Les colts de la violence: Critique et test DVD



La troisième balle vidéastique tirée cet automne par les gringos d'Artus vient de nous arriver en plein cœur. Les colts de la Violence, western brutal, frénétique et fratricide d'Alberto Cardone voit s'opposer deux géants de l'italo western. A ma droite Anthony Steffen, à ma gauche Gianni Garko et au milieu Erika Blanc qui compte les points. Voilà qui valait bien un review...

Dans son livre «Les classique du cinéma Bis», Laurent Aknin prévenait. On ne sait plus trop à qui attribuer la réalisation des «Colts de la violence». La faute à un générique à deux coups. 1000 Dolari sul Nero. Un Film de Marlon Sirko, dirigé par Albert Cardiff (Et non Jack, n'en rajoutez pas c'est déjà suffisamment compliqué comme ça). Renseignements pris, Marlon Sirko est en fait Mario Siciliano et accessoirement bien le producteur du film. Albert Cardiff est lui le pseudonyme d'Alberto Cardone dont la filmographie de «Second Unit Director» ne fait par rire. Jugez sur pièces: Le Ben Hur de Wyler, Barbarella de Roger Vadim, Don Camillo...On lui doit également au cœur des années 60 et en plein boum du genre une grosse demi douzaine d'euro westerns : Les aigles noirs de Santa Fé, Seven Dollars on the red (avec Anthony Steffen), 20.000 dollari sul 7, L'ira di Dio, Il lungo giorno del massacro, 20.000 dollari sporchi di sangue et bien sûr notre $1,000 on the Black du jour. Une liste de titres qui révèle une certaine obsession pour le mot Dollars et les chiffres à plusieurs zéros. Dire qu'on accuse nos cousins d'Amérique de ne parler que d'argent ! 


Dans les colts de la violence, on s'accroche aux bottes de Johnny Liston. Accusé à tord du meurtre d'un notable, il est condamné à une peine de 12 années de prison. Sa dette envers la société purgée, il rentre
tout feu tout flamme au bercail pour découvrir que son frère Sartana Liston butine sans gène l'amour de sa vie, la belle Manuella. Pire encore qu'il terrorise et raquette les habitants de la région. Le tout sous le regard bienveillant d'une vieille bique, épaisse comme un stylo, qui n'est autre que sa mère: Rhonda Liston. Pour Johnny s'en est trop ! Pour rétablir l'ordre et la justice et aussi (ne le cachons pas) dans l'espoir de mettre une cartouche à la jolie Joselita, la fille du juge qu'on l'accuse d'avoir tué, il décide de se soustraire à l'autorité parentale et mettre une copieuse volée à son frère. Le pitch est minimaliste, le spectacle intense. Voilà sans doute la meilleure définition que je puisse donner de ce festival de beignes et de balles qui fusent.


Anthony Steffen fait du Anthony Steffen. Je ne m'attarderai donc pas trop sur son cas. (Fouillez dans les archives de l'Ecranbis.com, vous trouverez de quoi manger!) On peut tout de même noter que son personnage, Johnny, gringo impassible au look crados soigné parvient ici à défier les lois de physique. On le trouve posé sur une chaise, l'instant d'après, sur le toit d'une maison, 2 plans plus loin, il est redescendu. Attrape moi si tu peux! L'autre star des Colts de la violence, c'est bien sûr Gianni Garko qui fait ses premiers pas dans le genre comme dans la peau de Sartana. Sur ce point, le film d'Alberto Cardone est à nouveau cinéphiliquement intéressant puisqu'on y retrouve pour la toute première fois à l'écran un personnage qui s'appelle Sartana interprété par le vrai Sartana...(jusque là tout va bien) sauf qu'il ne s'agit pas de Sartana. Oui c'est un petit peu compliqué , le mieux est encore d'acheter le film et de vous ruer vers les explications de Curd Ridel. (Si là je ne l'ai pas vendu, je ne sais plus ce qu'il faut faire). 

Ça tire de ce côté, ça canarde de l'autre, les marrons claquent comme des coups de fouet et lorsque le langage des colts ne suffit plus, on passe aux explosifs. Les colts de la violence est une oeuvre frénétique, un western déchaîné. Alberto Cardone, lui même un peu perdu sous cette pluie de bastos, en oublie récit et personnages, trouvant pas conséquent les limites de son pétaradant exercice. Je n'avais pas lu que du bien des «Colt de la violence», Jean-françois Giré dans le premier volume de son «Il était une fois le western européen» parlait de mise en scène bâclée tout en soulignant les autres qualités du film. Un jugement peut être excessif (à mes yeux du moins) pour 100 minutes elles même excessives. Les «Colts de la violence» donnent parfois l'impression d'avoir été sacrifié sur l'autel du cinéma d'action, mais c'est finalement plus le récit, la mise en équation que la forme qui paient l'addition. Reste que la pépite se doit de trouver, pour sa réussite formelle au moins, le chemin de vos étagères...


Notes:

 Ne vous faites pas avoir ! Vous croiserez peut être un très étrange DVD en provenance d'un non moins mystérieux éditeur (Westar pictures, spécialiste de la flying jaquette), vendu au prix du plastic dans les bacs à soldes des supermarchés. La jaquette promet "Les Vigilantes 2", le générique annonce lui "Les colts de la Violence", il s'agit en fait de Legge della Violenza (La loi de la violence), un italo western de Gianni Crea, datant de 1969. 


Le disque :

Tout comme pour les autres films de la collection, l'effort d'Alberto Cardone a droit à un master au format d'origine (2.35), des pistes audio françaises et italiennes, ainsi que des sous-titres français. Dans le coffre à bonus, un diaporama, des bances annonces et «1000$ sur le noir», un nouvel entretien avec le très sympathique Curd Ridel. 12€90 la galette à commander du côté d'Artusfilms.com.