L'emprise du mal : Critique et test DVD



Après avoir pointé le bout de ses après ski du côté de Gerardmer et de son festival international du film fantastique, «L'emprise du mal» vient tâter du cinévore frenchy en DVD, Bluray et VOD. Ce grâce aux efforts de l'éditeur émérite Wild Side vidéo. Au menu: de la neige plein l'écran, des petits vélos plein la tête. Dans le dossier de presse, on prévient même avec insistance «Attention la psychose est contagieuse». Ecranbis.com s'est donc résolu à sacrifier un rédacteur pour arpenter ce nouveau sommet présumé du fantastique ibérique. Est-il revenu plus givré qu'il ne l'était déjà ? La réponse en chronique.



Raùl, joueur d'échec en pleine crise de la quarantaine, traverse comme on dit une mauvaise passe. Le couple qu'il forme avec l'aussi jolie que chevelue Anna bat de l'aile. Dans l'espoir fou de faire renaître la flamme (sans pour autant reprendre à fumer) notre homme trouve sur l'internet un nid douillet perché dans la montagne : Un chalet perdu dans les profondeurs bucoliques d'une Espagne sous la neige. Il embarque donc sa mujer et le fruit de leurs entrailles, le petit Nico, dans une escapade boisée. Rien de tel pour renouer les liens que de passer Noël en famille. Mais le paradis blanc ne tarde pas à prendre la couleur de l'enfer. Samuel , jeune et beau voisin ibérique coiffé par Frank Provost, leur rend visite avec une assiduité inquiétante. Il se lie d'amitié avec le petit garçon et fait les yeux doux à madame. Un jour en rentrant du village, Raùl surprend Anna en train de roucouler à la portière du loup. 


Raùl voit rouge surtout que les indices d'une éventuelle trahison conjugale se multiplient. Fou de jalousie, le bel espagnol perd pied dans les escaliers de la raison. La réalité prend un goût de cauchemar et les rêves deviennent palpables. Dans sa chute infernale, notre homme prend évidement le soin de goûter à chaque marche pour finir terrassé par ses propres interrogations. Est-il victime de sa propre paranoïa ou le dindon de la farce ?



Mi psychodrame, mi fantastique (mi figue, mi raisin donc), «L'emprise du mal» peine à dissimuler ce qui semble être sa principale (et peut être unique) source d’inspiration Une famille au bord du gouffre, une retraite sous la neige et la folie qui frappe aux portes. Tout Shinning y est, ou presque, le voisin collant en plus. La spirale névrotique, le tango de l’âme y sont chorégraphiés avec soin, cadrés au scalpel, photographiés avec subtilité et parfois inspiration, spécifiquement dans ses saillies oniriques. Mais le convenu situationnel et l'installation laissant présager dès les première minutes le spectacle à venir, confirme les égarements du cinéma fantastique espagnol actuel. Un cinéma formel, bloqué sur ses arabesques, figures imposées et fulgurances esthétiques, la narration oubliée avec la belle mère sur la première aire d'autoroute visitée par le récit. Toledo étire, non sans classe, son propos, installe et ré-installe une ambiance, puis une autre... Mais les bouffées délirantes de Raùl auraient sans doute gagné à se voir coiffer d'un twist plus retord et d'une script plus affûté.

 Ne soyons pas trop dur, si Miguel Angel Toledo et son « Emprise du mal » ne sont prêt de rentrer au panthéon du cinéma horrifique, le tandem réussit l'essentiel. Soustraire leur spectateur à l'ennui. C'est, pour ainsi dire, déjà ça de pris.



Le disque :

Jamais de mauvaise surprise avec Wild side qui livre «L'emprise du mal» dans une copie scopée et un master 16/9 rutilant , accompagnés de ronronnantes pistes françaises DTS 5,1 & Dolby Digital stéréo et espagnole Dolby Digital 5.1. Sous-titres français en prime. Dans la cave à bonus, un making of d'une grosse vingtaine de minutes , des bandes annonces et une copie numérique du film à télécharger.16€99 le DVD, 19€99 le Bluray si le cœur vous en dit.