Créateur de la franchise horrifique «Feast» (ne vous trompez pas d'orthographe, bande de coquins) et scénaristiquement coupable des quatre derniers volets de la saga «Saw», le tandem Marcus Dunstan/Patrick Melton s'était laissé aller en 2009 à un Slasho-torture-porn portant le doux nom de «The Collector». La chose, faut-il le confesser, ne nous avait pas laissé d'impérissables souvenirs. Mais il en aurait visiblement fallu un peu plus pour décourager ses géniteurs, qui, à peine sortis de l'écriture de l'invisible (du moins en France) Piranha 3DD, ont décidé d'offrir à leur effort un prolongement. The Collection, suite de The collector, débarque sur nos dalles HD le 10 juillet 2013. Ecranbis.com a enfournée cette galette miraculeuse avec un peu d'avance. The collection, piège à gogo? ou pas? On vous raconte tout...
The collector était une histoire
d'arroseur arrosé. Arkin, cambrioleur malgré lui, comptait
profiter des vacances de la famille Chase pour dérober dans leur
demeure de quoi améliorer son quotidien. Il ignorait alors que cette
tribu bourgeoise n'était nullement en train de goûter aux joies du farniente mais se voyait au contraire retenue à la cave,
prisonnière d'un mystérieux bourreau au masque de cuir. Non content de
torturer son prochain, ce sadique anonyme venait de caviarder la
maison de surprises en tout genre. Dans sa suite, «The collection»,
c'est au tour de la jolie Elena Peters (Emma
Fitzpatrick) fille d'un américain fortuné, de goûter aux joies
de la punition carabinée. Croyant se rendre dans un club VIP où
l'alcool coule à flot au son de rythmes technoïdes, la belle blonde
et la flopée de Jet Setteurs présents vont vivre une «Soirée qui
déchire » dans tous les sens du terme. Au plus fort de la
fête, des rabatteurs à griffes (la partie avant des moissonneuses
batteuses pour les plus citadins d'entre vous) descendent du plafond
déchiquetant les danseurs en transe tandis que dans la Lounge Room, la chaleur
et le plafond se révèlent écrasants ! Échappant miraculeusement au carnage, Elena libère
Arkin, prisonnier d'une malle depuis le dernier film. Ce dernier parvient à s'enfuir, mais
notre riche héritière tombe elle dans les griffes de l'homme sans visage.
Après la disparition d'Elena, son père (Christopher McDonald) charge son homme de main (Lee Tergesen) de former un commando de mercenaires pour traquer le tueur et libérer sa progéniture. Arkin, enrôlé sur son lit d'hôpital, parvient à retrouver l'hôtel désaffecté (Hôtel Argento, Savourez le clin d'œil) où il a été retenu et savamment torturé. A l'intérieur, ils découvrent un nouveau labyrinthe de piège, de nouvelles victimes agonisantes mais aussi l'étrange collection de l'homme au masque... Dans des cercueils de verres, des corps mutilés et réassemblés lui servent d'improbables trophées. Inutile de préciser que The collection marche sur les pieds de Saw, en trébuchant sur les corps sans vie d'une ribambelle de Slasho-trhiller des 90's. Dit autrement, le niveau de redite atteint par cette ballade horrifique enferme fatalement l'effort conjoint de Marcus Dunstan et Patrick Melton dans la malle d'un cinéma exclusivement exploitatif, voir un sympathiquement racoleur.
Le mot n'a fort heureusement rien de
péjoratif dans ces colonnes numériques et l'on concédera même
volontiers à cette heure et demie vite passée quelques qualités
foraines et réalisationnelles évidentes. A commencer par des effets spéciaux
et visuels particulièrement soignés et signés sans surprise
par quelques routiers de la discipline : David Fletcher,
une petite centaine de péloches au compteur (Running Man,
Vendredi 13 chapitre 7, Le cauchemar de Freddy …) ainsi qu'à
David Karlak (Feast, The collector) et Rick Sander (Spiderman 2,
X-Files le film). Petit budget (10 millions de dollars nous souffle-t-on à l'oreille) mais grosse boucherie, pour The
Collection, Marcus Dunstan a fait le pari du «Pris sur le
vif» , du latex et des hectolitres de sang, limitant ainsi
l'intrusion du numérique dans son discours visuel. Personne ne s'en
plaindra. Surtout pas nous. La scène introductive et tripailleuse de Rave, mise en bouche cruelle, constitue sans discussion possible l'une
des séquences les plus craspec de l'année. Mais si cette
fulgurance gore et sadique assure parfaitement son rôle
d'électrochoc, elle place peut être par la même occasion la barre
trop haute. Ainsi le discours horrifique de «The Collection» ne
parvient jamais à retrouver totalement la fougue de son avant propos.
Finalement, l'effort de Dunstan se heurte surtout aux limites des genres qu'il embrasse tendrement. The collection est au moins autant un «Torture porn» qu'un pur film de croquemitaine. C'est à dire une bobine dont le propos se veut naturellement basique, frontale et essentiellement graphique. Son collectionneur timbré, mi brute épaisse, mi entomologiste déviant, sans doute trop masqué pour imprimer l'imaginaire, peine à se faire une place aux côtés de Jason, Hannibal et autre Michael Myers dans le bus déjà bondé des monstres humains. Le scénario du troisième volet étant déjà écrit, notre candidat à la postérité devrait (peut être) avoir droit à une troisième chance. A défaut de clouer son spectateur, ce B movie très «consommable», profite d'une photographie bien troussée ( Sam McCurdy oblige), d'un scope providentiel et de quelques SFX trippants. Pour le dire comme un candidat de télé réalité : C'est plutôt pas si mal ! Les fendus de la série des Saw pourront même voir dans cette nouvelle franchise une sorte de prequel inavoué... C'est dire !
Le disque :
TF1 vidéo offre à «The collection» une édition Bluray plutôt haut de gamme: Un très beau master à la définition pointue et aux couleurs subtilement restituées même si on notera une légère touche vidéastique pas forcement désagréable. Rayon plaisir des tympans, des mixages français et anglais. La collection de supplément se résume à des scènes coupées et un making of «Dans l'antre du Collectionneur" (visiblement un assemblage de featurettes) à la gloire de son réalisateur et de ses techniciens. Un peu d'autopromo ne fait pas de mal, mais quand même ...
A l'usage des allergiques à la haute définition, la galette DVD accompagne le numéro d'été de Mad Movies.En ces temps de crise et de tumultes il n'est pas interdit de donner un coup de pouce à la presse spécialisée!