Qu'on se le dise, l'invasion ne vient pas toujours de mars. Entre soucoupe volante, armées des morts, bestioles déchaînées et communistes acharnés, le cinéma de genre anglo-saxon nourrit avec une rare créativité sa paranoïa invasive. Ciel, mais qui se donne le droit du sang pour s'octroyer mon droit du sol? La réponse américaine s'étale sur des kilomètres de pellicules... Bizarrement, un simple coup d’œil sur la planisphère suffit à évacuer la perspective d' une occupation géographique massive des champs du possible. Même donne pour l'Australie dont les 7,6 millions de Kilomètres carré ne sont guère bordés que par l'océan Pacifique et l’océan Indien. A l'absence de voisinage hostile ou potentiellement menaçant, faut-il ranger illico presto cette crainte dans la boite à fantasmes ou dans les profondeurs de la psyché humaine ? On serait tentés de répondre par l'affirmative si les deux nations ne partageaient un passé commun, celui de l' appropriation pure et simple du territoire d'une population autochtone, Indiens pour l'Amérique, Aborigènes pour l'Australie. Une histoire d'arroseur arrosé transmise à travers l'histoire, et un angle de lecture tentant pour quiconque s'élancera dans le visionnage de « Tomorrow, when the war Began ».
Ce qu'il faut également remarquer, c'est bien évidemment la nature profonde du film et de la série de romans dont il s'inspire. Impossible en effet de ne pas penser à un classique du cinéma patriotique primaire américain du milieu des années 80. Le savoureux «Red Dawn» de John Miluis (L'aube rouge en France) ainsi qu'à sa poignée d'ersatz dont nous retiendrons l'amusant NightForce (avec Linda Blair s'il vous plaît) et sa bande de teens partis délivrer, fleur au fusil, leur copine des mains d'une bande de narcotrafiquants sud américains. Oh douces années 80 où l'ado guerrier trimbalait son teen angst carabiné en treillis militaires, M16 à la main. La roue tourne, nos apprentis Rambo ne sont depuis le massacre de colombine guère plus que conviés à traverser, de façon fantasmatique, les aires de jeu de sous battle royale plus ou moins anticipatif (Hunger games). Pour revenir à nos moutons , On ne sait pas si John Marsden a visionné en boucle l’œuvre de Milius avant de se lancer au début des années 90 dans l'édition de sa saga littéraire. Mais tout, à priori, le laisse penser.
Un groupe de sept adolescents décide de partir faire du camping dans le bush australien et de remonter une rivière jusqu'au lieu dit «L'enfer ». A leur retour, ils découvrent des rues désertes, des maisons inhabitées, des réseaux électriques et téléphoniques coupés. C'est en se rendant au terrain de sport de la ville qu'ils comprennent les causes du phénomène. Une étrange armée de coalition des forces océaniques a envahi l'Australie et a ressemblé les habitants dans le stade. Face à cette guerre déclarée, ils vont devoir faire un choix: se rendre, fuir ou prendre les arme et entrer en résistance en tentant de déjouer à eux seuls les diaboliques plans de ces envahisseurs. Vous l'aurez compris « Demain quand la guerre a commencé» ne cache aucunement son aussi improbable qu'anachronique nature de résurgence du croisement «Teen Movie» / film de guerre. Sous-genre que l'on aurait pu croire à jamais rattaché au passé du cinéma d'exploitation.
Et puisque nous parlons d'exploiter, il faudra reconnaître à Stuart Beattie, une aptitude certaine à répondre au cahier des charge de l'action flix pur et dur. Son «Tomorrow when the war began» offre son lot d'explosions, de poursuites et mitraillages fougueux. Une dimension spectaculaire sur laquelle l'amateur ne crachera pas d'autant plus que les qualités cinématographiques de la chose lui permettent de se hisser à la hauteur des productions de l'oncle sam. Plus étonnant reste le calibrage narratif, qui, s'attardant longuement sur ses personnages et leurs interactions, tend irrémédiablement vers un découpage très télévisuel. L’intention à peine voilée des producteurs d'initier une saga cinématographique et la surexposition des turpitudes de notre club des 7, trouve sans doute ici leur limite. Demain, quand la guerre a commencé se permet même en bon pilote qu'il est, d'abandonner son spectateur en fin de préchauffe moteur. A l'aube d'une bataille que l'on imagine épique. Vivement, donc... la suite de ce divertissement plutôt réussi. 6/10
Test technique :
Metropolitan livre ici une édition très acceptable au format scope d'origine avec une qualité d'image aux normes et des mixages 5.1 plutôt flatteurs en français ou anglais. On ne saurait cependant que trop vous conseiller de vous tourner vers la V.O.S.T. la voix de l’héroïne principale ayant dans la VF un petit côté "agaçant". Dans le menu suppléments, un making of, un commentaire du réalisateur, un commentaire des producteurs, quelques interventions, un montage des effets spéciaux, une fin alternative, un bêtisier et une poignée de bandes annonces.