Avalanche Sharks: Critique et test DVD



Une amazone à la crinière blonde, sabre entre les dents et bâtons de ski en mains, tenant tête à un carcharodon carcharias surgi de la poudreuse. Les visuels d'Avalanche Shark, sous titré avec la malice d'usage «les dents de la neige» rappelle les heures glorieuses de la vidéo locative et de la jaquette farceuse. Après Sharknado, ses poissons volants chez Free Dolphin , Beach Shark et ses requins des sables chez Zylo, c'est au tour de l'éditeur Program Store (Distribué par Arcadès) d'inviter les cinéphages de l'hexagone à un banquet de sang. En raison d'une actualité vidéastique diablement chargée et d'embouteillage sur le chariot de notre platine, Ecranbis.com a pris, une fois n'est pas coutume, le tire fesse avec une doudoune de retard. Séance de rattrapage !


Craignant sans doute de perdre toute forme de dignité en se réveillant plus ivre que la veille, culotte aux chevilles sur un trottoir de Cancun, deux rejetons de l'oncle Sam optent pour un spring break au grand air. Mais alors qu'ils goûtent innocemment aux frissons du hors pistes, ils croisent la route d'un prédateur inattendu. Une requin des glace au râtelier affûté. Au même moment, quelque part dans les entrailles de la douce Amérique, deux nymphes hystériques embarquent à leur tour pour les sommets enneigés de la station Mammouth. Le conducteur découvrant que chaque coup de volant donne vie aux arguments siliconés de ses passagères, le trajet s'annonce chaotique et interminable. (l'expression « se secouer les miches » peut parfois, sans mauvais jeu de mot ou presque, tomber à plat). Ce qui permettra au jeune homme d'échafauder quelques fumeuses théories sur l'existence de requins doublement particuliers, puisque d'origine extra terrestre et dotés d'une intelligence hors norme.



Toujours d'après notre chauffard du dimanche, cette poiscaille martienne fuyant un monde l'agonie, aurait, au terme d'une pénible brasse intergalactique, pu atteindre notre douce planète. Mais l'aileron en panne, l'unique survivant de cet exode improbable aurait échoué à quelques encablures de la mer promise et n'y aurait pas perdu au change. Aux premiers flocons de l'année, des bancs complets de touristes viennent lui servir de plateau repas. Sur place, entre de deux beuveries carabinées, on concède volontiers que la multiplication des disparitions prend un caractère inquiétant. L'intelligentsia locale, Maire, gérant de la station et ex gloire olympique locale tentent de faire bonne figure. La peur n'arrange pas le petit commerce. «Bon ski et bonne bourre» crient les haut parleurs de la station. Mais le Sheriff Brody du coin, sa femme océanologue au chômage, un ivrogne et une bande de teens ne l'entendent pas du même œil ! ( Ou ne voit pas de la même oreille, ce qui revient au même).



Le cinéma Bis se nourrit du temps qui passe et ne revient pas... Une histoire de nostalgie, de patine et de vieilleries charmantes suivant à la lettre les principes du « c'était mieux avant ». La production du jour ne bénéficiant d'aucun des artifices précités, elle peine fatalement à se faire une place dans le c��ur des cinéphiles. Pourtant, en y regardant de plus près, impossible de ne faire le lien entre les postulants à la seconde partie de soirée (le pendant télévisuel du Double Bill) et la production Direct to VHS de la seconde partie des années 80. Une flopée d'oeuvrette destinées à remplir les linéaires de vidéoclub, toute comme les série B des années 50/60 remplissaient salles et drive-in, en double programme s'il vous plaît. Ohé braves gens, Avalanche Sharks, sous ses airs de ne pas y croquer, porte donc l'ADN du cinéma que nous aimons, tout en se cramponnant à une de ses thématiques phares. Le poisson machouilleur de slip de bain...



Dans l'après «Deep Blue Sea», démocratisation de l'image de synthèse oblige, le requin revient sur les devant des plages cinéphiliques après une décennie de discrétion. Producteurs, distributeurs l'ont bien compris, le potentiel commercial de la bestiole n'est pas près de prendre l'eau. Aussi, regoûtons nous régulièrement aux fruits des dents de la mer. La trame scénaristique d'Avalanche Sharks ne manque pas de reprendre les us et coutume du genre, touristes en péril, gérant et politicien soucieux du développement local , shérif inquiet pour son prochain. Mais si Sharknado, péloche azimutée avec laquelle notre pépite du jour ne manquera sans doute pas d'être comparée, jouait la carte du « sérieux comme un pape » laissant à son spectateur le choix de glisser dans le sarcasme, le film de Scott Wheeler entre dans la comédie kinky de façon frontale. Répliques fumantes et croupes en feu. Le gore en plus. Dommage au final que le budget, sans doute très limité de cet effort canadien, n'ait pas permis aux apparitions requinesques et grivées de s'élever au dessus du tout venant digital. Reste un spectacle DTV sans le sou mais joyeusement foutraque, délicieusement récréatif... qui nous abandonne sans véritablement trancher sur les origines de ses truites à ratounes … Démons Shamaniques ou comme expliqué plus haut, créatures from outer Space ? A moins qu'il ne s'agisse un peu des deux. Vous l'aurez en tout cas compris ; Avalanche Sharks c'est un peu Sharknado en mieux !


Le disque :
Program store livre une copie minimale mais techniquement efficace. Un master 1.77, histoire de bien remplir la dalle et une V.F. L'éditeur a également pris la peine d'y glisser une bande annonce, elle aussi doublée: Le visuel, encore un fois superbe, mérite de squatter le devant de vos étagères. Disponible sous la barre fatidique des 13€ sur Amazon en cliquant ici  et dans tous les vidéostores dignes de ce nom.