le chateau des messes noires : Critique et test DVD



Aux portes de l'automne, Artus Films a décidé de laisser sa collection «les chefs d’œuvres du gothique» s'encoquiner en offrant «Der Fluch der schwarzen Schwestern» à nos fiévreuses mirettes. Une bobine érotico-horrifique signée par la main (droite, il va sans dire !) de Joseph W. Sarno. Vierges, secte, occultisme et vampire, voilà un menu sur lequel l'amateur de plaisirs cinématographiques démodés ne peut cracher.



Chronique :


Joseph W. Sarno est passé de l'autre côté du miroir à 89 ans, laissant derrière lui une carrière presque exclusivement dédiée à la célébration du corps féminin et aux délices charnels. Un long chemin débuté dans les années 60 (Sin in the Suburbs, Warm Nights and Hot Pleasures...) qui l'amènera lentement mais sûrement à dévaler la pente des classifications. Dans les années 70 et 80 , son exploration de l'intime se poursuit avec Inside Jennifer Welles, Inside Seka, Inside Little Oral Annie, Deep Inside Annie Sprinkle... (On peut dire qu'il intériorise ). Elle prendra fin avec quelques parodies X dont les titres laissent sans voix : The Erotic Adventures of Bedman and Throbbin ou encore 21 Hump Street, spoof de 21 Jump Street avec Porsche Lynn et Ron Jeremy. Mais revenons à nos sacro-saintes seventies et plus précisément à la douce année 73. Année où le sieur Sarno trempe sa plume (et peut être même autre chose) dans le cinéma horrifico-gothique avec une coproduction Suédo-Suisso-Ouest Allemande des plus surprenante: Der Fluch der schwarzen Schwestern. Une œuvre au titrage fuyant. Rien que aux États-Unis, le film  est connu sous 3 appellations différentes : The Devil's Plaything, The Curse of the Black Sisters et Vampire Ecstasy, tandis qu'il connaîtra de multiples (et reconnaissons-le inventifs) retitrages en Europe : Den pornografiske jungfrun, Sexorgien der schwarzen Hexen, Recalcamentos Sexuais et même la secte de l'horreur ( Pour une édition VHS frenchy attribuant la chose à Jess Franco !)


Bien que sur la face francophone de la planète Terre, la chose soit également connue comme «Les vierges des messes noires», Artus a décidé de nous offrir cette perle bis sous ce que la sacro sainte IMDB nous présente comme une appellation canadienne :  «Le château des messes noires». Choix qui à la vision de ces 98 minutes  s'avère des plus judicieux. Il paraît en effet évident que les habitants et habitantes du dit château aient déjà vu  le loup. Sans doute  plusieurs fois et de très près ajouteront les mauvaises langues. Dans la pure tradition du cinéma horrifico gothique, «Der Fluch der schwarzen » réunit dans un château, écrin lugubre par excellence, une poignée de personnages. Julia et Monica, deux jeunes filles venues cueillir les fruits d'un héritage, Iris secrètement amoureuse de Monica,  Julia et son frère Peter, victimes d'un accident par une nuit d'orage se retrouvent pour les besoins de l'aventures dans les griffes d'une inquiétante gouvernante au faciès quasi simiesque et d'une armée de servantes diaboliques. Un bataillon de nymphes profitant de la moindre flamme pour tomber le haut et organiser au doux son des bongos d'étranges rituels satanico-coquinoux. L'objectif de ces perfides tentatrices, ramener à la vie la comtesse Varga, brûlée pour vampirisme par  un  voisinage clairvoyant, quelques 300 ans plus tôt.



Bien sûr l'innocente Helga, pas encore louve de Stilberg mais déjà chaude comme un chichi oublié sur la plage, ne tarde pas à être possédée au point de s'offrir au tout venant, mieux de passer les 2/3  du films les doigts dans le pot. (Le sien!). Touché à son tour par ce mal sournois, Peter entreprend sa sœur, tandis que dans la cave nos succubes s'adonnent à la danse du ventre et l'organisation de bien peu orthodoxes soirées bougies (des Cierges pour la vampires?).  Vous l'aurez sans doute compris, la dimension fantastique de ce château des messes noires n'occulte en aucune façon sa charge érotique. Les deux faces de cet astre filmique s'enlacent même, l'une nourrissant l'autre au point de placer le film de Sarno dans un entre deux presque indescriptible. On pense fatalement au cinéma de Rollin et Franco, la poésie en moins, la théâtralité en plus. Quoiqu'il en soit, Le château des messes noires  n'est ni un soft au postulat vaguement fantastique, ni une bobine horrifique joyeusement caviardé d'inserts mais une oeuvre curieuse et hybride.

Un croisement cinématographique que traverse Marie Forsa... Étoile brûlante du cinéma frippon des 70's, bien connue pour avoir arpenté les plaines du Hardcore sans passer par la case Close up. ( C'est pas moi c'est ma doublure !). Marie qui campe ici à la perfection l'ingénue (Mon dieu mais quel est ce mal qui m'étreint!) face une Nadia Henkova survoltée qu'elle retrouvera d'ailleurs deux ans plus tard dans un autre Sarno célèbre: Butterflies. Si l'acting n'est pas le point fort de cette bobine, son versant folklo-vampirique parvient lui à accoucher des quelques savoureuses originalités. Messes et rituels « Olé olé », Chauves souris déshabilleuses et répliques inspirées «C'est votre sang que je veux boire mais il faudra qu'il vous en reste assez pour lubrifier le pieu qui vous empalera». De quoi pimenter la visite, élever cette coquinerie horrifique au dessus de la convention et du carcan situationnel imposé par sa trame vampiro-gothique (Croix, ail, pieux et éclairage rouge criard ). Chose sûre, le bisseux, la bisseuse, le coquin, la coquine, toute comme le féru de délices vintages risquent un orgasme oculaire carabiné. 4/5



Test technique :

Artus nous propose de découvrir «le château des messes noires» dans un transfert convaincant au format 1.77. le tout accompagné de mixages Dolby Digital stéréo en langue anglaise et française. Notons la traditionnelle présence de sous-titres français.  La crypte à suppléments renferme une présentation du film par Emmanuel Levaufre (32 minutes), un diaporama ainsi qu'une salve de bande annonce. Un zone 2 plus que satisfaisant qui devrait trouver une place de choix dans la collection du bisseux respectable.

Notes : Attention le film est déconseillé aux moins de 16 ans.