Invasion planète terre, saison 1: Critique et test DVD




Surprise vidéastique de cette fin d'année, le Condor dépose au pied de nos sapins la première saison d'une série que nous n'attendions plus : Invasion planète Terre. Au programme, un coffret de 22 épisodes repartis sur six disques (que les sériphiles français peuvent se procurer dans les lieux de vente autorisés depuis le 4 décembre dernier), une invasion qui n'en n'est pas vraiment une et une œuvre télévisuelle loin, très loin même, d'être anecdotique. Voyage dans les profondeurs de l'imagination de Gene Roddenberry... par Ecranbis.com


Non, nous ne vous ferons pas l'affront de vous présenter Roddenberry et l'influence quasi inquantifiable de «Star Trek» sur la Science fiction et l'imaginaire collectif. Œuvre posthume et indiscutablement moins connue, Earth Final Conflict (initialement annoncée comme Battleground: Earth, titre finalement écarté puisque rappelant le Battlefield Earth de Ron Hubard) débarque sur les petits écrans américains à l'automne 1997. Il s’agit en fait du dérivé d'une série de notes et de concepts que l'auteur aurait développés dans les années 70. Le tout sera même chapeauté par sa veuve : Majel Barrett-Roddenberry en qualité de producteur exécutif. Reste que dans le festin vidéastique qui nous est ici présenté, il apparaît difficile de séparer ce qui tient vraiment de l'imagination de Gene Roddenberry de ce qui a été scénaristiquement construit autour pour les besoins de la série. Peu importe, le programme tiendra cinq saisons, survivant même à un renouvellement de casting. En France, la saga change mystérieusement de nom et devient «Invasion planète terre» lors de sa diffusion sur Canal +. Titrage certes plus parlant, mais finalement éloigné du propos réel de l’œuvre.


En effet, «Invasion planète terre» n'offre pas d'invasion en bonne et due forme, du moins pas au sens propre. Au début du 21e siècle, une race d'extraterrestres, les Taelons demandent l'asile sur terre. En échange, ils se proposent de partager leurs connaissances scientifiques et techniques avec l'humanité. Mais cet altruisme et cette générosité ne tardent pas à éveiller des soupçons. Un mouvement de résistance tente de mettre à jour le véritable dessein de ces visiteurs. Les quelques lignes ci dessus, appelle fatalement à l'évocation d'une autre série à succès.

Au début des années 80, le producteur Kenneth Johnson qui a précédemment travaillé sur L'homme qui valait 3 milliards et son spin off : Super Jaimie, réalise une mini série devenue culte. “V” (comme “visitors”) est un succès mondial. On y suit également l'arrivée sur terre d'une race de présumés humanoïdes offrant leur savoir (médecine, etc... ) contre l'hospitalité terrienne. Évidemment leurs intentions cachées seront à peu près tout sauf pacifiques. Ces aliens reptiliens comptaient surtout exploiter les ressources naturelles de la planète Terre et accessoirement se servir de ses habitants comme d'un garde manger. Les intentions de Johnson étaient tout aussi masquées, puisque au delà de son propos S.F., le réalisateur producteur multipliera les analogies historiques.




Il est ainsi possible de voir « V » comme une description relativement précise de l'occupation, de l'enrôlement militaire et idéologique, du nazisme et de sa machinerie infernale (délation et j'en passe). Sur ce point, Invasion planète Terre se désolidarise complètement de son modèle pour accoucher d'un propos sans doute moins spectaculaire mais surtout infiniment plus complexe. Earth Final Conflict est en effet une œuvre touffue puisque criblée de sous discours, se structurant tous sur une vision extrêmement politique de l'arrivée de nos bienfaiteurs d'outre espace. Aliénation et manipulation des peuples, trahison de l'hyper classe, constitution d'une résistance adhérant à une théorie conspirationniste, le tout sur fond d'hybridation génétique, de grand remplacement. La série tend finalement plus volontiers les bras aux élans complotistes d'X-files, du «They Live» de Carpenter. Tout en s'assurant un flou très artistique sur les intentions réelles voire sur l'unanimité de ces intentions chez les taelons. 


 

Revers de la médaille, la série donne souvent l'impression de tourner le dos à l'action, dévoilant ainsi sa qualité première : Earth Final Conflict n'est pas une énième invasion grossière tentant de surfer sur le tard la vague « V » à grand renfort de SFX et de pyrotechnie, mais une vision. Sans surprise, la forme, elle, diffère assez peu de la production télévisuelle américaine de la fin des années 90 et du début 2000. (Comprendre dans ses ressorts et rouages scénaristiques un peu bateau). La multiplication des effets numériques, impressionnants pour l'époque, semblera sans doute un peu vaine aux téléspectateurs de l' an 2013. Reste que la pulpe, la substance de cette saga de science fiction a encore bon goût. Mieux, elle nécessite vraiment une nouvelle plongée vidéastique, en espérant que Condor Entertainment ait la bonne idée d'éditer la seconde saison dans les mois qui viennent.