Quest for Fire (La guerre du feu - IMPORT UK) : critique et test Bluray


Cinq ans après l'édition d'un bluray français, parait-il aussi bâclé que peu fréquentable, le sublime «La guerre du feu» (Quest for fire) de Jean Jacques Annaud revient imprimer nos dalles HD avec un disque anglais édité par Second Sight. Un import qui ne devrait poser aucun problème aux cinévores francophones puisque le dialecte utilisé dans le film se veut tout à fait «imaginaire». La chose est attendue le 6 août prochain de l'autre côté de la manche , au prix de 19£99. On notera que l'éditeur en a profité pour ré éditer un disque DVD vendu 15£99. Ecranbis.com a remonté pour vous le temps...


Issu d'un milieu modeste, «fils de la guerre et de la banlieue» comme l'écrira la journaliste française Danielle Heymann, Jean Jacques Annaud débute son aventure terrestre à l'automne 43. La grande toile l'appelle depuis toujours mais la publicité lui tend les bras, mieux lui offre un nom. Il réalisera quelques 500 spots publicitaires, louant ses services à Citroën, Uniroyal ou encore Hertz. En 1976, son premier long «La victoire en chantant» fait un «flop» dans l'hexagone mais rafle de l'autre côté de l'Atlantique l'oscar du meilleur film étranger.  Il co signe deux ans plus tard le scénario d'une comédie  «Je suis timide mais je me soigne» de et avec Pierre Richard. L'année suivante, Francis Veber lui propose de réaliser «Coup de Tête». Sous l'impulsion de Claude Berry, Annaud rencontre Gérard Brach, le scénariste de Polanski. Il est initialement question d'adapter un roman mettant en scène un homme seul avec un loup dans le froid de l'Alaska. Mais la matière, trop pauvre, les poussent à ne pas poursuivre le travail.  Cependant un élément du récit, la «peur préhistorique» du personnage principal va inspirer les deux hommes et les amener à travailler à une autre adaptation.


Il s'agit de La Guerre du feu de J.H. Rosny,  publiée 1911. Le roman fut adapté en 1914 sous la forme d'un court métrage, puis d'une bande dessinée dans les années 50. Le décor et le propos préhistorique enflamme l'imaginaire de Brach et Annaud mais n'est pas sans poser de problèmes narratifs et budgétaires. Fort de son oscar, le réalisateur s'envole pour les États Unis. Quest For Fire traînera sur les bureau de la Colombia, puis de la Fox, avant de devenir une coproduction franco canadienne. Le film est tourné en Écosse, au Kenya, au Canada (Ontario, Colombie Britannique, Alberta) et va nécessiter des moyens inédits. Les éléphants d'un cirque seront déguisés en mammouth , les acteurs triés sur le volet pour leur particularités morphologiques devront affronter les pires conditions climatiques dans le plus simple appareil. Pire, s'exprimer dans un langage spécialement inventé par Anthony Burgess pour le film. Un comportementaliste est même chargé d'aider les comédiens dans leur gestuelle. En dépit de ces efforts la vision «préhistorique» offerte à nos rétines est assurément aussi libre que l'adaptation du Roman de Rosny. Et les spécialistes ne manqueront pas de pointer doigt quelques savoureux anachronismes. Peu importe, le spectacle restant lui total.


"La guerre du feu" révèle Everett McGill que l'on retrouvera face à la caméra de Lynch pour Dune en 1984, puis en révérend loup garou dans Peur bleue ou encore en père de famille sado masochiste dans Le sous-sol de la peur de Wes Craven. Trouvée, d'après la légende sur une plage par Annaud, l'actrice Rae Dow Chong transperce l'écran dans le rôle d'IKA. Elle connaîtra son heure de gloire dans les années 80, figurant au générique de «New York , deux heures du matin" de Ferrara, donnant la réplique à Arnold Schwarzenegger  dans le «Commando» de Lester, sous oublier «La couleur pourpre» de Steven Spielberg. La troisième découverte d'Annaud est un acteur américain au faciès incroyable. Ron Perlman, retrouvera le cinéaste français en 1986 pour le nom de la rose. Il devient vedette de télévision en jouant la bête de la belle Linda Hamilton, Sa carrière faite d'apparitions TV,  de petits films et de seconds rôles prendra dans les années 2000 une toute autre dimension.  Perlman incarne en  2004 l'Hellboy du film éponyme de Guillermo del Toro .


«Quest for fire» s'accroche au destin d'un Tribu portant le nom de Ulams. Ces hommes primitifs ont découvert le feu et ses bienfaits. A un détail près, les Ulams sont capables de conserver l'élément mais sont encore aptes à le faire naître. Les Wagabou, espèce humaine plus primitive qui convoitent les flammes des Ulams les attaquent par surprise. Décimée et en fuite, la tribu n'a guère plus qu'une seule solution pour assurer sa survie : envoyer Amoukar, Gaw et Naoh à la recherche d'une nouvelle étincelle. Leur quête va les conduire sur des terres inconnues. Là où d'autres hommes ont établis leur campement. Les Kzamm et les Ivaka, deux clans en guerre... Le chemin de Naoh ne tardera pas à croiser celui d'Ika, jeune ikava prisonnière des  Kzamm...


Bien que l'aspect documentaire fut ouvertement utilisé pour la promotion du film, La guerre du feu doit être appréhender comme un film d'aventure et une œuvre de  fiction. Une épopée primaire, le récit d'un parcours initiatique, poussant l'être au delà de ses limites territoriales ou culturelles. La domestication du feu symbolise la victoire de l'homme sur la nature. Il permet de cuire les aliments, de se réchauffer, de faire fuir les prédateurs, il est un élément de transformation de la vie et de facto un curseur d'évolution. Mais de sa quête, Naoh ramène au fond plus qu'une flamme à protéger, plus qu'une technique il ramène des émotions nouvelles, et au fond de lui une tout autre flamme, celle de l'amour. Naoh et Ika, Adam et Eve vus par le prisme de l'évolution. Il fallait oser. Annaud ose. L'écrin cinématographique est à la hauteur du propos. La guerre du feu est au fond comme l'essentiel de œuvres du cinéaste, un dictionnaire visuel. Une film presque animal.  La preuve que le cinéma se passe de tout, y compris des mots. Ne reste plus qu'à plonger tête baissée dans les profondeurs de l'humanité, enveloppé par le score impressionnant de Philippe Sarde.



Le disque : 

L'édition Second Sight permet de redécouvrir le chef d'œuvre de Jean Jacques Annaud au format scope 2.35 d'origine. Le transfert ( 1080p  24 fps ) est propre et s'ilprésente un peu de bruit dans les passages sombres, il est offre une niveau de détail et un rendu des couleurs appréciables. Pour le même prix deux pistes audios avec un mixage DTS HD Master Audio 5.1 et un simple stéréo. Visionnage avec home cinéma fortement recommandé ! Dans la grotte au bonus: Un commentaire de Jean Jacques Annaud, un commentaire de Ron Perlman, Rae Dawn Chong et Michael Gruskoff, une interview de Jean Jacques Annaud. ( 30 mn env. en français), The making of « Quest for fire » (25 minutes) et 15 galeries vidéos commentées par Jean Jacques Annaud. Notons que que le Bluray arrive dans un boîtier large Bleu (épaisseur combo box) et avec des visuels splendides.