Sortie en début d'année sur les écrans français, «Les brasiers de la colère» reviennent enflammer les salons des vidéovores. La chose est disponible depuis le 15 de ce mois en DVD et Bluray dans le catalogue de Metropolitan Vidéo. Au menu un thriller sociétal coup de poing et un douloureux voyage dans l'arrière boutique de l'oncle Sam. Ecranbis.com rend armes et chronique...
Il y a d’abord cette Amérique qui s'est soustraite au rêve. Ces bicoques éventrées, sa populace fantôme qui traîne hébétée sur la voie rapide de la désindustrialisation. Cette american way of life auquel l'avenir à tourné le dos, cette face B qu'Hollywood peine à chaque mètre de pellicule un peu plus à masquer. Ici ni tornade, ni soucoupes volantes mais l'apocalypse de la mondialisation, la bête du capital, la banque et les fonds de pension. Cette Amérique là ne consomme pas, elle se consume, lentement, irrémédiablement jusque dans les profondeurs de son âme, jusque dans la chair de sa progéniture. Braddock en Pennsylvanie, ville banlieue happée par la grisaille, fera office de bout du monde, les frères Base de funambules dansant un pied dans le vide ou sur le fil du rasoir. Dans cet univers en pente, Russel s'accroche à toutes les branches, plante les ongles dans le moindre centimètre d'espoir. Peu importe le travail ou l'usine, la couleur de l'herbe ou du ciel tant qu'il retiendra un peu du temps qui coule entre ses doigts.
Rodney, son jeune frère, a choisi un autre train. L'express des petites combines, des dettes de jeux. Il l'entraînera sous la bannière étoilée mais à l'autre bout du monde... L'Irak et ses armées de paumés, partis fleur au fusil défendre l'indéfendable. Mais par une nuit sans étoiles, Russel percute une voiture et arrache deux vies. A sa sortie de prison, le livre de la vie a tourné quelques pages. Son père est passé de l'autre côté du miroir, sa petite amie a échoué dans d'autres bras… Seul son frère, fraîchement rentré au bercail l'attend. Mais le gamin, toujours criblé de dettes recycle ses traumatismes de Rangers dans le combat de coq, la lutte sordide à mains nues, le duel clandestin sous une pluie de dollars. Un hangar décrépi pour seul ring Rodney se battra pour le compte de Harlan DeGroat, prototype du cul terreux psychotique. Mais l'affaire tourne mal... Russel pourra-t-il sauver Rodney de son propre destin...
On pourra certes accuser Scott Cooper de donner dans un misérabilisme à la mode, une critique à la «Michael Moore» tapant du poing sur la table du capitalisme roi, de l'impérialisme militaire ou de mille autres tares attribuées au nouveau monde. Un film de gauche donc... Mais ce serait prendre «Les brasiers de la colère» à l'envers. Le film de Cooper touche la peinture societale, il n'explique ou n'excuse rien, il pleure... Il pleure la disparation d'un mode de vie, d'une Amérique qui s'est rêvé jusqu'au cauchemar, la fermeture des usines, les sub primes. L'histoire d'un démantèlement civilisationel, traversé par des personnages en déconstruction. Plus réactionnaire que manichéen, le propos étire son désespoir jusqu'à la colère promise par le titre.
Russel prend le chemin de la vengeance. Scott Cooper pointe celui de l'autojustice. Le chaos du laxisme appelle celui de la self défense. Ou comment une violence répond à une autre. Cela devrait suffire à étrangler ces messieurs de la critique bien-pensante, si sûrs de leur prose qu'ils en finissent par en oublier d'ouvrir les yeux. On ose même pas penser à ce qu'en écriront « Les inrocks » ou autre tricatel de la culture bobo branchouille sur papier glacé. Mais ce n'est au fond pas si grave, «les Brasiers de la colère» n'interroge rien ni personne... Un bémol. Il en fallait bien un. La forme peine parfois à contenir le discours. La faute à une usage immodéré de la pause musicale méditative et du voyage immobiles arty. Un manque de subtilité narrative d'autant plus perceptible que le film de Cooper, superbement éclairé, monté au scalpel, ne souffre d'aucun des tics de réalisation du moment. On a pour ainsi dire frôlé le sans faute.
Le disque :
Metropolitan vidéo S'est fendu un belle édition DVD embarquant un master 16/9 techniquement sans faille. Le film est présenté dans une copie en cinemascope (ratio image 2.35). Le disque embarque des mixages français et anglais, tout deux spatialisés (Dolby Digital 5.1) ainsi que des sous titres français. Dans le coffre à bonus : quatre documentaires (A l'origine, Interview du réalisateur, techniques de combats, conversation avec le compositeur) en VOST.