Évènement dans le petit monde du cinéma occulte, Ogroff, star des fonds de vidéo club et légende du cinéma fantastique français, revient couper du bois (entre autre...) en DVD et dans une édition collector 30e anniversaire s'il vous plait ! Un miracle vidéastique qui tombe à pic... La date de la fin du monde approchant en effet dangereusement, les cinéphiles pourront en cet ultime mois de décembre voir Ogroff et mourir...
Chronique :
Décoré de la croix de guerre pour
avoir tenu tête à un bataillon entier de soldats allemands durant
la seconde guerre mondiale, Ogroff erre dans les bois Orléanais, son
visage défiguré, caché sous un masque et coiffé d'un bonnet de
ski mode hiver 82. Le prix de son acte héroïque, une trépanation,
un œil arraché, un sens du total look et de l'hospitalité
discutables. C'est en effet à grand coup de hache qu'il fait
découvrir les splendeurs forestières du Loiret aux touristes de
passage. En ce beau jour de printemps, sentant certainement la sève
monter, il s'attaque à une famille entière, décapitant monsieur,
démembrant madame et dévorant la petite. C'est le début d'une
longue et sanglante danse avec la mort, dans les bras d'Alain Petit
pour commencer puis dans ceux de l'amour. Qu'on se le dise, Orloff
plus «Bave boy» que mauvais garçon emballe aussi sec qu'il découpe
! C'est sur ce pitch improbable (et encore on nous raconte pas tout)
que Norbert Moutier, créateur du fanzine «Monster Bis» entre de
plein fouet (n'ayons pas peur des mots, les enfants !) dans l'histoire du cinéma
fantastique français.
Ogroff, premier jet indélicat tourné avec le budget «Crème à raser» de «The Shining Sex» aurait pu connaître le sommet de sa gloire au premier festival du film super 8 fantastique de Jean-Pierre Putters pour disparaître quasi instantanément dans les limbes du cinéma amateur. Contre toute attente, la péloche va survivre aux années Reagan, à la sortie de Windows 95, au coup de boule de Zizou et à la nouvelle coupe de cheveux d'Audrey Pulvar, traversant trois décennies de cinéma fantastique franchouillard. Pas forcement en qualité d'œuvre culte, précisons-le, mais plutôt en tant que curiosité filmique. Il faut dire qu'au moment de sa réalisation, Norbert Moutier, pas très bien caché sous le pseudonyme de Norbert Georges Mount, n'est pas un inconnu du paysage cinéphilique français et qu'il eu en outre l'éclair de génie de convoquer une bonne partie des plumes déviantes de l'époque: Alain Petit, Christophe Lemaire, Pierre Pattin, François Cognard, Bruno Terrier et même Jean Pierre Putters.
On peut donc légitiment penser que ce casting de haut vol issu du fanzinat va contribuer (même involontairement) à la subsistance de l'œuvre dans la culture bis hexagonale. Ogroff donnera également à Mr Moutier le «Top départ» d'une petite carrière de réalisateur Z. Ses exploits auto-produits (Dinosaur from the deep, Alien Platoon, Trepanator, Opération Las Vegas) et le plus souvent vidéastiques finiront même pas trouver un petit public, offrant par la même occasion à leur géniteur passionné l'enviable statut de «Ed wood» à la française. Mais le «succès» (On vous laisse apprécier les guillemets) d'Ogroff va, lui, largement dépasser le cerce des amateurs de mauvais genre et des nanardeurs activistes. Le film tombé dans les griffes acérés d'American vidéo, se voit retitré «Mad Mutalitor» et dissimulé derrière une jaquette aussi sanguinolente que trompeuse. Une VHS devenue rare (et chère) mais dont l'éditeur aurait, nous dit-on, écouler un grand stock dans les sacro saintes années 80.
Trente année après sa réalisation, Ogroff se visionne plus comme que le témoignage d'une époque voir de l'émergence d'un cinéma "Home made" que comme un véritable film d'horreur. Par certains côtés (son assassin masqué et grognant, sa logique très relative) il rappelle «Devil Story,il était une fois le diable". Mais contrairement à Bernard Launois, Norbert Moutier tourne le dos à toute forme de professionnalisme et laisse tomber, dès les premières images, son slasher dans un curieux entre deux. Il y a d'un côté, le ridicule du propos, de sa mise en scène (à la limite d'une version suédée de massacre à la tronçonneuse) et des moyens mis en œuvre. De l'autre, l'étrange atmosphère qui dégage de cette bobine presque muette, le bizarroïde des situations. On a finalement l'impression que «Mad Mutilator» est un film qui fonctionne malgré lui... Par son amateurisme, par sa péloche crade, sa bande son immonde, son côté «Pris sur le vif». A première vue risibles et sans queue ni tête ( L'irruption soudaine de zombies, la séquence finale de Vernon), les aventures du bûcheron énervé finissent par constituer un poème cinématographique halluciné et lugubre, aux limites du dérangeant.
Test technique :
Si avec cette édition anniversaire Ogroff débarque de façon fracassante dans le monde numérique, autant ne pas le cacher, le film de Norbert Moutier nous est présenté dans des conditions techniques difficiles. On notera la présence de sous titre anglais, espagnols et italiens qui lui ouvriront, espérons-le, les portes de l'export. Dans la cave à supplément, ça ne rigole pas puisque qu'Artus nous offre 20 minutes d'entretiens avec Mr Moutier et «Ogroff 30ans après» qui donne la parole à divers acteurs du film (Putters, Petit & Co). 59 minutes passionnantes même si un peu redondantes en terme d'information.
Ogroff, premier jet indélicat tourné avec le budget «Crème à raser» de «The Shining Sex» aurait pu connaître le sommet de sa gloire au premier festival du film super 8 fantastique de Jean-Pierre Putters pour disparaître quasi instantanément dans les limbes du cinéma amateur. Contre toute attente, la péloche va survivre aux années Reagan, à la sortie de Windows 95, au coup de boule de Zizou et à la nouvelle coupe de cheveux d'Audrey Pulvar, traversant trois décennies de cinéma fantastique franchouillard. Pas forcement en qualité d'œuvre culte, précisons-le, mais plutôt en tant que curiosité filmique. Il faut dire qu'au moment de sa réalisation, Norbert Moutier, pas très bien caché sous le pseudonyme de Norbert Georges Mount, n'est pas un inconnu du paysage cinéphilique français et qu'il eu en outre l'éclair de génie de convoquer une bonne partie des plumes déviantes de l'époque: Alain Petit, Christophe Lemaire, Pierre Pattin, François Cognard, Bruno Terrier et même Jean Pierre Putters.
On peut donc légitiment penser que ce casting de haut vol issu du fanzinat va contribuer (même involontairement) à la subsistance de l'œuvre dans la culture bis hexagonale. Ogroff donnera également à Mr Moutier le «Top départ» d'une petite carrière de réalisateur Z. Ses exploits auto-produits (Dinosaur from the deep, Alien Platoon, Trepanator, Opération Las Vegas) et le plus souvent vidéastiques finiront même pas trouver un petit public, offrant par la même occasion à leur géniteur passionné l'enviable statut de «Ed wood» à la française. Mais le «succès» (On vous laisse apprécier les guillemets) d'Ogroff va, lui, largement dépasser le cerce des amateurs de mauvais genre et des nanardeurs activistes. Le film tombé dans les griffes acérés d'American vidéo, se voit retitré «Mad Mutalitor» et dissimulé derrière une jaquette aussi sanguinolente que trompeuse. Une VHS devenue rare (et chère) mais dont l'éditeur aurait, nous dit-on, écouler un grand stock dans les sacro saintes années 80.
Trente année après sa réalisation, Ogroff se visionne plus comme que le témoignage d'une époque voir de l'émergence d'un cinéma "Home made" que comme un véritable film d'horreur. Par certains côtés (son assassin masqué et grognant, sa logique très relative) il rappelle «Devil Story,il était une fois le diable". Mais contrairement à Bernard Launois, Norbert Moutier tourne le dos à toute forme de professionnalisme et laisse tomber, dès les premières images, son slasher dans un curieux entre deux. Il y a d'un côté, le ridicule du propos, de sa mise en scène (à la limite d'une version suédée de massacre à la tronçonneuse) et des moyens mis en œuvre. De l'autre, l'étrange atmosphère qui dégage de cette bobine presque muette, le bizarroïde des situations. On a finalement l'impression que «Mad Mutilator» est un film qui fonctionne malgré lui... Par son amateurisme, par sa péloche crade, sa bande son immonde, son côté «Pris sur le vif». A première vue risibles et sans queue ni tête ( L'irruption soudaine de zombies, la séquence finale de Vernon), les aventures du bûcheron énervé finissent par constituer un poème cinématographique halluciné et lugubre, aux limites du dérangeant.
Test technique :
Si avec cette édition anniversaire Ogroff débarque de façon fracassante dans le monde numérique, autant ne pas le cacher, le film de Norbert Moutier nous est présenté dans des conditions techniques difficiles. On notera la présence de sous titre anglais, espagnols et italiens qui lui ouvriront, espérons-le, les portes de l'export. Dans la cave à supplément, ça ne rigole pas puisque qu'Artus nous offre 20 minutes d'entretiens avec Mr Moutier et «Ogroff 30ans après» qui donne la parole à divers acteurs du film (Putters, Petit & Co). 59 minutes passionnantes même si un peu redondantes en terme d'information.