NURSE 3D : critique et test Bluray 3D


Restée coincée deux ans dans les limbes de la distribution, sans doute victime des tergiversations élyséennes (Euphémisme !) d'une paire de pioches en col blanc, la plus volcanique des «Nurse» fait irruption dans le service vidéastique de l'hôpital France. La feuille de soin est alléchante (Paz de la Huerta chevauchant une seringue, la goutte à l'aiguille), la promesse (l'infirmière était nue sous la blouse), vieille comme le monde. Ne soyez pas inquiets ! Le 18 juin, que vous tiriez le côté poil ou fesse,  la vidange sanguine sera intégrale. Chronique aux pays du bouche à bouche et des thermomètres glissés avec amour entre les... dents. 

 
Douglas Aarniokoski s'est fait la main et un nom sous l'étendard sanglant de la Full Moon. Au début des années 90, sûr de sa bonne étoile, le jeune cinéaste arpente en qualité de réalisateur de seconde équipe ou d'assistant les plateaux de «Dr Mordrid», «Trancer 3», «Puppet Master 4», «Puppet Master 5» et même «Dollman Versus Demonic Toys» . Une expérience du pingre et du réalisme budgétaire acquise à la dure, aux côtés d'un des fils spirituels de Roger Corman... Ses premiers périples cinématographiques sous le patronage de Charles Band ne tarderont pas à lui ouvrir les portes d'un Hollywood moins famélique. Il collabore d'abord avec Robert Rodriguez sur «Une nuit en enfer», puis «The Faculty» et «Psy Kid». On le retrouve même au générique d' une comédie à gros budget tout droit sortie des cartons de la New Line: «Austin Power» en 1997. 

 
Le nouveau millénaire et Dimensions films lui offriront un premier passage à l'acte sur un plateau. Aarniokoski aura en charge de mettre en image la quatrième aventure cinématographique de Connor MacLeod. Rendez vous manqué. Highlander 4 (Highlander Endgame) sera un naufrage pelliculaire à 15 millions de dollars. Non content de torpiller la franchise, Aarniokoski envoie sa naissante carrière par le fond. Huit années de convalescence plus tard, le petit Douglas réapparaît timidement sur les écrans radar. Un écho discret et sourd. Caché derrière un pseudonyme (Arnold Cassius), il réalise d'abord «Animals», une série B sans le sou mais fréquentable (édité chez Emylia, si le cœur vous en dit). En 2011, son tout aussi fauché mais nettement plus apocalyptique «The Day» est projeté à Gerardmer avant de rencontrer un petit succès critique lors de sa sortie vidéo (chez Wild side). Mais la chance lui sourit à nouveau. Aarniokoski est pressenti par LionGates à la réalisation d'un thriller érotique et gore. Nurse sera tourné en moins de deux mois et en trois dimensions s'il vous plaît.


Le script se cramponne à la blouse du corps médical. Pour Abby Russel, infirmière de son état, un bon patient est un patient mort. Le jour, elle soigne les bleus, caresse les fronts et rapièce les chairs. La nuit, elle vidange les corps et masse les cœurs au scalpel. L'arrivée de la blonde Danni (Katrina Bowden) dans son service va quelque peu chambouler son macabre emploi du temps. Bien décidée à dévergonder son angélique collègue de travail, Abby l'entraîne dans les entrailles de la ville. Là dans la fureur, la musique et le bruit, l'alcool et la drogue aidant, Danni dévale les escaliers de la raison. Elle offre ses lèvres à sa tortionnaire, et le reste de son corps à un inconnu. Les lendemains déchantent, la jeune soignante fait mine de ne point se souvenir et court, stéthoscope à terre, trouver refuge dans les bras de son amoureux. Pour Abby, la pilule ne passe pas... Si au chant de l'amour, Danni se refuse, la danse de la mort emportera son âme . 


 
Entre ange immaculé et saint Bernard de la bite, le mythe de l'infirmière a la vie longue et la jupe courte. Le fantasme en vaut, concédez -le mesdames, bien d'autres. La salissante étreinte du garagiste, le pompier toujours volontaire... Est-il vraiment nécessaire de dresser un imaginaire érotique contre un autre? De pointer d'un doigt inquisiteur et surtout malhonnête, le désir situationnellement ridicule que le sexe opposé a fait sien? D'autant plus que si ce Nurse 3D joue sans grande retenue la carte d'un fétichisme fiévreux et d'une exploration minutieuse de la plastique de madame
de la Huerta , c'est pour mieux prendre son spectateur de revers. Il y a bien sûr l'idée de faire rejoindre le fond et la forme, quoi de mieux qu'une infirmière meurtrière, qu'un médecin bourreau pour faire jaillir de l'écran l'extrême bipolarité de sa psychotique héroïne. Mais les valises de son récit posées à terre, Aarniokoski choisit de se concentrer sur sa jolie plante venimeuse, enquillant son effort sur les rails d' «Alyce» ou «Julia X».


En résulte une valse aussi barge que son infirmière terminant la courge encastrée dans le mur du Grand Guignol. Alors bien sûr on pourrait palabrer sur les quelques faiblesses mécaniques du propos. Allez y sans nous ! Ce n'est pas tous les quatre matins qu'une bobine aussi bien torchée et sympathiquement déviante tombe dans nos platines ensanglantées ! Une belle 3d native en prime !



Le disque :

Pas de mauvaise surprise , Metropolitan vidéo offre à Nurse , une édition haute définition et 3D de haut vol. Le film est présenté dans une master scopé (Ratio 2.40) à la qualité d'image bandante. (A quelques traces de compression près). Le plus étonnant reste toutefois la 3D (Native bien qu'une paire de plans semble avoir subi de sérieux traitements) qui en dépit du petit budget du film (10 Millions de dollars US) offre des effets de profondeur et de jaillissements très appréciables (Testé sur 3D passive). Preuve en est que la technologie ne sied pas qu'aux blockbusters. Pour le plaisir des conduits auditifs, des mixages DTS HD master audio 5.1 en français et en anglais accompagnés de sous titre français. Dans la partie supplément, une flopée de bande annonce (VF et VOST) en 3D. Un making of titré l'art de saigner (VOST), un journal de bord en image (VOST) et un commentaire audio du réalisateur. Disponible en combo Bluray 3D+DVD et DVD simple à prix mini.