L'epée echantée : critique et test DVD


Mars 2013, Artus films livre sa première salve vidéastique de l'année. A ma gauche deux western rutilants, à ma droite «L'epée echantée» (The Magic Sword) de Bert I. Gordon. Au centre, des cinéphiles éberlués qui pointent du doigt une minimaliste, mais toutefois existante, édition BACH Film de la même péloche. «Sans vouloir minimiser le travail de Bach, je pense que ce film méritait mieux» répond du tac au tac Thierry Lopez sur notre page Facebook en annonçant la couleur. La galette Artus propose en effet de jeter un oeil à ce très fréquentable effort de «Mr Big» dans son format d'origine, en VF comme en VO sous titrée, bonus en prime. Voyage au cœur des sixties...

Chronique :

Affublé du sobriquet de «Monsieur Big», au moins autant pour sa contribution «de taille» à la série B américaine que pour ses initiales, Bert I. Gordon est l'un des rares réalisateurs à s'attacher lui-même à la confection d'effets spéciaux. Une tache aussi artisanale que familiale qu'il exécute en compagnie de sa compagne Flora Gordon. Une signature également puisque l'essentiel de l'œuvre de Gordon est marquée par des créatures gigantesques ou inversement minuscules que le cinéaste s'amuse à mettre en scène à grand renfort d'effets d'optique. Face à cette filmographie de l'étrange, on vient presque à se demander si les bobinettes gentiment exploitatives livrées par le cinéaste n'ont pas tout simplement servi de prétexte à la composition de plans improbables. 

Peu importe... 1962, Gordon sent souffler le vent de l'héroic fantasy et mise sur les bons chevaux. Le californien Gary Lockwood (qui n'a pas encore joué dans le 2001 de Kubrick mais ça viendra), L'anglaise Estelle Winwood , Basile Rathbone (qui troque sa panoplie de Shelock Holmes pour celle du terrible magicien Lodac) et Maila Nurmi (Vampira en personne mais ici difficilement reconnaissable). Son épée enchantée s'inspirera vaguement de la légende médiévale de Saint Georges et le dragon. Sybil (appréciez l'allusion à la mythologie Grecque), une sorcière vieillissante et un tantinet loufoque se désespère. Son fils adoptif, George, passe son temps à reluquer la jolie princesse Hélène dans les eaux troubles d'un étang magique. Lorsque cette dernière est enlevée par un puissant sorcier du nom de Lodac et que le roi déclare offrir la main de sa progéniture à quiconque la délivrera, George croit tenir sa chance. Mais Sybil ne l'entend pas de la même oreille, connaissant trop bien les pouvoir de Lodac, elle interdit au jeune homme de lancer dans cette impossible quête.


Pour le consoler, elle lui promet le cheval le plus rapide de la terre, une armée de fidèles guerriers, une armure et une épée enchantée. N'écoutant que son coeur (ou presque, car Princesse Hélène a tout pour inspirer l'amour) George enferme sa sorcière de mère dans le sous sol et s'élance, cheveux et chevaux au vent sur la route du château. Sur place il découvre qu'un autre prétendant, Sir Branton compte  décrotter les sabots d'Hélène.  Mais pour cela,  les deux hommes devront affronter les 7 terribles pièges magiques tendus par Lodac, affronter un ogre gigantesque, traverser des marais, visiter des grottes peuplées de fantômes, survivre aux rayons mortels des montagnes ou vaincre, entre autre, un terrible dragon à deux têtes.

Tout un programme donc ...Et si le scénario de «The Magic sword» ne s'embarrasse pas trop  de subtilité, à mi chemin entre les travaux d'Hercule et la bande dessinée fantastico-médiévale, son caractère  hautement compilatoire et sa naïveté assumée enchantent. Oui, Gordon parle à l'enfant qui dort en nous tout en caressant le cinéphile dans le sens du poil. Décors colorés, effets d'optique princiers, altesse aux seins qui pointent et splendide «double dragon» final ! Tout y est, tout y passe... en 80 minutes s'il vous plaît. Même l'humour s'invite à la fête, à travers le personnage délicieusement azimuté de Sybil (Estelle Winwood retrouvera d'ailleurs quatre années plus tard le rôle de la sorcière Enchantra dans la série américaine Bewitched) ou en faisant passer «le peuple de France» pour une joyeuse bande d'obsedés. Profitons-en pour signaler la présence de deux comédiens  bien de chez nous. Jacques Gallo et surtout Danielle De Metz (Mignonette) qui comme sont nom de l'indique pas est en fait née à Paris et  fera une carrière quasi exclusivement américaine (Le retour de la mouche, Raid on Rommel d'Hattaway).


Alors, bien sûr, dans la somme de plaisirs procurés par le visionnage de ce Magic Sword, on trouve de drôles d’ingrédients, un peu de patine du temps, un jus de pièce rare et un poil de nostalgie. Mais la potion en question ne lance pas que charmes et sortilèges kitch.  L'épée enchantée est avant tout un bon film, aussi sympathiquement chevaleresque que redoutablement fantastique. Bref, si vous n'aviez pas l'édition Bach, je crains que l'achat de cette édition s'impose et, si par hasard vous l'aviez, saviez-vous qu'un DVD peut se transformer en magnifique sous verre ?


Le disque :

L'édition Bach film dont nous disposions jusqu'à présent permettait de découvrir le film de Gordon dans son format d'origine mais dans une copie présentant des problèmes de flou, avec une simple VOST et surtout avec une image 4/3. Grâce à Artus vous allez pouvoir partir à l'assaut du château de Lodac avec une copie «nettement» ( pardon du jeu de mot) plus fréquentable avec une image 16/9 et surtout une piste française. En guise de bonus, le passionnant Alain Petit rassemble souvenirs et recherches pour un véritable banquet cinéphilique. Bande annonce et diaporama en prime. On est enchantés ! 


Comparaison éditions Bach  / Artus