les cheveux sur nos cranes du
cinévores déviants. Alors Livide ou blafard ? En attendant de vous
faire votre propre idée (DVD et Bluray attendu le 4 mai prochain
chez M6 Vidéo), Ecranbis.com paye son review...
Synopsis :
En Bretagne, la nuit d’Halloween.
Lucie Clavel et deux copains décident sur un coup de tête de
cambrioler la maison de Deborah Jessel, une professeur de danse
classique, aujourd’hui centenaire énigmatique plongée dans le
coma. Durant cette nuit tragique et fantastique, Lucie perse le
mystère de cette maison et le secret de Deborah Jessel…
Chronique :
Histoire de boucle bouclée, chaque année voit son lot de cinéastes fous ou inconscients tenter de contredire l'évidence. Laquelle ? Le cinéma français s'est montré cette dernière décennie profondément et génétiquement incompatible avec le genre. Poussées par des forces invisibles, un inexplicable élan ou un goût prononcé pour la brique, quelques forces vives se portent pourtant, et en dépit du peu d'encouragement reçu, volontaires pour le saut de l'ange, le suicide collectif ou je ne sais quelle autre forme de corrida cinéphilique. De l'autre côté de la toile, du tube cathodique ou de dalle HD, le spectateur lui déguste... retirant à chacune de ces douloureuses tentatives, les épines ensanglantées de son petit cœur chauvin. Malgré tout, on trouve encore quelques âmes à l'espoir incompressible, persuadées de voir à chaque luciole le bout du tunnel. La foi ne s'explique pas...
D'autant plus que le miracle attendu n'est jamais venu. On sourit jaune mais volontiers à la simple évocation de «Saint Ange», «Le village des ombres» ou plus récemment «Derrière les murs»... œuvrettes indigestes cherchant désespérément à prendre un peu de hauteur en se roulant dans les draps du conte fantastico-horrifique. Mais on ne se refait pas ma petite dame et en insérant la galette, au demeurant joliment sérigraphiée de «Livide», on se prend à rêver à un gigantesque pied de nez à la fatalité comme à la grisaille cinématographique de notre pourtant grand et beau pays. Et ça commence plutôt bien, par les paysages brumeux de Bretagne, une jeune apprenti-infirmière accompagnant Catherine Jacob dans sa tournée des supplices... Une piqûre par ci, une toilette par là pour finir par la vieille (et pour le coup) « livide» comateuse sous respiration artificielle.
Quelques clichés plus tard (La nuit d'halloween, la demeure mystérieuse, un trésor caché , la bagnole américaine), Maury et Bustillo, visiblement pressés d'entrer dans le vif du sujet sortent le grand jeu... Photographie superbe, cadrage léché, l'envie de bien faire ruisselle des murs, la passion transpire de chaque pierre, du moindre plan... Comme pour mieux souligner les limites d'un acting horriblement «French touch» … Comprenez plus inadéquat que mauvais. Nullement rédhibitoire mais inapproprié au point de gâcher la fête, ternir le moindre centimètre de décors et, n'en déplaise à monsieur Bayrou, convoquer en mémoire les pires moments du produit en France.
Fort heureusement, Livide, même amoché, parvient à se raccrocher aux branches de son récit , usant de ses plus beaux artifices pour remonter la pente: son sinueux discours poético- fantastique, ses quelques détours sur les sentiers du gore et sa grammaire visuelle brillamment maîtrisée. Malgré ces efforts , le sentiment de déception domine un peu. D'une part l'exploration des thématiques qui nous sont chères se trouve ici solidement accrochée aux rails d'un classicisme étouffant. D'autre part, la dimension «Argentesque» mise en avant de concert par le making of, la jaquette et le communiqué de presse semble ici avoir été renvoyé à la cave ou du moins n'a su suffisamment pénétrer les champs du visible. Livide paraît même infiniment moins proche du cinéma de Dario que de celui de Jean Rollin. Ce qui n'est pas forcement dans ces colonnes numériques une critique... 5/10
Test Technique :
M6 vidéo offre à Livide une édition DVD techniquement savoureuse. Format d'origine 2.35 respecté et image aux limites de ce que peut rendre le support. Le tout est accompagné d'un mixage Dolby Digital 5.1 joliment travaillé et de sous titres anglais. Côté Bonus, une piste de commentaire audio, des interviews et des croquis. Edition simple et joliment envoyée.