En 1985, votre serviteur
avait tout juste 10 ans. Chaque samedi après midi commençait par un
attendu rituel, le déplacement familial au vidéoclub le plus
proche, en Renault 16 s'il vous plaît. Sur place, ce n'était ni le
Pérou, ni Byzance et l'employé gérant semblait ne connaître
qu'une seule phrase, qu'il se plaisait à répéter à tout client
osant lui demander un film «Ah non désolé, il est dehors». Et oui
à l'époque, une cassette, il fallait parfois la réserver plusieurs
semaines à l'avance, ce qui donnait de fait à son visionnage une
certaine valeur... Non le choix n'avait rien de pléthorique...
Mais il fallait de plus composer à mon comité d'approbation
familial. Chaque proposition de ma part devait passer par le sentence de deux
jurés implacables, scrutant les jaquettes à la recherche du moindre
détail répréhensible ou condamnable. «Ah non celui là il n'est
pas pour toi» m'entendais je dire de mes géniteurs censeurs. Et je
devais repartir bougonnant dans les rayonnages reposer le fruit des
mes recherches. Autant vous dire que mes plaisirs magnétiques se
limitaient à l'aventure tendre, au fantastique gentillet et à la
comédie sage (Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents libertaires) mais déjà dans le fond du magasin une affiche
placardée à la va vite me faisait dangereusement de l'œil.
Un
homme au visage ensanglanté, une tronçonneuse à la main, une brune
hurlante en petite tenue lui tenant la jambe, affrontait une armée
de squelettes. Je devais apprendre quelques années plus tard que
cette alléchante photographie n'était nullement extraite du film.
Coup de couteau dans mon petit cœur de cinéphile adolescent. Je
découvrais sur le tard et par l'intermédiaire d'une VHS achetée
par correspondance (99 francs, estampillée Hollywood vidéo, elle trône
encore dans ma collection), l'objet de tous mes fantasmes. Pour ne
rien vous cacher, je fus un peu déçu. Beaucoup même et il fallut
quelques années avant que je me réconcilie avec le sulfureux
premier jet de Sam Raimi. Et non ! Evil Dead, n'était pas le film
que j'attendais avec fébrilité, pas celui que j'avais imaginé dans
mes cauchemars les plus fous, pas celui dont l'affiche remplissait de
curiosité et d'effroi le petit garçon du vidéo club... en 1985.
Du sang a coulé sous les ponts, des kilomètres de bobines frelatées ont défilé sous mes yeux et mon splendide objet de collection eu lui tendance à prendre la poussière. Au printemps 2003, Evil Dead s'invite à nouveau dans les salles obscures (sous le fallacieux prétexte d'un nouveau doublage et mixage Dolby 5.1). Lisant et relisant les dithyrambiques tirades de la presse spécialisée et surtout bien décidé à comprendre ce qui avait pu m'échapper, je décidais d'affronter à nouveau la bête et pour commencer la caissière d'un cinéma de province. «Bonsoir, un pour Evil Dead.» Et me revoilà parti pour une projection épique au milieu d'une bande d'ados survoltées et rigolards.
Du sang a coulé sous les ponts, des kilomètres de bobines frelatées ont défilé sous mes yeux et mon splendide objet de collection eu lui tendance à prendre la poussière. Au printemps 2003, Evil Dead s'invite à nouveau dans les salles obscures (sous le fallacieux prétexte d'un nouveau doublage et mixage Dolby 5.1). Lisant et relisant les dithyrambiques tirades de la presse spécialisée et surtout bien décidé à comprendre ce qui avait pu m'échapper, je décidais d'affronter à nouveau la bête et pour commencer la caissière d'un cinéma de province. «Bonsoir, un pour Evil Dead.» Et me revoilà parti pour une projection épique au milieu d'une bande d'ados survoltées et rigolards.
Ne rigolez pas, ce
soir là, seul dans cette marée de petits connards insolents mal
accompagnés par leur éducateurs idéologues et dépassés par la
situation, j'ai compris beaucoup de choses. Premièrement que le Home
cinéma n'était pas sans vertus ni avantages, deuxièmement qu'une
œuvre de cinéma est aussi un produit générationnel. Qu'on le
veuille ou non, Evil Dead est sans doute moins un film d'horreur
qu'une œuvre punk, spontanée, orgiesque et provocante. Une pièce
de théâtre destroy filmée, sonnant la cloche de l'outrance tout en
perdant son maigre scénario dans les bois. Acting amateurisant,
effets spéciaux bricolés et script égaré, rien ici ne tient
debout, ou plutôt tout cela ne tient debout que par la folle
énergie d'un gamin de 20 ans et de sa rage à filmer l'improbable
entre quatre murs de bois. Cette œuvre excessive pour ne pas dire
adolescente, le cinéphile ne pourra s'empêcher de la rapprocher
d'un certain «Bad Taste» que Peter Jackson réalisera quelques
années plus tard. Un parallèle facile tant finalement les deux
hommes ont suivi le même parcours... voir les mêmes fausses
pistes.
Mais il y a autre chose dans le film de Raimi, quelque
chose qui transcende sa nature de cartoon horrifique survolté... On
imagine sans peine les fantasticophiles de l'époque découvrant
mésusés un brutal bricolage cinématographique fait sans grands
moyens par des jeunes de leur âge. Evil Dead a définitivement
entrouvert une porte celle du Do It Yourself, rendu cette voie
praticable et par conséquent changé à jamais le visage du cinéma
fantastique indépendant. C'est cela que je retiendrai d'Evil Dead
aujourd'hui, une montée de sève, un manifeste pour le cinéma à
venir, une œuvre presque libératoire... Mais à replacer dans son
contexte. C'est peut être cela qui m'avait jusque là échappé et
sans doute cela qui est resté hors de portée des Gremlins boutonneux
et mal élevés de ma séance de 2003...
Il serait pourtant
malhonnête d'écrire qu'Evil Dead, vu 30 années après sa
réalisation, n'a pas pris une ride. Le monde de l'horreur sur
pellicule est traversé depuis ses origines par une dynamique
implacable : une inflation douce mais imparable de son langage
visuel. Il suffit pour s'en convaincre d'insérer dans nos lecteurs
la galette du Frankenstein de Whale. Comment face à ce spectacle si
graphiquement inoffensif, un kid des années 2000 peut-il s'imaginer
des spectateurs sortant horrifiés des salles obscures 80 ans plus
tôt ? Bien sûr, la folle péloche de Raimi nous est infiniment plus
proche et son discours définitivement plus explicite pour ne pas
dire toujours en phase. Dit autrement, il ne s'agit plus chercher
dans Evil Dead, l'opéra de la terreur promis par son titre Québécois
ni de pointer du doigt sa dimension foraine datée mais bien de
déterrer l'une des incontestables matrices du cinéma horrifique
des années 80, d'aujourd'hui et sans doute de demain encore. Vous
avez dit un classique ?
Le disque :
Evil dead avait jusqu'ici
bénéficié de deux éditions Zone 2 françaises par TF1 Vidéo. La
première était un double collector accompagné d'un livret de 80
pages, la seconde une simple galette n'incluant aucun bonus si ce
n'est deux pistes de commentaires audio. Ces disques avaient comme
particularité de proposer une version recadrée en 1.85 du film
(dont le format original était 1.37) et de n'embarquer (du moins
dans ses options francophones) que le nouveau mixage réalisé par
Metropolitan pour la ressortie en salle de 2003. Coup dur pour les
puristes qui non content de perdre une partie significative de l'image
par rapport à la VHS (elle en 4/3) devaient se faire à de toutes
nouvelles voix.
Il conviendra toutefois de relativiser la déconvenue, le recadrage ayant été validé par Sam Raimi en personne, et le doublage étant contrairement à celui des «Dents de la mer -Edition 2005» plutôt réussi. On se demandait par contre à l'époque ce qui avait pu retenir l'éditeur de ne pas inclure la piste française d'origine, d'autant plus qu'elle était disponible sur une édition américaine. Nous risquons de nous le demander encore longtemps car cette édition 2013 signée Sony propose elle aussi un transfert 1.85 et le doublage de 2003.
La bonne nouvelle c'est que Sony a visiblement utilisé le master HD réalisé pour la précédente sortie Bluray du film. On y gagne donc vraiment par rapport à l'édition TF1 Vidéo qui présentait une compression douloureuse (rendant l'upscale pénible) et des couleurs douteuses. On récupère par contre un fourmillement omniprésent mais l'image reste incontestablement mieux définie et naturelle.
Dans la cabane à bonus :
Un nouveau commentaire enregistré en 2009 par Sam Raimi, Bruce Campbell et Robert Tapert
Un par un nous vous aurons (53 minutes):
UNe découverte de la saga produite par Anchor Bay
Les trésors de la salle de montage (Treasures from the cutting room floor) :
1 heure de scènes coupées ou plans non retenu dans le montage final
A la Découverte d'Evil Dead (Discovering Evil dead) :
Un document produit par Blue Underground de 13 minutes sur la sortie d'Evil dead en salle et en vidéo
Jeu de question réponse ( 12 minutes) :
Interview du cast d'Evil Dead en public.
Test de maquillage ( 1 minutes)
Notes : Tous les suppléments sous en V.O.S.T.
Il conviendra toutefois de relativiser la déconvenue, le recadrage ayant été validé par Sam Raimi en personne, et le doublage étant contrairement à celui des «Dents de la mer -Edition 2005» plutôt réussi. On se demandait par contre à l'époque ce qui avait pu retenir l'éditeur de ne pas inclure la piste française d'origine, d'autant plus qu'elle était disponible sur une édition américaine. Nous risquons de nous le demander encore longtemps car cette édition 2013 signée Sony propose elle aussi un transfert 1.85 et le doublage de 2003.
Edition TF1 Vidéo |
Edition Sony 2013 |
Edition TF1 Vidéo - Cliquez sur l'image pour voir en grand |
Edition Sony 2013 - Cliquez sur l'image pour voir en grand |
Un nouveau commentaire enregistré en 2009 par Sam Raimi, Bruce Campbell et Robert Tapert
Un par un nous vous aurons (53 minutes):
UNe découverte de la saga produite par Anchor Bay
Les trésors de la salle de montage (Treasures from the cutting room floor) :
1 heure de scènes coupées ou plans non retenu dans le montage final
A la Découverte d'Evil Dead (Discovering Evil dead) :
Un document produit par Blue Underground de 13 minutes sur la sortie d'Evil dead en salle et en vidéo
Jeu de question réponse ( 12 minutes) :
Interview du cast d'Evil Dead en public.
Test de maquillage ( 1 minutes)
Notes : Tous les suppléments sous en V.O.S.T.