Le marché de la vidéo n'est, nous dit-on, plus tout feu tout flamme. Tandis que les ventes de galettes argentées dégringolent, le Bluray peine à s'imposer dans l'hexagone. Parions que l'augmentation prochaine de la TVA enfoncera le clou de la crise dans la planche d'un pouvoir d'achat en berne. Bref tout dans ce contexte appelle à une forme de morosité et d'inquiétude, ce qui n’empêche pas quelques courageux éditeurs de tenter coûte que coûte le saut de l'ange. Il faut dire que dans la niche du cinéma déviant, le cinéphile est encore suffisamment collectionneur ou fétichiste pour tendre la carte bleue. Tout nouvel entrant, Luminor a eu la lumineuse idée (elle était si facile qu'elle nous tendait les bras) d'offrir à «ABC Of Death» un passeport vidéastique aux crépuscule de l'année 2013. Un premier jet tombée dans notre platine il y a quelques jours à peine. Ecranbis.com dépose pour l'occasion sous le sapin de l'internet son review de Noël...
Si il est une forme récurrente et par ailleurs récurée dans le cinéma qui nous est chère, c'est bien l'effort anthologique. L'exercice, parfois taxé de «film à sketches » revient en effet sur petit (et plus rarement sur grand) écran avec une régularité presque préoccupante. Toutefois, notre ABC Of Death du jour pourrait être considéré comme une variante inédite puisque l’œuvre tient à la fois de l’abécédaire pelliculaire et de la compilation de très courts métrages. 26 morts qualifiées d' exceptionnelles ( Et on vous le confirme) vue dans les yeux de 26 cinéastes venus du monde entier.
"La promesse est alléchante, encore faudrait-il qu'elle soit tenue..." diront les sceptiques et plus globalement ceux que les dernieres anthologies déclarées (The Theatre Bizarre en tête) n'ont pas su convaincre. Évidemment, impossible de réellement définir les contours de ces quelques 103 minutes. Nous pourrions cependant résumer la chose à son concept ou à sa génése. Chaque réalisateur s'est vu confier une lettre, le choix d'un mot débutant par cette lettre et la tache de le mettre en image sur le thème de la mort.
Parmis les heureux élus, nous citerons en vrac: l'actrice Angela Bettis, Noburu Iguchi (The Machine Girl/ Robo Geicha), Ti West (The Roost, House of evil , Cabin Fever 2), Jake West ( Doghouse, Evil Alien) , Kaare Andrews(Altitude), Héléne Cattet et Bruno Forzani (Amer), Jason Eisener (Hobo with a shot gun), Xavier Gens (Frontières), Yoshihiro Nishimura (Tokyo gore police), Srdjan Spasojevic (A serbian film) … Bref, une belle brochette de cauchemardeurs à laquelle nous ajouterons Lee Hardcastle, heureux gagnant d'un concours organisé lors de la production du film. Le résultat s'étale sur deux heures de transe oculaire. Transe, le mot est assumé tant la nature compilatoire du propos pousse l'éffort dans la foire aux clips horrifiques. ABC OF DEATH a des airs d'attraction permanente et généreuse, de mitraillettes à contes morbides. Face à une telle ration, l'envie de trier le contenu de l'assiette ne tarde pas à se faire sentir. Alors ne le cachons, tout ici ne se vaut pas, loin s'en faut et certains segments souffrent indéniablement du jeu de la comparaison et de l’enchaînement.
La bonne nouvelle, c'est que l'exploitation vidéastique de la chose, permettra sans doute d'éviter l'indigestion ou l'effet BFM (ou comment un propos en chasse un autre). Il est donc conseiller de s'y prendre à deux fois, peut être à trois et même d'y revenir, afin d'apprécier chaque point de vue artistique et parti pris narratif à sa juste valeur. Sachez cependant qu'il faudra avoir le cœur et le slip bien accroché, ABC OF DEATH ne se refuse pas grand chose et certainement pas de renifler le fond de la cuvette des chiottes ou les culottes de péteuses magnifiques. On tronçonne en plein coït (Façon Michelle Bauer), on assassine à coup de moelle, on se pète à la gueule, on y fait caca à l'envers (si je puis dire) Le tout parfois avec humour, coquinerie mais aussi un sérieux pour le coup indécrottable.
Voilà donc un bien belle entrée en matière pour un jeune éditeur déjà volontaire à la distribution de ABC OF DEATH 2 , prévu pour le dernier trimestre 2014, si tout va bien. Entre temps, Luminor s'occupera du cas «Cheap Thrills» primé au PIFF 2013. D'ici là, tout ce que la planete France compte d'amateurs de mauvais goût et de mauvais genre est prié de savourer ce premier et brillant jet éditorial.
Notes : Les segments électrochocs à ne pas louper : "Flatulence" et "Libido"
Le disque:
Pas de mauvaises surprises du côté de chez Luminor qui offre à "ABC of Death" un écrin vidéastique SD sans faille et ce en dépit de matériaux d'origines diverses et par conséquent de qualités variables. Notons que le disque n'offre qu'une piste VO sous titrée mais embarque en contrepartie un nombre conséquent de suppléments: deux bandes annonces et pas moins de huit making off. La chose est disponible un peu partout au prix sympathique de 14€99. Que demande le peuple ?
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